(Deauville) L’actrice Laure Calamy a présenté lundi et mardi hors compétition à Deauville Une femme du monde, où elle incarne une prostituée « mère courage », débordante d’énergie.

« C’est une mère courage qui est prostituée. Même si elle s’en prend plein la gueule, elle a du panache. Je trouve ça très beau », résume la comédienne César de la meilleure actrice pour Antoinette dans les Cévennes, interrogée mardi par l’AFP.

Une femme du monde, qui sort le 8 décembre, a été applaudi durant plusieurs minutes à l’issue de sa première projection publique lundi soir lors du festival du cinéma américain de Deauville.

Prostituée pétillante et attentionnée, Marie se bat par ailleurs pour que son fils Adrien, 17 ans, puisse entrer dans une école de cuisine réputée, à 9000 euros (13 500 $) l’année.

« C’était important pour moi que tout le monde puisse se reconnaître, que ce ne soit pas une femme complètement victime ou marginale, mais qui au contraire traverse des choses que tout le monde peut traverser », a expliqué à l’AFP la réalisatrice Cécile Ducrocq, scénariste de la série Dix %.

De fait, le spectateur ne tarde pas à s’identifier à cette mère qui tâche de secouer son ado, tente de négocier un prêt pour que son fils ait la meilleure formation possible.

L’aisance de Laure Calamy avec son corps, son énergie, contribue à l’image d’une prostitution épanouie « lorsqu’elle est choisie », selon les deux femmes. On sourit quand Marie materne ses clients, ou face à son côté mère surprotectrice avec son fils ; jusqu’à ce qu’elle soit prête à sacrifier sa liberté pour entrer dans un bordel dans l’espoir de financer la formation d’Adrien. Là le dégoût se mêle à la beauté et à la diversité des corps, minces, bien en chair.

« J’aime le cinéma où le corps existe, exulte, pense. Nietzsche disait qu’il avait des idées fantastiques quand il marchait », s’enthousiasme Laure Calamy.

La prostitution est « un métier admirable qui peut être considéré comme celui de soignante », estime la comédienne. « Il y a des femmes qui sont de très grandes prostituées » comme Grisélidis Réal qui fut également peintre et écrivaine, ajoute Laure Calamy, même si « ça ne veut pas dire que c’est facile ».

« Il y a deux sortes de prostitution. C’est une question de contentement. Les filles qui ne sont pas libres comme ces prostituées noires dans leurs camionnettes qu’on voit dans le film, évidemment c’est atroce », ajoute Cécile Ducrocq dont c’est le premier long métrage.