(Bombay) Les cinémas indiens comptent sur une série de superproductions sortant pour les fêtes de fin d’année, comme le film d’action Sooryavanshi en salle cette semaine, pour relancer leur activité mise à mal par la pandémie de COVID-19 et détourner le public des services de streaming en plein essor.

Le film hindi Sooryavanshi (Le clan des guerriers), avec les vedettes nationales Akshay Kumar et Ranveer Singh, est la première production bollywoodienne à sortir sur grand écran en 18 mois. Les cinémas ont été fermés en mars 2020, dans le cadre d’un confinement strict imposé partout sur le vaste territoire pour lutter quand la pandémie de coronavirus a commencé à faire rage.

Ils avaient bénéficié d’une brève accalmie de l’épidémie avant de devoir à nouveau fermer leurs salles au printemps dernier quand le pays a été confronté à une nouvelle vague de contaminations d’une extrême férocité.

Les revenus en baisse de 25 %

Selon le cabinet comptable EY, les revenus de l’industrie indienne des médias et du divertissement ont chuté de 25 % à 18,7 milliards de dollars l’an dernier, et la plupart des chaînes multiplexes essuient d’importantes pertes.

Mais le secteur compte sur un rebond avec la réouverture des salles de cinéma dans tout le pays, notamment à Bombay, capitale de Bollywood.

Les performances au box-office du film Sooryavanshi, dans lequel Akshay Kumar incarne un chef de la lutte antiterroriste s’efforçant d’empêcher un attentat à Bombay, joueront un important rôle d’indicateur pour le marché cinématographique le plus prolifique du monde.

« Ce film est crucial pour l’industrie cinématographique », a déclaré à l’AFP Rajender Singh Jyala, responsable de la programmation du deuxième réseau de cinémas du pays, Inox, « le buzz est également très bon ».

Diwali, la plus grande fête hindoue du pays, bat actuellement son plein en Inde. C’est « une période très lucrative » pour le secteur, déclare à l’AFP Akshaye Rathi, distributeur de films. « Traditionnellement, c’est le moment où les plus grands films sortent », poursuit-il.

Parmi les films à l’affiche cette semaine, figurent Eternals, dernier volet de la franchise Marvel d’Hollywood, et le drame Annaatthe (Grand frère) avec le comédien Rajinikanth, superstar tamoule, révéré comme une divinité dans l’État du Tamil Nadu. Jeudi, à Madurai, ses fans ont aspergé de lait de vache, en guise de respect, les affiches du film où apparaît son visage.

Alors que l’industrie se remet sur pied, PVR, le plus grand exploitant de multiplexes en Inde, ouvre vendredi à Bombay un cinéma drive-in en plein air sur un toit, une première mondiale.

« Énorme arriéré »

Selon Komal Nahta, analyste de l’industrie, le secteur est confronté à un « énorme arriéré » de films dont les coûts de production sont estimés à 50 milliards de roupies (668 millions de dollars). « Au moins un film important sortira chaque semaine », indique-t-il.

La veille de Noël, Reliance Entertainment lancera 83, un film retraçant la première victoire de l’Inde en Coupe du monde de cricket, le sport roi du pays, dont la sortie a été retardée de plus d’un an.

« En 2019-20, nous avons estimé les chiffres du box-office (à 40 millions de dollars), pour la période pré-COVID-19 », a déclaré Shibasish Sarkar, ancien patron de Reliance Entertainment et actuel président du groupe Imac. « Pour les sorties à venir, nous espérons (et) souhaitons le meilleur », ajoute-t-il.

Dans un pays où le cinéma occupe une place centrale dans la vie culturelle, la longue fermeture des salles obscures à cause de la pandémie a favorisé la hausse des abonnements aux plateformes de streaming.

Les géants américains Netflix, Amazon’s Prime Video et Disney’s Hotstar ont majoritairement profité de la croissance de l’audience en ligne grâce à la popularité grandissante des téléphones intelligents.

M. Jyala d’Inox se dit confiant assurant que les propriétaires de cinémas ne s’émeuvent pas de la concurrence : « les gens reviennent dans les cinémas […] d’autant qu’il y a encore de grands films dans les tuyaux ».