(Genève) Le film de la Brésilienne Julia Murat, Regra 34 (Règle 34), a remporté samedi le Léopard d’Or du Festival du film de Locarno, la plus haute distinction de ce festival suisse, avec l’histoire d’une étudiante qui monnaie ses ébats sexuels sur l’internet.

Présenté en première mondiale à Locarno, le film dresse le portrait d’une étudiante en droit, Simone, qui s’intéresse aux violences faites aux femmes dans son pays. Tout en débattant de ce sujet à l’université, elle joue en privé les « camgirl » en se filmant et en s’exposant sur l’internet dans des pratiques sexuelles extrêmes contre rémunération.

La réalisatrice a fait part de sa surprise d’avoir reçu le prix, soulignant que « c’est un film qui porte sur un sujet très difficile » et « donc je n’ai jamais pensé qu’il serait possible que plus d’un membre du jury se batte pour ce film ».

« Il est difficile d’imaginer que ce film soit vu au Brésil comme autre chose qu’un film artistique. Mais je l’espère », a-t-elle ajouté dans un entretien publié par le festival.

Le titre du film fait référence à la soit-disant règle 34 de l’internet qui stipule que toute chose présente sur le web a son équivalent pornographique, et s’interroge sur la façon de maintenir l’équilibre entre désir, liberté et protection, tant pour les individus que pour la société, en particulier au Brésil.

« Regra 34 ramène le cinéma brésilien à la splendeur anarchique du “cinéma marginal”. Une œuvre audacieuse et politique destinée à laisser une marque. Le corps devient un objet politique », a souligné le directeur artistique du festival, Giona Nazzaro.

Ce prix est, selon lui, « important pour une cinématographie telle que celle du Brésil, qui a défini des moments clés de l’histoire du cinéma mondial. Un cinéma qui est en première ligne pour défendre l’idée d’un monde plus inclusif et plus libre ».

Le film a été critiqué par certains pour sa violence excessive montrée à l’écran.

Il s’agit du troisième long métrage de fiction de Julia Murat, 42 ans, petite sœur de Lucia Murat, célèbre réalisatrice et activiste brésilienne.

Le jury du festival de Locarno, petite ville située sur les rives du Lac Majeur, a par ailleurs primé trois fois le film Tengo Sueños Electricos (Je fais des rêves électriques) de la réalisatrice costaricaine Valentina Maurel.  

Le film a obtenu le Prix de la mise en scène, le Prix de la meilleure interprétation féminine (Daniela Marin Navarro) et le Prix de la meilleure interprétation masculine (Reinaldo Amién Gutiérrez).