Beau temps, nouveautés ciné alléchantes, levée du couvre-feu… L’été s’annonce radieux pour les ciné-parcs qui ont fait un tabac l’an passé. Mais les récentes consignes sanitaires refroidissent leurs propriétaires : avec une capacité limitée et leur saison écourtée, ils devront refuser des clients malgré l’engouement du public.

Malgré la promesse d’un été sans couvre-feu ponctué de « petits partys » extérieurs, les propriétaires de ciné-parcs font face à des contraintes.

Depuis le vendredi 28 mai, ils peuvent rouvrir… avec une limite de 400 voitures. Bien loin de leur capacité maximale. Dès le 25 juin, ils pourront toutefois accueillir un maximum de 2500 personnes, le nombre de voitures autorisées n’ayant pas été spécifié par le gouvernement. « On fera le calcul [du nombre de voitures] en conséquence le moment venu », ont répondu des propriétaires de ciné-parcs interrogés par La Presse.

Il reste que pour Brigitte Mathers, propriétaire du ciné-parc Saint-Eustache, il s’agit d’un non-sens. Son ciné-parc, le plus important au Québec, peut accueillir jusqu’à 3300 véhicules. La perte d’une grande partie de sa clientèle est inévitable.

« Ce n’est pas rentable et c’est un peu mélangeant comme consigne. On n’est pas sur une plage à faire le party, c’est une activité familiale où chacun reste dans son auto. Quand je vois les parcs bondés, je me pose des questions sur cette restriction », soupire-t-elle, visiblement mécontente. Mettre des bâtons dans les roues d’une activité extérieure COVID-friendly et distanciée demeure incohérent de la part du gouvernement », dénonce la femme d’affaires.

Son ciné-parc doté de cinq écrans – le plus important du Québec – sera tout de même ouvert jusqu’à la fin de l’été.

On va faire des sections même si c’est compliqué. On va faire le maximum pour rendre ça sécuritaire.

Brigitte Mathers, propriétaire du ciné-parc Saint-Eustache

Il n’y a pas qu’à Saint-Eustache qu’il y a de la grogne. Les autres propriétaires joints par La Presse déplorent une consigne jugée stricte dans les circonstances.

« On va devoir gérer la frustration des clients qui ne sont pas habitués à ce qu’on soit complet. Le ciné-parc, c’est une activité spontanée. Là, il faut réserver sa place, arriver tôt », indique François Pradella, copropriétaire du ciné-parc Orford.

À deux mètres de distance, 950 voitures peuvent avoir accès au site. « Là, on est limité à 400 véhicules jusqu’à la fin juin », laisse-t-il tomber avec une pointe d’amertume. Une directive reçue avec surprise. L’été dernier, le bilan sanitaire était nettement moins reluisant qu’à l’heure actuelle. « Il y avait plus de cas, pas de vaccin, et on avait le droit d’accueillir plus de monde dans le respect des consignes sanitaires. Là, le lapin sort du chapeau. »

Un avis partagé par Kevin Patenaude, copropriétaire du ciné-parc Saint-Hilaire, dont la capacité d’accueil est réduite de plus de la moitié, alors que la saison débute avec un mois de retard. La plupart des établissements ouvrent normalement à la fin du mois d’avril.

« J’ai hâte de rouvrir, mais on va espérer que le gouvernement adaptera ses règles. La culture n’est pas un one size fits all », estime le copropriétaire.

Vendredi, je vais être au bord du chemin à compter les voitures. Je m’attends à refuser plus de 200 voitures. On va perdre une dizaine de milliers de dollars en une soirée. Ça va nous affecter.

Kevin Patenaude, copropriétaire du ciné-parc Saint-Hilaire

Peu de ciné-parcs disposent d’un système de billetterie en ligne. M. Patenaude est actuellement en attente d’une demande de subvention à la SODEC pour rafraîchir son système informatique et offrir cette option. « En attendant, on reste un peu vintage. »

Malgré ce nuage noir, il y a du positif. Sans la levée du couvre-feu, l’ouverture des ciné-parcs aurait été impossible, car quand la noirceur s’installe, l’écran s’illumine.

Le plein de nouveautés

L’année dernière, les amateurs de superproductions estivales criaient famine. Cette saison, ils seront servis. Cruella, A Quiet Place II, Fast & Furious 9… il y a de quoi ravir petits et grands, bien installés sur leurs sièges d’auto.

« L’été 2020 a été une bonne saison pour nous, mais on a manqué de films. On n’a pas eu de nouveautés avant la fin du mois de juillet. Cette année, on a du produit », estime M. Pradella.

Alors, le succès des ciné-parcs serait-il éphémère ? « On s’attend à une prise deux. L’été dernier, on n’avait pas beaucoup d’offres et c’était presque une année record », se réjouit Kevin Patenaude.

« Les clients seront au rendez-vous, ajoute Brigitte Mathers. La popularité va demeurer. L’année passée, on avait des vieux films et les gens venaient pareil avec du trafic jusqu’à la 640. Cette année, la différence, c’est qu’ils vont devoir rebrousser chemin, faute de place… »