Avertissement : le titre de cet article peut sembler trompeur. Pas d’chicane dans ma cabane n’a pas été écrit et réalisé par des enfants. Or, la place laissée aux jeunes acteurs par la réalisatrice Sandrine Brodeur-Desrosiers a été si grande que le film porte leur marque. « On a fait ça en équipe », affirme la cinéaste.

Même si Pas d’chicane dans ma cabane est son premier long métrage, Sandrine Brodeur-Desrosiers a déjà beaucoup tourné. Elle a une quinzaine de courts métrages à son actif, dont Juste moi et toi, qui a reçu un Ours de cristal à la Berlinale, en 2019.

Ce film, qui met en scène une jeune fille de 8 ans, a amené la réalisatrice dans les volets jeunesse de différents festivals à l’international ainsi que dans des écoles. Elle y a rencontré de nombreux jeunes allumés.

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Sandrine Brodeur-Desrosiers, réalisatrice

Je me suis rendu compte qu’ils avaient vraiment des choses à dire, ces enfants-là. […] Ils avaient une prise de parole intéressante, importante. Je me suis dit : “Si je refais un film avec des enfants, je veux le faire pour eux.”

Sandrine Brodeur-Desrosiers, réalisatrice

Promesse tenue ! Pas d’chicane dans ma cabane raconte l’histoire de Justine, 12 ans, qui souhaite voir ses parents divorcer. Exaspérée de les entendre se chicaner tous les jours, elle manigance avec ses amis pour les séparer, allant jusqu’à organiser un procès lors du spectacle scolaire de fin d’année.

« L’idée est venue de Maryse Latendresse, ma coscénariste […], précise Sandrine Brodeur-Desrosiers. Ce qui nous intéressait, c’était de donner la parole aux enfants sur une question d’adulte. »

Un élément était toutefois très important aux yeux des deux scénaristes : l’authenticité. D’où l’idée de laisser une grande liberté aux jeunes acteurs. « Je ne voulais pas que ce soit l’adulte qui arrive et qui leur dit : “Faites ci ! Faites ça !” », illustre celle qui est aussi comédienne.

« Elle nous a vraiment permis d’improviser, confirme Charlotte St-Martin, qui prête ses traits à Justine. Elle nous a laissés faire beaucoup de suggestions. »

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Charlotte St-Martin

Les séances d’improvisation ont notamment mené à des changements dans les répliques.

Certaines expressions « probablement de son temps, qu’on ne connaissait pas », ont été modifiées, dit par exemple Charlotte St-Martin.

« Sandrine nous faisait vraiment confiance pour explorer nos personnages », ajoute Simone Laperle, qui a décroché son premier rôle à vie, celui d’Ernestine.

« Je leur ai posé beaucoup de questions pour savoir comment ils voyaient les scènes, comment ils vivraient une situation », raconte Sandrine Brodeur-Desrosiers.

Résultat ? Pas d’chicane dans ma cabane est « un film où les enfants peuvent se dire : “Ça ressemble à ma vie” », croit Simone Laperle. Ce qui n’arrive pas assez souvent, selon les jeunes acteurs que nous avons rencontrés.

« Il manque vraiment de films vus par des enfants pour des enfants », note Charlie Fortier, qui incarne Claudia, la meilleure amie de Justine.

« On a besoin d’avoir des films pas trop bébés, pas trop matures », ajoute l’actrice principale.

Le retour des Contes pour tous ?

Le couple qui joue le rôle de ses parents, Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant, abonde dans le même sens. À une certaine époque, il y avait les Contes pour tous, rappelle l’acteur qui a lui-même commencé sa carrière dans l’un de ces films il y a plus de 30 ans, Tirelire Combines & Cie. « Ce serait le fun que ce soit une tradition que l’on récupère au Québec », croit-il.

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Pierre-Luc Brillant et Isabelle Blais

Un drôle de hasard lie aussi le début du projet de Pas d’chicane dans ma cabane aux Contes pour tous.

Maryse Latendresse et Sandrine Brodeur-Desrosiers ont fait le squelette du film en un après-midi. « Ça coulait tout seul. On avait vraiment de l’inspiration », se souvient la réalisatrice. Avant de partir des locaux de l’Institut national de l’image et du son, où elles se trouvaient, elles ont remarqué qu’une soirée s’y tenait en hommage à… André Melançon, réalisateur de La guerre des tuques et de Bach et Bottine. « On avait des frissons. On s’est dit qu’il fallait faire un genre de Conte pour tous réactualisé », raconte Sandrine Brodeur-Desrosiers.

Le point de vue des jeunes

Plus comique que dramatique, Pas d’chicane dans ma cabane aborde tout de même un sujet sérieux : le divorce.

« Je trouve que c’est une bonne occasion pour sensibiliser les parents au point de vue de l’enfant quand on vient à parler de divorce », croit Liam Patenaude, interprète de Théo, l’autre meilleur ami de Justine.

Pas question toutefois pour Sandrine Brodeur-Desrosiers et Maryse Latendresse de faire un plaidoyer pour ou contre le divorce. « On ne voulait pas faire quelque chose de moralisateur », note la réalisatrice.

« Ce qui nous intéressait toutes les deux, c’était de faire en sorte qu’on rentre dans des familles et qu’on voie que l’harmonie peut être différente. Tout le monde peut trouver son harmonie, même si ce n’est pas nécessairement de la même manière. »

Pas d’chicane dans ma cabane prend l’affiche ce vendredi.