La 26e édition de REGARD, Festival international du court métrage au Saguenay, s’amorce mercredi et marque le retour de l’évènement à sa case habituelle du mois de mars. Elle sera aussi la dernière de la directrice générale Marie-Élaine Riou, avec qui La Presse a discuté.

C’est le retour de REGARD en mars. Que présentez-vous de neuf ?

Nous faisons passer de 9 à 10 nos programmes compétitifs avec l’ajout d’un programme d’animation. Nous ajoutons des prix du public dans nos volets parallèles Americana, 100 % Régions et Tourner à tout prix ! Nous présenterons une rétrospective en hommage au cinéaste Philippe Belley [ce dernier est mort en s’entraînant pour la traversée du lac Saint-Jean en août 2021], un ami du festival, et le prix de la compétition 100 % Régions portera désormais son nom. Enfin, comme nous ne savions pas où en serait la pandémie au moment du festival, nous avons décidé de poursuivre nos 5 à 7 à l’extérieur, au grand air !

Que dire de la cuvée québécoise ?

On compte une soixantaine de films, dont plusieurs premières. Treize de ces films sont des primeurs pouvant recevoir le Grand Prix canadien et devenir admissibles à la course aux Oscars. Les 13 cinéastes associés à ces films seront à Saguenay et vont participer à des baladodiffusions. On souhaite que les cinéastes québécois choisissent de plus en plus REGARD pour faire leur première, et ces balados permettent de les mettre en valeur. Par ailleurs, Stéphane Lafleur donnera une classe de maître.

REGARD a créé une section Best of Ukraine ?

Elle s’est ajoutée après le dévoilement de la programmation, dans la foulée du conflit. On s’est retroussé les manches et nous avons communiqué avec des cinéastes [ukrainiens] dont les films avaient failli être sélectionnés. Nous sommes allés les rechercher pour leur donner une vitrine. Les revenus de billetterie pour ce programme seront remis à une fondation. On veut faire notre part face à cette triste situation. Par manque de temps, ces films sont toutefois uniquement sous-titrés en anglais.

Vous avez aussi un film russe…

Oui, nous avons un court métrage d’animation russe. Le garder n’était pas une décision facile à prendre, mais le film n’est pas politique et les cinéastes se dissocient de ce qui se passe. Nous sommes à l’aise de le conserver. En plus, il avait été sélectionné bien avant le début de l’invasion. On ne va pas tomber dans le boycottage. On se range du côté de l’art et des artistes.

Pourquoi partir maintenant ?

Lorsque j’ai postulé pour le poste de directrice générale, j’étais au festival depuis trois ans et je me suis dit que je devais faire au moins trois, quatre ans à la direction. En fait, ce sera ma 10e édition. Comme plusieurs personnes qui travaillent ici, je voyais REGARD comme une école, un tremplin. Et comme à l’école, il faut savoir passer à autre chose. J’ai beaucoup appris, j’ai apporté ma couleur, je l’ai amené un peu plus loin, comme la prochaine personne à la direction le fera. J’en pars avec un bon coffre à outils. Par ailleurs, il n’était pas question que je parte en pleine pandémie ! Celle-ci a constitué un défi supplémentaire. Il a fallu faire le festival différemment, imaginer des scénarios, rassurer l’équipe, etc.

Comment REGARD a changé en 10 ans ?

Durant mes années, on a consolidé l’équipe, nous sommes passés de deux personnes à temps plein à presque cinq. Le volet scolaire a été développé. REGARD s’est inscrit dans le cercle des festivals permettant à des films gagnants d’être admissibles aux Oscars pour les courts métrages. Nous avons aussi déménagé de bureau et obtenu plus de reconnaissance de la Ville. Et le festival a gagné en popularité tant au niveau du public que des invités (créateurs, jury, etc.) internationaux.

Où doit-il s’améliorer ?

Nous pouvons encore améliorer plusieurs volets. Par exemple, nous aimerions avoir une salle de présentation de plus. Au niveau de la durée [cinq jours], cela ne permet pas de faire en sorte que les jurés voient tous les films en salle. J’aimerais que les films en compétition soient tous vus de la même façon. C’est un détail important. Et on doit continuer à favoriser la pérennité en présentant des activités toute l’année pour faire de l’éducation cinématographique et développer la cinéphilie des gens. Tout le volet inclusion et équité est aussi à explorer. Un comité a été formé pour cela.

Un souvenir qui vous est particulièrement cher ?

Il y en a tellement ! Tous les dimanches soirs, au dernier jour du festival, on rend hommage aux bénévoles. Ils deviennent les invités de l’équipe. C’est toujours émouvant. Mais une année l’a encore été davantage. Émile Proulx-Cloutier était notre porte-parole. Il avait fait un super show d’ouverture le jeudi soir et il a perdu la voix tout de suite après ! Il est devenu notre porte-parole sans voix, mais est resté. Le dimanche soir, pour l’hommage aux bénévoles, il avait retrouvé sa voix et ses mots ont été très touchants. Son discours m’a émue.

REGARD a lieu du 23 au 27 mars, suivi d’une version en ligne du 28 mars au 10 avril

Consultez le site du festival REGARD