(Toronto) L’Office national du film du Canada (ONF) crée deux postes clés et améliore les pratiques d’embauche dans le cadre de nouvelles mesures qui, dit-il, visent à éliminer l’injustice et le racisme systémique non seulement dans la société canadienne, mais aussi au sein de l’institution.

Les changements relatifs à la diversité, à l’équité et à l’inclusion surviennent alors que de nombreux membres de l’industrie canadienne du cinéma et de la télévision réclament une augmentation du financement et de la représentation des créateurs des communautés noires, autochtones et des personnes de couleur.

L’ONF a publié il y a deux mois son plan stratégique 2020-2023, qui avait été reporté depuis juillet 2019, car l’ONF a davantage consulté les intervenants préoccupés par les priorités de dépenses de l’institution.

Les nouvelles initiatives comprennent la création d’un poste de directeur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, qui sera occupé par un candidat issu d’une communauté sous-représentée. Ce poste principal supervisera l’équité et les pratiques antiracistes, et sera membre de l’équipe de direction de l’ONF.

L’ONF crée également un nouveau poste de directeur des relations autochtones et de l’engagement communautaire, ce qui impliquera de resserrer les liens avec les communautés. Ce rôle sera occupé par un candidat autochtone et contribuera à améliorer la représentation autochtone parmi les employés de l’Office, et donnera des conseils sur les questions liées à la production et à la distribution des œuvres de l’ONF.

« L’une des raisons pour lesquelles je pense qu’il est si important que ces deux personnes soient intégrées avec nous dans tout, c’est que nous sommes une équipe de gestion blanche, blanche et blanche », a indiqué Claude Joli-Cœur, commissaire du gouvernement à la cinématographie et président de l’ONF.

Le fait d’avoir un directeur des relations autochtones et de l’engagement communautaire travaillant en étroite collaboration avec les plus hauts gradés sera également très bénéfique dans des situations comme celles auxquelles l’ONF fait face avec le documentaire Inconvenient Indian, a-t-il déclaré.

La coproduction de l’ONF est en attente de distribution après qu’un reportage de CBC News eut remis en question les affirmations de la réalisatrice Michelle Latimer sur l’identité autochtone.

M. Joli-Cœur a dit que l’ONF et les producteurs « évaluent toujours toutes les différentes possibilités » pour le film, notant que « c’est une situation très compliquée » sur laquelle leur comité-conseil autochtone fournit des conseils.

« C’est une illustration de la raison pour laquelle nous avons besoin de changement, pourquoi nous avons besoin de plus de collègues autochtones et pourquoi nous avons également besoin d’un défenseur des [projets] autochtones pour nous aider à naviguer dans ces eaux très turbulentes », a-t-il soutenu.

Selon l’ONF, les nouvelles mesures ont été conçues avec la contribution de nombreux partenaires internes et externes et s’ajoutent au Plan d’action autochtone de l’organisme gouvernemental, qui en est maintenant à sa troisième année, ainsi qu’à son plan pour la parité entre les sexes.

Les deux nouveaux postes travailleront en étroite collaboration, relèveront directement de M. Joli-Cœur et travailleront quotidiennement avec d’autres décideurs de l’organisation.

Ils « auront une influence importante sur tout » ce que fait l’ONF, de la façon dont il pense à la façon dont il aborde les choses et trouve des solutions, a expliqué Joli-Cœur.

« Ils seront également nos yeux sur le plancher, car je m’attends à ce qu’ils soient profondément connectés avec tous nos employés. Tout ce que nous ne voyons pas qui est en quelque sorte caché ou non sous les projecteurs, que nous manquons, sera porté à notre attention. »

Parmi les autres nouvelles mesures annoncées mercredi, il y a un engagement de faire en sorte que le personnel de l’ONF « reflète pleinement la société canadienne » d’ici le 31 mars 2023.

Les chiffres basés sur une déclaration volontaire de l’exercice financier 2019-2020 de l’ONF montrent que sur 365 employés permanents à temps plein, l’effectif de l’ONF comprend : 211 femmes, 52 membres de minorités visibles, trois employés autochtones et huit personnes handicapées.

L’organisation dit vouloir s’assurer que sa liste de réalisateurs et de producteurs comprenne toujours des personnes issues de communautés sous-représentées.

Et elle promet qu’au moins la moitié de toutes les nouvelles recrues proviendront de personnes appartenant à ces communautés : autochtones, noires, racialisées, LGBTQ2 +, et personnes handicapées.

« C’est une transformation de l’organisation, a souligné M. Joli-Cœur. Nous voulons fixer des objectifs qui, au cours des deux prochaines années, auront un impact important sur le tissu de nos employés et sur la façon dont nous travaillons avec les créateurs et dont nous remplissons notre mandat. »

Le deuxième et dernier mandat de M. Joli-Cœur en tant que commissaire se termine à la fin de novembre 2022. Il dit qu’il « prépare le terrain » pour ses successeurs avec des dates cibles précises pour s’assurer que les objectifs soient atteints et que l’ONF apporte des changements significatifs et durables.

« Lorsque je quitterai l’organisation, je veux voir déjà ce changement se produire, et c’est quelque chose qui est réalisable, a-t-il assuré. Et après cela, l’ambition devrait être de dépasser cette représentation. »

Parmi les autres nouveaux engagements, citons la priorisation du recrutement d’individus (deux personnes sur trois) dans les communautés sous-représentées pour tous les autres postes de gestion à mesure qu’ils s’ouvrent, « jusqu’à ce que l’ONF reflète fidèlement la composition de la population canadienne ».

L’Office s’engage également à faire en sorte que sa programmation intègre équitablement les voix des créateurs de ces communautés sous-représentées et que ces groupes soient représentés au sein des comités de création et d’innovation de l’ONF.