Les amateurs de cinéma de genre vibrent au rythme de Fantasia, qui présente, jusqu’au 3 août, des films sortant largement des sentiers battus. Voici nos suggestions d’œuvres à ne pas manquer.

La guêpe

PHOTO FOURNIE PAR ART ET ESSAI

Marie-France Marcotte fait partie de la distribution de La guêpe, de Marc Beaupré.

L’acteur Marc Beaupré se lance derrière la caméra avec ce premier court métrage remarquable, qui se suit comme un suspense anxiogène sur le quotidien d’une propriétaire de motel. Qui est cet inconnu qui rôde ? Et comment protéger son enfant de cette présence peu rassurante ? L’excellente Marie-France Marcotte porte le film sur ses épaules, livrant une performance d’une rare énergie brute, en phase avec la réalisation tendue et la musique angoissante. La création est présentée en première partie de Punta Sinistra, une série B assez réjouissante de Renaud Gauthier (auteur des délirants Discopathe et Aquaslash) qui ne donne pas le goût de voyager au Mexique. Les effets esthétiques font sourire, tout comme la grande barbarie de certaines séquences outrancières.

Présenté le 23 juillet à 19 h au cinéma du Musée.

Huesera

S’inscrivant dans la lignée du classique Rosemary’s Baby, cette œuvre traumatisante de Michelle Garza Cervera, présentée le 29 juillet à 19 h au Théâtre Hall, traite d’une grossesse qui tourne mal. Entre la peur de ne pas être à la hauteur, les traumas du passé et une malédiction, cette future mère commence à perdre contact avec la réalité, s’enfonçant dans un cauchemar peuplé de visions terrifiantes, dont celle d’une force mystérieuse qui s’amuse à briser des os. De quoi en ressortir traumatisé. De son côté, son film jumeau Seire, de Kang Park, malmène la paternité en jouant également la carte des hallucinations et des croyances. L’atmosphère lourde ne donne aucun répit aux spectateurs, qui cherchent constamment leurs repères dans cet univers plombé par les regrets et la mélancolie.

Présenté le 31 juillet à 21 h 15 et le 3 août à 17 h 15 à la salle J. A. De Sève.

Whether the Weather Is Fine

La venue d’un typhon cause l'inquiétude chez ses survivants dans ce récit imprévisible et visuellement impressionnant de Carlo Francisco Manatad, qui fait le grand écart entre la critique du système et le réalisme magique. Son travail sur la forme n’a d’égal que celui sur l’esprit humain, prenant son temps pour bien palper l’âme de ses personnages, dont le visage déchirant de Charo Santos-Concio – la protagoniste du puissant The Woman Who Left de Lav Diaz – devient le symbole d’incompréhension du tumulte en place. Le tout culmine par une conclusion inoubliable à bien des égards.

Présenté le 29 juillet à 19 h 25 et le 2 août à 16 h 45 à la salle J. A. De Sève.

Heaven : To the Land of the Happiness

Le septième art sud-coréen aime mélanger les genres les plus improbables. C’est le cas de la nouvelle offrande d’Im Sang-soo (The Housemaid) qui passe de la comédie ludique au road movie, du film de potes au mélo. Tout cela en racontant les destins extraordinaires de deux hommes malades qui sont recherchés par les policiers et des malfrats. Choi Min-sik (Oldboy) domine une distribution plus nuancée qu’il n’y paraît, élevant cette production particulièrement divertissante.

Présenté le 30 juillet à 17 h, au Théâtre Hall.

Incroyable mais vrai

Un pneu tueur, une veste qui rend fou, une mouche géante : rien n’est à l’épreuve de Quentin Dupieux, qui est de retour avec ce projet surréaliste sous fond de faille spatio-temporelle. Plus sombre et inquiétante que jamais, la fable, qui est présentée le 31 juillet à 21 h 30 au Théâtre Hall, multiplie les surprises, ne répondant qu’à sa propre logique. La distribution qui réunit Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier joue parfaitement dans le ton, amenant profondeur et émotion à un sujet qui aurait pu s’essouffler rapidement. Pourquoi ne pas pousser l’étrangeté encore plus loin et faire un programme double avec The Fifth Thoracic Vertebra, de Park Syeyoung ? Voilà un premier long métrage unique en son genre, qui combine romance, crises existentielles… et de la moisissure qui se transforme en tueur en série !

Présenté le 22 juillet à 12 h 05 et le 26 juillet à 19 h 15 à la salle J. A. De Sève.

Next Sohee

Fantasia aurait difficilement pu présenter un plus beau film de clôture que ce magnifique drame psychologique. Les rêves plein la tête pour l’avenir de notre jeune héroïne se font broyer par la violence institutionnalisée du monde du travail. Le cinéphile étouffe avec ses beaux personnages féminins solitaires, alors que la mise en scène soignée de July Jung joue de finesse et de subtilité dans sa façon de rendre palpables tous ces silences destructeurs. Un des grands crus cinématographiques de 2022.

Présenté le 3 août à 18 h 30 au Théâtre Hall.

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