La chose la plus difficile pour Emma Thompson

Lors d’une conférence de presse avant la projection officielle de Good Luck to You, Leo Grande, Emma Thompson s’est confiée à propos d’une scène de nudité qui marque le dernier acte du film. « Je serais incapable moi-même de me regarder dans un miroir comme le fait le personnage. Nous ne sommes pas habitués à voir des corps normaux au cinéma, et nous, les femmes, avons été conditionnées toute notre vie à détester nos corps. Faites l’exercice : installez-vous devant votre miroir, complètement nue, restez debout sans bouger, regardez-vous, et acceptez votre corps pour ce qu’il est. C’est la chose la plus difficile que j’ai eu à faire dans toute ma carrière d’actrice. » Rappelons que dans cette comédie dramatique de Sophie Hyde, présentée dans la section Berlinale Special, l’actrice britannique incarne une femme de 55 ans qui fait appel aux services d’un travailleur du sexe.

L’effet des images, selon Rithy Panh

PHOTO FOURNIE PAR LA BERLINALE

Scène tirée d’Everything Will Be OK, de Rithy Panh

Lauréat du prix du meilleur documentaire de la Berlinale il y a deux ans grâce à Irradiés, Rithy Panh propose cette année, en compétition officielle, Everything Will Be OK, essai documentaire faisant écho à un monde désormais dirigé par les animaux, qui se repassent sur écran les atrocités commises par les hommes jusque-là. « Ça m’a fait retourner à l’époque de ces grands cinéastes modernes – Dziga Vertov, Fritz Lang – qui ont déjà décrit le monde de l’industrialisation, du travail et de la propagande, et permis d’effectuer un voyage à travers l’histoire du cinéma pour arriver à TikTok. Il est intéressant de penser à l’effet qu’ont ces images aujourd’hui, à une époque où la démocratie est plus fragilisée que jamais. Donald Trump a gouverné à coups de messages sur les réseaux sociaux et il a décidé du sort du monde depuis son téléphone portable. Quel est le rôle du cinéma dans un tel contexte ? Que devrions-nous faire ? Le cinéma ne peut pas régler de problèmes, mais il existe ! »

Vu en compétition

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Alexander Scheer et Meltem Kaptan dans Rabiye Kurnaz vs. George W. Bush, d’Andreas Dresen

En lice pour l’Ours d’or, Rabiye Kurnaz vs. George W. Bush est inspiré d’une histoire véridique, celle de Rabiye Kurnaz (Meltem Kaptan), mère d’un fils, Murat, qui, peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001, fut arrêté en Afghanistan, soupçonné de terrorisme et envoyé à la prison de Guantánamo. Le film d’Andreas Dresen (Grill Point) décrit le combat qu’a mené cette Allemande d’origine turque, vivant à Brême, jusqu’à la Cour suprême des États-Unis afin de faire libérer son fils, assurément innocent à ses yeux, ce que confirment d’ailleurs tous les rapports. Même si le récit met beaucoup de l’avant les efforts de l’avocat allemand Bernhard Docke (Alexander Scheer) et son appui à la cause de cette famille, ce film n’emprunte pas du tout le même ton que The Mauritarian. C’est d’ailleurs cette volonté très franche de présenter la vie quotidienne de cette femme au tempérament très fort qui coule un peu l’affaire, dans la mesure où la patte des scénaristes se fait parfois trop lourde.