Après Friends, puis Harry Potter, c’était au tour de l’équipe de Love Actually (Réellement l’amour), mardi soir, de se réunir, dans un rendez-vous télévisuel de 60 minutes orchestré par Diane Sawyer, sur les ondes d’ABC. Pour les 20 ans de la comédie sentimentale culte du temps des Fêtes, potins, coulisses et entrevues étaient au rendez-vous. Mais malheureusement, il y avait quelques absents. Compte rendu en quatre temps.

L’amour, c’est…

PHOTO PETER MOUNTAIN, FOURNIE PAR UNIVERSAL STUDIOS

Emma Thompson en déchirante Karen, la veille de Noël

C’était à prévoir : il y a eu abus du mot « actually » (réellement) dans cette émission de retrouvailles, qui réunissait quelques grands noms du film choral de Richard Curtis, à commencer par le réalisateur lui-même, en plus d’Emma Thompson (en déchirante Karen), Hugh Grant (le PM David, un rôle sur mesure), Bill Nighy (en Billy Mack, rôle pour lequel il n’avait même pas auditionné !), Thomas Brodie-Sangster (révélé ici avec son personnage du jeune Sam), etc. Un absent de taille, Alan Rickman, évidemment, mort en 2016, mais aussi Colin Firth, Liam Neeson et Keira Knightley, on ne saura pas trop pourquoi. L’émission, évidemment bourrée de bons sentiments et de souvenirs heureux, ne pouvait éluder la grande et existentielle question : « aujourd’hui, l’amour, réellement, c’est quoi ? » C’est « partout » et « tout ce qui compte », ont répondu tour à tour les comédiens. La palme revient à Hugh Grant, toujours pince-sans-rire (et apparemment grincheux notoire), qui a répondu un vibrant : l’amour, réellement, c’est mort (dead) !

La révélation

PHOTO FOURNIE PAR UNIVERSAL STUDIOS

Hugh Grant dans sa scène de danse mythique

Elle a fuité dans les jours qui ont précédé la diffusion et fait les choux gras des magazines à potins, mais elle n’en mérite pas moins ici mention : croyez-le ou non, mais aussi mythique soit la scène et le joli déhanchement de Hugh Grant, le comédien n’était pas enchanté, mais vraiment pas, à l’idée de danser sur Jump, des Pointer Sisters (scène reprise abondamment sur TikTok, faut-il le souligner). Si vous avez vu le film, ne faites pas semblant de l’avoir oubliée. N’empêche : il faut entendre Richard Curtis expliquer à quel point Hugh Grant (son ami dans la vie) espérait que le réalisateur tombe malade et laisse tomber le projet. Manque de pot, c’était une « obligation contractuelle », pardon, une « guillotine contractuelle ! », a précisé Hugh Grant, d’un énième commentaire décalé. À noter que dans la courte suite du film, un court métrage télévisuel réalisé en 2017 dans le cadre d’une émission caritative (Red Nose Day, émission qui a permis de récolter 61 millions), intitulée Red Nose Day Actually, Hugh Grant, qui reprend son personnage 14 ans plus tard, refait une danse semblable sur Hotline Bling (Drake). Surprise ? Le temps ayant fait son œuvre, il en déboule carrément les escaliers du chic 10 Downing Street.

Regardez Red Nose Day Actually

L’amour en coulisses

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @ABC2020

« Il y avait aussi de vrais cœurs brisés dans Love Actually », a confié Laura Linney.

Ça ne brassait pas qu’à la caméra, et dans les dix (oui dix !) histoires du scénario alambiqué et tricoté serré de Love Actually. Vous souvenez-vous ? Entre le PM et son assistante, bien sûr, mais aussi la sœur de ce dernier et son mari malheureusement égaré (et cette scène crève-cœur du CD déballé), l’employée et son ténébreux collègue, les jeunes mariés et leur ami (et sa déclaration sur des cartons, un classique depuis !), la rock star ringarde et son fidèle gérant (on en oublie sans doute), il y en avait, de l’action, dans ce film choral, chaudement salué par le public, mais pas vraiment par la critique. The Atlantic, pour son dixième anniversaire en 2013, titrait carrément : le film le moins romantique de tous les temps ! Or, voilà qu’on a appris ici que l’employée et son collègue ténébreux, justement, vivaient aussi des montagnes russes dans la vraie vie. « Il y avait aussi de vrais cœurs brisés dans Love Actually », a confié Laura Linney, qui venait à l’époque de se séparer, tout comme (coïncidence) son partenaire de jeu. « Et qu’est-ce qu’on fait toute la journée ? […] On a la chance de se faire du bien […], se réconforter. […] Ça a vraiment été un baume. »

Lisez l’article de The Atlantic (en anglais)

Réellement, dans la vie de…

PHOTO FOURNIE PAR UNIVERSAL STUDIOS

Le beau-père (Liam Neeson) et son fils (Thomas Brodie-Sangster, ici tout jeune)

Et puis on le sait : l’amour avec un grand A n’est pas qu’un sentiment amoureux entre un homme et une femme. Richard Curtis constate à cet effet à quel point son récit est daté, avec son absence de diversité, mais aussi ses relations entre patrons et employées. « Je me sens un peu stupide et mal à l’aise ! », glisse-t-il en fin d’entretien. Mais passons. Parce que l’amour existe ici au sens plus large, entre un beau-père et son fils, mais aussi entre une sœur et son frère. Parlant du fils, le personnage du jeune Sam (Thomas Brodie-Sangster), amoureux fou d’une copine de classe, est directement inspiré du réalisateur lui-même. « J’étais obsédé par l’amour ! » (et est-ce vraiment une surprise, après Four Weddings and a Funeral et Notting Hill ?). Idem pour la relation de Sarah (Laura Linney) et de son frère psychiatrisé. « Ma sœur a un long historique en matière de santé mentale… » Or, ces amours, aussi différents soient-ils, n’en sont pas moins « profonds », carrément « inconditionnels ». Réels, quoi. C’est sans doute pourquoi, et malgré les 20 années passées, Love Actually résonne toujours si fort (TikTok et YouTube en font foi). Parce que l’amour y est raconté sous (presque) toutes ses formes et directions. Sans nous ménager dans ses déchirements ni ses dénouements parfois heureux. Parce que ça se peut. Richard Curtis y croit d’ailleurs toujours « passionnément ».