(Paris) Valérie Lemercier a remporté vendredi le César de la meilleure actrice pour son interprétation de Céline Dion dans le film qu’elle a consacré à la vedette de la chanson québécoise, Aline.

« J’avais un petit modèle, et même un grand modèle, à qui je dis ce soir encore tout mon amour et mon admiration, Céline bien sûr ! », a déclaré sur la scène de l’Olympia l’actrice de 57 ans. Avant de plaisanter en espérant avoir autant de succès avec son prochain film biographique… sur l’ancienne ministre socialiste Martine Aubry.

Valérie Lemercier avait déjà remporté le César de la meilleure actrice dans un rôle secondaire en 2001.

Aline raconte avec humour, mais sans jamais tomber dans le pastiche, la vie de la chanteuse québécoise Céline Dion.

Librement inspiré de la vie de la vedette internationale, le film, réalisé et porté par Valérie Lemercier, raconte l’histoire d’Aline Dieu, une chanteuse québécoise propulsée au rang de vedette grâce à sa voix exceptionnelle.

Plus qu’une biographie, ce sixième long métrage de Valérie Lemercier est en réalité une déclaration d’amour à la chanteuse.

Gestuelle, costumes, voix… Rien n’est laissé au hasard. Tout au long du film, Valérie Lemercier, qui réussit l’exploit d’incarner une Aline Dieu à tous les âges, disparaît sous les traits de Céline Dion.

Une vitalité traverse ce film, qui a été tourné avec une distribution exclusivement québécoise (Danielle Fichaud, Sylvain Marcel, Antoine Vézina et Pascale Desrochers), à la hauteur d’une Valérie Lemercier éblouissante.

« Il y a beaucoup de second degré mais il n’a jamais été question de se moquer. Ce n’était pas du tout le sujet. C’est quelqu’un que j’admire beaucoup, qui ne m’ennuie jamais. Belle à tous les âges. Elle “switche” tout, même les choses tristes, elle fait du show, elle est captivante », avait déclaré la réalisatrice lors de la présentation du film.

Illusions perdues remporte le César du meilleur film

Illusions perdues, adaptation du grand roman d’Honoré de Balzac par Xavier Giannoli, a remporté vendredi le César du meilleur film.

Le long métrage, qui partait grand favori, a remporté sept statuettes, dont celle du meilleur film. Et vaut un César du meilleur espoir masculin à Benjamin Voisin, 25 ans, qui interprète l’ambitieux idéaliste Lucien de Rubempré, jeté dans le grand bain des ambitions parisiennes.

Jeune provincial épris de littérature, ses rêves se fracasseront sur la réalité de la société à l’époque de la Restauration. En récompensant « Illusions perdues », les César, parfois critiqués pour leur nombrilisme ou leur déconnexion, font triompher l’un des rares films français post-confinement à avoir conjugué succès populaires (plus de 870 000 entrées) et ambition artistique.

Le réalisateur, Xavier Giannoli, qui succède à Albert Dupontel couronné l’an dernier pour Adieu les Cons, n’est, comme ce dernier, pas venu chercher son prix. C’est « un artiste indépendant », a simplement commenté son co-scénariste Jacques Fieschi, interrogé par l’AFP.

Leos Carax récompensé pour la réalisation de Annette

Leos Carax a remporté vendredi le César de la meilleure réalisation pour son opéra rock Annette, avec Marion Cotillard et Adam Driver, sur une musique des Sparks.

Le réalisateur franco-américain de 61 ans est le premier à réaliser avec ce film le doublé César de la meilleure réalisation et Prix de la mise en scène à Cannes, où il était projeté en ouverture du dernier festival.

Artiste secret et tourmenté, le cinéaste ne s’est pas déplacé pour récupérer son prix.

Sa carrière compte seulement six longs-métrages, et il a oscillé entre le statut de génie et celui d’ombre, passant par le gouffre financier et la damnation professionnelle des Amants du Pont-Neuf.

Près d’une décennie après la ballade hallucinée de Holy Motors, il est revenu avec Annette, conte onirique porté par Marion Cotillard (une cantatrice de renommée internationale) et Adam Driver (un comédien de stand-up), deux amants passionnés qui vont devenir parents d’une fillette mystérieuse.

Le film, distribué par Amazon et d’abord présenté au Festival de Cannes 2021, a été réalisé sur une idée du duo américain Sparks, figure de la musique alternative depuis les années 1970.

Après ses débuts tonitruants avec Boy meets Girls en 1984, puis Mauvais Sang deux ans plus tard, ce Jean-de-la-Lune à l’allure toujours juvénile a eu du mal à se défaire des Amants du Pont-Neuf, film culte et naufrage économique qui lui colle aux semelles depuis 1991.

Il est vrai que l’homme, muré derrière ses lunettes noires, ne verse pas dans le consensuel. Cigarette à la main et voix étranglée, il explique que le cinéma, c’est « faire des films pour des morts qu’on montre à des vivants ».

Benjamin Voisin et Anamaria Vartolomei sacrés meilleurs espoirs

Benjamin Voisin pour son rôle de jeune poète monté à Paris dans Illusions perdues et Anamaria Vartolomei dans L’évènement, en jeune étudiante décidée à avorter dans les années 60, ont reçu vendredi les Césars des meilleurs espoirs masculin et féminin.

PHOTO SARAH MEYSSONNIER, REUTERS

À 22 ans, Anamaria Vartolomei décroche le César du meilleur espoir féminin avec son premier grand rôle dans L’évènement, Lion d’or à la Mostra de Venise, réalisé par Audrey Diwan et adapté d’Annie Ernaux.

« Je vais faire de mon mieux pour » justifier cet espoir dans les prochaines années a lancé Benjamin Voisin, 25 ans, en remerciant le réalisateur des Illusions perdues Xavier Giannoli pour son « indécente générosité ».

« Je t’en serai à jamais reconnaissant », a ajouté sur la scène de l’Olympia l’acteur qui a déjà une vingtaine de téléfilms, pièces de théâtre et longs métrages à son actif, dont Été 85 de François Ozon, son premier grand rôle et première nomination aux Césars, l’an dernier.

Dans Illusions perdues, adaptation de Balzac, il est le personnage principal, Lucien de Rubempré, jeune provincial épris de littérature, monté à Paris où ses rêves se fracasseront sur la réalité de la société à l’époque de la Restauration.

Enfant de la balle, avec un père professeur au Cours Florent, dont il a rejoint les bancs dès 2011, Benjamin Voisin a poursuivi parallèlement ses études secondaires. Cinq ans plus tard, il passera par le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. On le découvre ensuite à l’écran dans le rôle principal de Fiertés, une série d’Arte sur l’adolescence.

PHOTO BERTRAND GUAY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Benjamin Voisin a remporté le César du meilleur espoir masculin pour son rôle de jeune poète monté à Paris dans Illusions perdues de Xavier Giannoli.

À 22 ans, Anamaria Vartolomei décroche le César du meilleur espoir féminin avec son premier grand rôle dans L’évènement, Lion d’or à la Mostra de Venise, réalisé par Audrey Diwan et adapté d’Annie Ernaux. Elle a remercié la réalisatrice, émue aux larmes : « tu es ma plus belle rencontre de cinéma ».

« Ton regard si juste, si rare, ton exigence, ta bienveillance », a-t-elle poursuivi, ce César » je te le dois et je te remercie ».

Elle incarne dans le film Anne, une étudiante enceinte et décidée à avorter dans les années 60 en France.

« Moi, j’ai la chance d’avoir des droits acquis, mais qui sont encore fragiles. Je l’ai défendue avec le plus d’intérêt possible, parce que c’est terrible, elle doit choisir entre ses études, sa carrière ou sa vie. C’est injuste ! », avait-elle confié à l’AFP en 2021 sur le Lido. Née en Roumanie à Bacau, Anamaria Vartolomei a vu ses parents partir pour la France à l’âge de deux ans. Lorsqu’elle a 6 ans, ses parents gagnent assez d’argent pour la faire venir avec eux, à Issy-les-Moulineaux.

C’est à l’école qu’elle découvre le théâtre avant de s’inscrire à une distribution pour un film d’Eva Ionesco, My Little Princess, où elle jouera à l’âge de 10 ans.

Aissatou Diallo Sagna, aide-soignante et meilleur second rôle

« Ce César, il est à nous, les soignants ! » : Aissatou Diallo Sagna, aide-soignante, a reçu le prix de la meilleure actrice dans un second rôle, décroché au nez et à la barbe d’actrices comme Cécile de France ou Jeanne Balibar, pour son rôle dans La Fracture.

PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Aissatou Diallo Sagna

Révélation de ce film de Catherine Corsini sur la France à l’heure des « gilets jaunes », cette actrice non professionnelle de 38 ans y incarne son propre rôle.

Elle joue Kim, omniprésente et très charismatique dans le service des urgences d’un hôpital parisien où elle travaille, lors d’une nuit de tension.

Cette nuit-là, des dizaines de « gilets jaunes » affluent après une manifestation qui a dégénéré : violences policières, soignants dépassés, manque de moyens… Autant de sujets que cette mère de trois enfants connaît bien.

« Ce César, il est à nous, les soignants. C’est notre récompense », s’est-elle réjouie en coulisses.

« Mardi, je serai à mon poste », a-t-elle confié. « Je suis une “wonder woman” : je peux continuer mon métier et tourner aussi. Ce n’est pas incompatible », a poursuivi l’aide-soignante, rayonnante.

« J’ai trois enfants à la maison et des factures à payer. Je dois continuer à travailler. Je suis comblée ce soir : j’ai un nouveau bébé ! Ce César, c’est comme un bébé. »

Ce sont des collègues à elle qui avaient découvert l’annonce de la distribution sur les réseaux sociaux. Après un temps d’hésitation, elle avait finalement décidé de sauter le pas.

« J’ai une grosse pensée pour mes collègues soignants. Ils m’ont soutenu depuis le début, tout comme les soignants qui étaient avec moi sur le film », a-t-elle lancé vendredi devant les journalistes.