Notre envoyé spécial sur la Croisette fait un compte rendu des dernières nouvelles du Festival de Cannes.

Comme des pantins !

Pour diriger ses acteurs dans France, comédie satirique dénonçant l’information spectacle à la télévision, Bruno Dumont a utilisé des oreillettes, un peu comme le font les réalisateurs sur des plateaux de télévision. « On se sent comme des pantins, un objet de décor, ce qui donnait parfois l’impression d’être des robots », a déclaré Blanche Gardin au cours d’une conférence de presse tenue vendredi. Celle qui joue le rôle de la productrice d’une émission qu’anime la journaliste vedette d’une chaîne d’infos continues, incarnée par Léa Seydoux, a ajouté : « Il [Bruno Dumont] a le sens inné de l’image, presque mystique, et le fait d’être dirigés à l’oreillette était particulièrement intéressant dans ce contexte. » Benjamin Biolay, qui campe le mari de la journaliste, a acquiescé : « C’était très intéressant d’être comme une marionnette ! » Les journalistes français semblent avoir beaucoup apprécié la proposition de Bruno Dumont, les journalistes venus d’ailleurs, un peu moins.

Tout est lié…

PHOTO SARAH MEYSSONNIER, REUTERS

Asghar Farhadi s’est prêté à une séance photo avant de se rendre à sa conférence de presse. Un héros, le nouveau film du cinéaste iranien, est en lice pour la Palme d’or.

L’un des films qui, en principe, devrait figurer au palmarès – c’est du moins ce qu’on souhaite – est Un héros. Le nouveau film d’Asghar Farhadi (Une séparation, Le client), qui a tourné cet opus à Chiraz, en Iran, part d’un évènement relativement anodin au départ, qui prend pourtant une ampleur insoupçonnée et finit par dépeindre au passage le fonctionnement de toute une société. « Il y a deux façons d’aborder ces thèmes : ou on critique de façon directe, ou on examine et critique la société à travers une histoire », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue le lendemain de la projection officielle. « Pour certains, critiquer la société ne veut pas dire critiquer le système. Or, tout est lié. Je ne suis pas quelqu’un qui va s’exprimer à travers des brûlots. Je préfère susciter la réflexion, le questionnement à travers mes films. C’est mon choix, c’est le mode d’expression que j’ai choisi », a-t-il ajouté. Amazon Studios aurait acheté les droits d’exploitation de ce film pour tout le territoire nord-américain. Si tel est le cas, une sortie en salle au Québec serait probablement très limitée.

Déjà des prix !

PHOTO ERIC RANDOLPH, AGENCE FRANCE-PRESSE

Tilda Swinton a tenu à aller chercher le collier Palm Dog au nom de ses partenaires canins dans The Souvenir Part II, de Joanna Hogg.

Le jury de la section Un certain regard, présidé par la cinéaste Andrea Arnold, a attribué le prix du meilleur film à Les poings desserrés, second long métrage de la cinéaste russe Kira Kovalenko. Le film ausculte le poids de la liberté au sein du noyau familial à travers l’histoire d’un père de famille qui, après avoir vécu un évènement traumatique, décide de déménager avec ses trois enfants dans une petite ville minière du nord de l’Ossétie. Par ailleurs, les Palm Dog Awards, remis depuis 20 ans au meilleur partenaire canin dans un film, ont aussi été décernés vendredi. Tilda Swinton est d’ailleurs allée cueillir le collier Palm Dog au nom du trio de chiens épagneuls qui l’accompagne dans The Souvenir Part II, de Joanna Hogg. Le chien de Red Rocket, de Sean Baker, a aussi été honoré.