L’homme de cinéma, directeur et programmateur Dimitri Eipides, qui avait entre autres cofondé le Festival du nouveau cinéma de Montréal avec Claude Chamberlan, est mort le 6 janvier. Selon le site Le Lien multimédia, il avait 82 ans.

« À l’aube de notre 50e anniversaire, c’est avec grande tristesse que nous avons appris aujourd’hui le décès de Dimitri Eipides à la suite d’une longue maladie, indique Nicolas Girard Deltruc dans une déclaration officielle. Dimitri a joué un rôle très important dans la découverte de nouveaux talents et de cinéastes émergents qui ont été propulsés sur la scène internationale. »

La nouvelle a d’abord été rapportée dans un communiqué de presse par le Festival international du film de Thessalonique en Grèce, pays d’origine de M. Eipides. Ce dernier a travaillé à ce festival où il a créé la section New Horizons, en plus de fonder, en 1999, le Festival du documentaire de Thessalonique. Il en était toujours le directeur jusqu’à récemment.

À Montréal, le nom de Dimitri Eipides émerge à la fin des années 1960 alors qu’il cofonde avec Dimitri Spentzos le Centre du film underground. En octobre 1968, les chemins des deux hommes se séparent. Dimitri Eipides continue à travailler au Centre, où Claude Chamberlan se joint rapidement à lui. Les deux compères qui n’ont pas froid aux yeux se rendent chercher l’appui de John Lennon et Yoko Ono au moment du célèbre bed-in tenu du 26 mai au 1er juin 1969 à l’hôtel Reine Elizabeth.

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Un court texte de La Presse du 10 juin 1969 relatant la visite de Dimitri Eipides et Claude Chamberlan auprès de John Lennon et Yoko Ono

Le 26 octobre 1971, Chamberlan et Eipides lancent la première édition du Festival international du cinéma en 16 mm à la salle Arthur-Lismer du Musée des beaux-arts de Montréal. En six jours, on y présente 63 films, selon un article de La Presse publié au lendemain de l’ouverture. Les cinéastes Werner Schroeter (Eika Katappa) et Felix Greene (Cuba va !) font partie des invités de marque.

Dans ses premières années, le festival connaît des hauts et des bas, mais les deux hommes le maintiennent en vie contre vents et marées. Sous leur gouverne sont présentés des films de grands cinéastes établis ou en devenir tels Frederick Wiseman, Werner Herzog, Wim Wenders, Marguerite Duras ou Jacques Rivette.

En 1980, l’évènement prend le nom de Festival du nouveau cinéma et s’installe au Cinéma Parallèle. M. Eipides quitte l’organisation au début de 1988. Une « lourde perte », écrit le journaliste Paul Cauchon dans Le Devoir du 12 janvier 1988.

Dimitri Eipides venait alors d’être nommé responsable de la programmation du Festival international du film de Toronto (TIFF), qui s’appelait encore à ce moment le Festival of Festivals.

« Dimitri Eipides était un pilier du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal depuis près de vingt ans, jouant aussi le rôle de directeur administratif, écrit Paul Cauchon dans son article. Il a également participé à la fondation de la Coopérative des cinéastes indépendants et du Cinéma Parallèle. Il a enseigné l’histoire et l’esthétique du cinéma au Collège Loyola et à l’Université McGill. »

M. Eipides a aussi travaillé au Festival international du film de Reykjavik, en Islande, auquel il s’est joint au milieu des années 1990.

Dans un article publié le jour de sa mort, le site spécialisé deadline.com indiquait qu’il était reconnu comme un grand défenseur du cinéma documentaire et du cinéma iranien. « Le ministère iranien de la Culture lui avait remis un prix en reconnaissance de sa mise en valeur de l’industrie cinématographique de l’Iran », lit-on dans l’article.

« Nous sommes très fiers et reconnaissants du travail qu’il a effectué durant toute sa carrière et poursuivons aujourd’hui encore notre mission dans cette même philosophie », a ajouté M. Nicolas Girard Deltruc dans sa déclaration.