Près de neuf mois après la date prévue pour le lancement, la première mondiale du film Maria Chapdelaine a finalement eu lieu, mercredi soir, à Dolbeau-Mistassini, devant plus d’une centaine de spectateurs qui ont chaleureusement ovationné l’œuvre. Pour le réalisateur, Sébastien Pilote, cette première en région permet de redonner à la communauté qu’il l’a accueilli, avant de diffuser son film sur plus de 100 écrans partout au Québec, ainsi que dans des festivals internationaux.

« Depuis ce matin [mercredi], des affiches de Maria Chapdelaine sont apparues partout à Montréal », a lancé fièrement Sébastien Pilote dans son message aux spectateurs, juste avant la projection, mercredi soir. « La maison de distribution MK2 va dépenser plus d’un million de dollars en publicité pour le film, alors attendez-vous à entendre parler de Maria Chapdelaine, d’autant plus que le film va être diffusé sur plus de 100 écrans », a-t-il ajouté, heureux de la vaste diffusion de son long métrage, qui devra se battre contre les James Bond et Dune dans les cinémas. Tourné dans un format 6K, soit l’équivalent d’un film IMAX, « c’est définitivement un film à voir sur grand écran ».

Malgré le stress initial, Sébastien Pilote était somme toute sûr de recevoir un bon accueil pour la sortie de son film, car il n’a eu que de bons commentaires jusqu’à maintenant. Plusieurs personnes qu’il respecte dans le domaine lui ont d’ailleurs dit que c’était son œuvre la plus réussie. « Les spectateurs devront se donner au film, qui dure quand même deux heures et 38 minutes », dit-il.

La pandémie a causé plusieurs délais pour la diffusion du long métrage, poursuit Sébastien Pilote, mais elle a aussi permis de parfaire plusieurs détails. « On a fait un meilleur film à cause de la pandémie, parce qu’on a pu prendre le temps pour prendre les meilleures décisions au montage. »

Le producteur, Pierre Even, abonde dans le même sens. « Ça nous a donné plus de temps pour peaufiner la musique, le montage et les effets sonores », note le producteur de C. R. A. Z. Y., qui en était à son premier « vrai » film d’époque. Celui-ci est très content d’avoir créé un monde qui n’existe pas, avec des bâtiments et des costumes qui permettent de plonger dans une autre époque.

La magie des décors et l’ambiance opèrent si bien que la forêt devient même un personnage. « Pas seulement la forêt, mais la maison, les saisons et particulièrement l’hiver sont aussi des personnages », note Sébastien Pilote.

C’est la première fois que l’auteur natif de Saint-Ambroise présente la première d’un de ses films en région. « Je suis très content de le présenter en premier ici parce que le timing n’était pas bon pour les autres films avec la participation à différents festivals », dit-il. Dans le cas de Maria Chapdelaine, la diffusion à Dolbeau-Mistassini précédera de quelques jours à peine la présentation au Festival international du film de Toronto, le 11 septembre. Ses autres productions, comme Le démantèlement et Le vendeur, avaient d’abord été présentées dans des festivals internationaux avant d’être diffusées au Québec.

Le préfet Luc Simard estime que sa MRC, qui porte le même nom que le film, se devait de saisir l’opportunité pour se faire connaître. Ainsi, la maison familiale sera mise en valeur à Normandin, puis à Péribonka, tout comme les costumes du film dans un projet touristique.

Pierre Even a souligné à quel point il était heureux de présenter le film au Lac-Saint-Jean, dans les communautés qui ont accueilli l’équipe à bras ouvert.

L’aide des acteurs locaux a été indispensable à la réussite du projet, a soutenu Sébastien Pilote. Le réalisateur a notamment tenu à saluer l’aide de son ami Dominique Gobeil et de Christian Bélanger, qui ont su trouver les meilleurs endroits pour capter les images.

À la fin du film, Sara Montpetit a reçu un accueil particulier, la foule lui chantant un bon anniversaire. À travers cette œuvre, l’actrice, qui en était à son premier grand rôle au cinéma, estime avoir repoussé ses limites personnelles et professionnelles. « J’ai gagné en confiance au cours du tournage. »

Hélène Florent, qui joue Laura Chapdelaine, la mère de Maria, a grandement apprécié présenter la première du film dans la région. « C’est noble de la part de la production de venir présenter le film ici, dit-elle. C’est une façon de redonner à la région. »

L’actrice s’estime chanceuse d’avoir pu participer à un tel film historique, doté d’un bon budget. « J’ai l’impression d’avoir participé à un projet précieux », a-t-elle mentionné, avec un large sourire, avant la diffusion.