(Los Angeles) Comme tout bon film familial d’animation, Luck part du principe optimiste qu’aussi désespérée soit votre situation, du bon finira par en sortir.

C’est probablement aussi ce qu’espère Apple TV+ à propos de John Lasseter, légendaire réalisateur qui a pris la tête des nouvelles productions Skydance animation — et a produit Luck — après avoir dû quitter ses fonctions chez Pixar face à une volée d’accusations de harcèlement sexuel dans le sillage du mouvement #metoo.

Ce film, le premier du studio et qui sera disponible sur la plateforme de streaming Apple TV+ à partir de vendredi, raconte les aventures de Sam, orpheline très malchanceuse de 18 ans qui tente, avec l’aide d’un chat doté de la parole, de mettre la main sur un porte-bonheur afin d’aider une amie à trouver une famille d’adoption.

PHOTO ALBERTO E. RODRIGUEZ, ARCHIVES GETTY IMAGES FOR DISNEY

John Lasseter

Les deux s’embarquent pour un périple au pays de la chance, une contrée fantastique où toute la veine et la déveine du monde sont produites par des dragons, licornes et autres gobelins, avant d’être envoyées sur Terre.

Si l’intégralité de la distribution française n’est pas encore connue — l’héroïne devrait être jouée par la chanteuse Louane, qui l’a annoncé sur Instagram —, la distribution originale aligne les vedettes comme Jane Fonda, Whoopi Goldberg ou encore Simon Pegg, et a donné lieu en 2019 au départ fracassant de Emma Thompson, qui a refusé de travailler avec John Lasseter.

Dans sa lettre de démission, publiée par le Los Angeles Times, l’actrice britannique avait regretté que l’embauche du réalisateur par Skydance ne force « les employés (du studio) qui ne voudraient pas lui donner de deuxième chance à rester et être mal à l’aise, ou à perdre leur emploi ».

« Agripper », « embrasser »

John Lasseter, qui a permis à Pixar de passer de simple appendice de Lucasfilm à l’un des studios d’animation les plus célèbres au monde, avait été accusé de comportement inapproprié au plus haut du mouvement #metoo en 2017.

Il avait alors présenté ses excuses, reconnu « avoir échoué » à insuffler une culture « de la confiance et du respect » dans ses studios, et avait annoncé prendre un congé sabbatique, avant de quitter ses fonctions l’année suivante.

Des sources internes à Disney/Pixar, citées par l’hebdomadaire spécialisé The Hollywoord Reporter, avaient notamment affirmé que le réalisateur était connu pour « agripper, embrasser » les femmes et « faire des commentaires sur leur physique ».

La démission d’Emma Thomson avait troublé les autres comédiens de Luck, mais après avoir « initialement » douté, Simon Pegg avait décidé de rester à l’affiche du film d’animation.

Pour l’acteur, il était important que John Lasseter ait « admis sa responsabilité », a-t-il confié à l’AFP.

« On est tous fichus si on est bannis pour des choses qu’on regrette et pour lesquelles on présente des excuses sincères », a-t-il poursuivi.

Whoopi Goldberg avait, elle, expliqué plus succinctement à l’AFP que « tout le monde peut fait des erreurs ».

Le départ d’Emma Thomson avait conduit l’équipe du film à recruter la superstar Jane Fonda, ce qui avait achevé de convaincre Simon Pegg.

L’arrivée de cette « militante et féministe légendaire » avait permis de « cimenter (sa) décision de faire » le film.