(Rome) L’actrice italienne Gina Lollobrigida, brune voluptueuse qui creva l’écran d’après-guerre à Hollywood, est morte à l’âge de 95 ans, a annoncé lundi le ministre italien de la Culture.

L’ancienne sex-symbol, révélée en 1952 dans Fanfan la tulipe du réalisateur français Christian-Jaque, s’était fracturé le fémur en tombant à son domicile romain en septembre et avait dû être opérée.

« Adieu à une diva du grand écran, protagoniste de plus d’un demi-siècle d’histoire du cinéma italien. Son charme est éternel. Ciao Lollo », a tweeté le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano.

La première ministre italienne Giorgia Meloni a rendu hommage à « une icône du cinéma italien, l’une des interprètes plus importantes de sa génération, qui a contribué à la diffusion de l’image de l’Italie à travers le monde ».

Gina Lollobrigida était née le 4 juillet 1927 dans le petit village de Subiaco, au cœur des Abruzzes (centre de l’Italie), dans une famille modeste qui s’est ensuite installée à Rome.

De 1947 à 1951, elle n’obtient que des rôles secondaires, jusqu’à ce que Fanfan la tulipe de Christian-Jaque et ses 6,7 millions de spectateurs ne la consacrent en 1952.

Cette petite brune aux formes voluptueuses et au regard de braise enchaîne ensuite Les Belles de nuit de René Clair en 1952 et Pain, amour et fantaisie de Luigi Comencini en 1953.

Elle a joué avec les plus grands de son époque dans les années 1950 et 1960, de Frank Sinatra à Sean Connery, de Marcello Mastroianni à Humphrey Bogart.

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Anthony Quinn et Gina Lollobrigida dans Notre-Dame-de-Paris, en 1956

Elle a tourné jusqu’en 1962 aux États-Unis puis a fini par rentrer en Italie. Elle n’est ensuite apparue qu’occasionnellement au cinéma et à la télévision.

« La Lollo » est ensuite revenue à ses premiers amours artistiques, la photographie puis la sculpture, à laquelle elle s’est consacrée entièrement à partir du début des années 1980.

En 2013, une vente aux enchères de ses bijoux avait atteint des sommets, avec des pendants d’oreilles en perles adjugés à 2,39 millions de dollars, dépassant un précédent record établi par des bijoux similaires d’Elizabeth Taylor.

En France, elle a été faite officier des arts et lettres en 1986 et commandeur en 2004. Mais elle a dû attendre février 2018 pour avoir son étoile à Hollywood.

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Le président français François Mitterrand remettant la Légion d’honneur à Gina Lollobrigida, en 1993.

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Gina Lollobrigida pose près de deux de ses sculptures, en décembre 2007.

Gina Lollobrigida en cinq films

Fanfan la Tulipe (1952)

C’est le film de cape et d’épée Fanfan la Tulipe, avec Gérard Philipe, qui marque le début de la carrière internationale de Gina Lollobrigida.

Cette satire fantaisiste de Christian-Jaque obtient en 1952 à Cannes le prix de la mise en scène et attire 6,7 millions de spectateurs.

Pain, amour et fantaisie (1953)

Dans Pain, amour et fantaisie du réalisateur italien Luigi Comencini, Lollobrigida va marquer toute une génération d’Italiens avant le boom des années 60.

Cette jeune paysanne tombe amoureuse d’un policier tout en devenant la cible des avances de son chef carabinier, coureur de jupons (Vittorio De Sica).

Plus fort que le diable (1953)

En 1953, Gina Lollobrigina fait sa première apparition hollywoodienne dans Plus fort que le diable, joyeuse parodie de film d’aventures de John Huston.

Dans un petit port de Méditerranée puis sur un bateau en route vers l’Afrique, s’affrontent un groupe d’aventuriers à moitié escrocs — parmi lesquels Humphrey Bogart — pour acquérir des terres riches en uranium.

Notre-Dame de Paris (1956)

Bohémienne en robe rouge, poignard ceinturé aux hanches, elle incarne l’inoubliable Esmeralda de Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy en 1956, aux côtés d’Anthony Quinn, grimé en effroyable Quasimodo.

En 2003, devenue entre-temps sculptrice, cette ancienne étudiante aux beaux-arts de Rome exposera à Paris une monumentale Esmeralda de bronze de 5 mètres de haut et de 48 quintaux.

Buona sera Madame Campbell (1968)

Dans cette comédie américaine tournée dans les studios romains de Cineccita, Gina Lollobrigina incarne une Italienne réunissant trois Américains pour déterminer lequel de ces trois GI’s est le père de sa fille devenue une jeune adulte.

Ce rôle dans le film de Melvin Franks lui vaut une nomination aux Golden Globes, son unique aux États-Unis, ainsi qu’un David di Donatello en Italie.