(Cannes) Émotion à Cannes avec Mariupolis 2, projeté jeudi, dernier film du Lituanien Mantas Kvedaravičius, tué fin mars en Ukraine, en tentant de quitter la ville-martyre assiégée par les Russes d’où il documentait la guerre.

Le film qui a failli ne jamais exister « donne à voir la vie qui continue sous les bombes » et compile les images tournées par le documentariste, selon les termes du Festival.

Un témoignage rare montré alors que des centaines de militaires ukrainiens retranchés dans l’aciérie Azovstal — l’ultime poche de résistance à Marioupol face à l’armée russe — sont en train de se rendre.

Mantas Kvedaravičius avait déjà tourné un premier film à Marioupol, pendant la guerre du Donbass. Il y était retourné, après l’invasion russe en Ukraine de février dernier, « pour retrouver les personnes qu’il avait rencontrées et filmées entre 2014 et 2015 ».

Sans voix off, ni musique, ce nouveau documentaire, à l’os, alterne entre longs plans montrant des paysages de désolation et scènes de la vie quotidienne d’habitants tentant de survivre, certains réfugiés dans le sous-sol d’une église.

Le film les montre prenant l’air, cuisinant ou tentant des expéditions dans des quartiers détruits, pour récupérer nourriture ou objets comme un générateur d’électricité. Les bruits de tirs et de bombardements sont incessants au cours des 1 h 45 de film.

Si la mort est peu présente à l’écran, dans une scène, un homme dans le sous-sol de l’église évoque le « théâtre », dans lequel s’étaient abrités des femmes et des enfants avant d’être bombardés en mars, et le sort de l’« usine » Azovstal.

Le film a été ajouté à la dernière minute par les organisateurs du Festival, qui avaient promis une 75e édition où l’Ukraine serait « dans tous les esprits » et déjà marquée lors de la cérémonie d’ouverture par l’intervention, depuis Kyiv, du président et ancien acteur Volodymyr Zelensky.

Après la mort du documentariste, confirmée début avril, « sa fiancée, Hanna Bilobrova, qui l’accompagnait, a pu rapporter les images tournées là-bas et les assembler avec Dounia Sichov, la monteuse de Mantas », a précisé le Festival.

L’Ukraine sera présente via d’autres réalisateurs de ce pays : The Natural History of Destruction de l’habitué Sergei Loznitsa, sur la destruction des villes allemandes par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale (en séance spéciale) et deux premiers films : Butterfly Visions de Maksim Nakonechnyi (Un certain regard) et Pamfir (Quinzaine des réalisateurs) de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk.