Sitôt après avoir terminé le film d’animation Raya and the Last Dragon (Raya et le dernier dragon), il y a un an et demi, le réalisateur Don Hall et le scénariste Qui Nguyen ont repris en main le long métrage d’animation sur lequel ils travaillaient déjà ensemble, avant de se lancer à la défense du royaume de Kumandra. Se replonger si vite dans le travail avec Strange World (Avalonia – Un monde étrange) a été épuisant et excitant, ont-ils révélé lors d’une entrevue virtuelle. Compte rendu.

« On n’a pas vraiment pris de pause, mais on était en pleine forme, prêts pour les éliminatoires », raconte avec enthousiasme Don Hall, qui était aussi accompagné par le producteur Roy Conli.

« C’est spécial, parce que les deux histoires nous touchent personnellement, renchérit Qui Nguyen. Dans Raya, on a parlé de la confiance dans un monde polarisé, qui est tellement d’actualité, alors que dans Strange World, on aborde la relation père-fils, de même que l’environnement. Cela a été fantastique de pouvoir se servir de nos émotions et de nos histoires respectives pour façonner ces deux histoires incroyables. »

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Le père, le fils et le petit-fils se retrouvent dans un étrange univers souterrain. Ils en découvrent beaucoup les uns sur les autres.

Dans le monde imaginaire d’Avalonia, Jaeger Clade est aveuglé par sa volonté d’explorer le monde. Il tient pour acquis que son fils Searcher est animé par la même passion. Lors de leur dernière expédition, Searcher (voix de Jake Gyllenhaal) découvre une plante, qui s’avérera une formidable source d’énergie, et en emporte avec lui. Pendant 25 ans, il se plaît à cultiver la fameuse plante, qui a métamorphosé le mode de vie des habitants d’Avalonia. Il croit à tort que son fils de 16 ans Ethan prendra la relève. Lorsque la survie de la plante est menacée, l’agriculteur est appelé à la rescousse. Ethan se joint clandestinement à l’expédition de sauvetage, forçant sa mère, l’intrépide Meridian Clade (voix de Gabrielle Union) à s’engager à son tour. Le brave Jaeger (voix de Dennis Quaid), qui a survécu tout ce temps dans l’étrange univers souterrain, retrouve alors les siens. Chacun en profite pour se dire ses quatre vérités. Et le grand-père n’est pas le seul à devoir se remettre en question.

« Quand Don m’a approché, le concept des trois générations m’a tout de suite plu », indique le producteur Roy Conli, dont la première collaboration avec le réalisateur Don Hall remonte à Big Hero 6 (Les nouveaux héros), qui a remporté un Oscar en 2015.

J’ai eu une très belle relation avec mon père, même si elle était tendue à l’occasion, et j’aime les histoires père-fils. Celle-ci, avec un père, un fils et un petit-fils, est représentative des familles dans le monde où l’on vit.

Roy Conli

Le producteur poursuit : « “Que laissons-nous à la prochaine génération ?” est la grande question que soulève le film, que ce soit du point de vue environnemental, émotionnel ou politique. On veut bâtir un monde qui sera meilleur pour ceux qui nous suivent. C’est une chose très importante en laquelle nous croyons beaucoup, Don, Qui et moi. »

Un univers inédit

Le dramaturge et scénariste Qui Nguyen, connu pour son intégration d’éléments de la culture geek dans ses œuvres, s’est trouvé en excellente compagnie pour coréaliser Strange World (une première pour lui) et en écrire le scénario.

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Roy Conli, Don Hall et Qui Nguyen lors de la première du film d’animation Strange World, à Hollywood

Don [Hall] et moi, nous sommes aussi geeks l’un que l’autre. C’était amusant de parler de comics, de films des années 1980 et de films d’aventures. Quand j’essayais de lui en montrer, il me relançait en allant encore plus loin.

Qui Nguyen

Ils ont notamment tiré leur inspiration de romans de science-fiction de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, comme ceux de Jules Verne et de H.G. Wells. Ils soulignent le mérite des membres de leur équipe et des studios d’animation Walt Disney, pour la qualité artistique de l’univers inédit qu’ils ont conçu.

« C’est un défi d’avoir cette liberté créative, souligne Don Hall, qui a grandi dans une ferme et dont le père est agriculteur. Il faut commencer par mettre un peu d’ordre dans le chaos. Depuis quelques années, on s’entoure de toutes sortes de spécialistes. Dans ce cas-ci, la liste d’experts est longue, que ce soient des microbiologistes, des géologistes, des climatologistes, etc. Avalonia est sorti de notre imagination, mais j’aime avoir accès à toutes ces personnes vraiment intéressantes. Au musée Smithsonian, nous avons rencontré la personne qui s’y connaît le plus au monde en matière d’engins volants. Cela nous a été très utile d’avoir cette connaissance de base. Et on essaie de faire cela dans tous les domaines. »

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Les créateurs de Strange World ont notamment tiré leur inspiration de romans de science-fiction de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, comme ceux de Jules Verne et de H.G. Wells. 

Les trois ont tenu à refléter le monde tel qu’il est aujourd’hui, dans toute sa diversité, pour que tous s’y reconnaissent, précise Don Hall. « Avalonia est représentatif de ce que l’on voit quand on regarde autour de nous à New York ou à Los Angeles, renchérit Qui Nguyen. On a saisi l’occasion de dépeindre, à notre façon, des gens que nous connaissons, et nous les avons mis à l’écran. »

Ce souci d’inclusion et de représentation des diverses franges de la société est tout à fait du XXIe siècle.

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