En marge de la présentation de Dead for a Dollar, son plus récent long métrage, le Festival du nouveau cinéma de Montréal remettra une Louve d’or d’honneur à Walter Hill, réalisateur réputé de films d’action et de westerns. Le vétéran gratifiera d’ailleurs le public montréalais de sa présence. Entretien.

Il a fait ses classes à une époque où régnait encore le système des grands studios hollywoodiens. Walter Hill est pourtant toujours parvenu à mener sa barque à sa façon, en choisissant ses projets selon ses propres envies, ses propres désirs. Quatre de ses longs métrages feront l’objet d’une présentation au Festival du nouveau cinéma de Montréal. Outre Dead for a Dollar, lancé le mois dernier à la Mostra de Venise (qui lui a aussi rendu hommage), les festivaliers pourront revoir The Driver, The Warriors et Extreme Prejudice.

PHOTO FOURNIE PAR TWENTIETH CENTURY FOX

Scène tirée de The Driver, deuxième long métrage de Walter Hill

« Bien sûr, recevoir pareil honneur est très flatteur, a confié le cinéaste au cours d’un entretien accordé à La Presse. Il faudrait vraiment être rabat-joie pour ne pas apprécier le fait que des gens aient envie de célébrer votre travail. J’aime moins les évènements où l’on met des œuvres en compétition parce qu’un film n’est quand même pas une partie de baseball. Mais un prix récompensant l’ensemble d’une carrière me plaît bien. C’est toujours bien de rendre un vieil homme heureux ! »

Initié très jeune

Jeune homme, Walter Hill s’est retrouvé par accident sur des plateaux hollywoodiens après avoir échoué à l’examen médical de l’armée au moment où la guerre du Viêtnam faisait rage. Il fut alors recruté pour travailler sur des productions pédagogiques destinées au réseau scolaire.

« Mais la vérité est que je me suis très vite initié au cinéma international. J’étais jeune, un peu con et fauché, mais j’admirais beaucoup le cinéma français des années 1950 et 1960, le cinéma italien, suédois, et particulièrement le cinéma japonais. Je suis un très grand admirateur d’Akira Kurosawa, l’idéal de ce qu’est un cinéaste à mes yeux. Je travaillais sur des productions le jour, j’écrivais le soir, et après quelques années, je suis venu à bout de gagner ma vie à titre de scénariste. Ce succès m’a permis de passer à la réalisation. »

PHOTO LEWIS JACOBS, FOURNIE PAR QUIVER DISTRIBUTION

Warren Burke, Rachel Brosnahan et Christoph Waltz dans Dead for a Dollar, le plus récent film de Walter Hill

Même s’il s’est nourri du cinéma de Truffaut, Bergman et Fellini, Walter Hill n’a jamais eu l’ambition de suivre les traces de ces grands cinéastes, comme tant d’autres de ses jeunes contemporains.

« Mon approche était différente parce que j’étais déjà très orienté vers le cinéma de genre, explique-t-il.

On m’a toujours défini comme un réalisateur de films d’action ou de films de genre, ce avec quoi je n’ai aucun problème parce que ça a toujours bien sonné à mon oreille. Mais quand on choisissait cette voie au cours des années 1970 et 1980, on savait cependant très bien dans quoi on s’embarquait. Il fallait entrer à Hollywood par la porte d’en arrière parce que le système des studios était conçu pour d’autres types de films.

Walter Hill

Lançant sa carrière de cinéaste en 1975 avec Hard Times, dont la tête d’affiche était Charles Bronson, Walter Hill a signé plus d’une vingtaine de longs métrages, dont plusieurs ont marqué les esprits : The Driver (avec Ryan O’neal et Isabelle Adjani), The Long Riders (avec David Carradine et Dennis Quaid), 48 Hours (avec Eddie Murphy et Nick Nolte), Streets of Fire (avec Michael Paré et Diane Lane), Extreme Prejudice (avec Nick Nolte) ou Last Man Standing (avec Bruce Willis). Entre autres.

PHOTO FOURNIE PAR TRISTAR PICTURES

Powers Boothe et Nick Nolte dans Extreme Prejudice, film de Walter Hill

« Une fois qu’ils sont faits, je ne regarde plus jamais mes films. Parce que je ne peux alors plus rien changer et qu’il est certain qu’en les revoyant, je trouverais un petit quelque chose à ajuster, un truc que je voudrais améliorer. Cela dit, le western reste pour moi le genre le plus fondamental autour duquel gravite mon cinéma. Ultimement, il en ressort l’élégance de la simplicité sur le plan narratif, qui s’impose de façon discrète, sans qu’on s’en aperçoive. J’admets avoir réalisé des films plus ouvertement flashy, mais j’estime être aujourd’hui un cinéaste plus sobre ! », ajoute le cinéaste en riant.

Un égoïsme partagé…

Toujours actif alors qu’il entame sa neuvième décennie d’existence, Walter Hill estime que la fabrication d’un film reste toujours la même.

« Tu te lèves le matin, tu regardes l’horaire de la journée, tu mets en scène et tu tournes. À ce chapitre, faire du cinéma reste essentiellement la même chose. La révolution numérique a cependant tout changé sur le plan technique. Elle a d’ailleurs aussi ses avantages. On a pu faire Dead for a Dollar avec très peu d’argent, en 25 jours, ce qui aurait été impensable si nous l’avions tourné autrement. »

Ultimement, Walter Hill pense que son « égoïsme » l’a bien servi.

J’ai toujours cru que mes goûts personnels pouvaient être assez partagés pour intéresser les studios. Mais le fait est que je réalise des films qui me plaisent d’abord à moi, en espérant qu’ils pourront plaire également à d’autres personnes. Je crois que dans l’ensemble, ça s’est passé assez bien.

Walter Hill

La Louve d’or d’honneur sera remise à Walter Hill le 7 octobre lors de la représentation de Dead for Dollar. Le cinéaste participera aussi le 8 octobre à « La grande nuit des chauffeurs de feu », au cours de laquelle sera notamment présenté The Driver. Le Festival du nouveau cinéma de Montréal se poursuit jusqu’au 16 octobre.

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