Plus de six mois après la date de sortie prévue, Aline, film de Valérie Lemercier inspiré de la vie de Céline Dion, a enfin vu le jour au cours d’une projection de gala marquée par de belles retrouvailles entre les artisans. Ce film bienveillant envers la chanteuse québécoise est appelé à connaître un grand succès auprès de ses admirateurs, même si, au Québec du moins, il faudra se faire un peu à l’accent…

Lors de la montée des marches précédant la projection officielle — hors compétition — d’Aline, Valérie Lemercier était visiblement heureuse de retrouver les acteurs québécois qu’elle a dirigés. Dans ce film où, en plus de jouer la diva de Charlemagne à tous les âges, elle signe le scénario et la réalisation, la comédienne s’en est visiblement donné à cœur joie en campant un personnage inspiré d’une artiste qu’elle admire.

Devant la caméra de Canal+, la réalisatrice a tenu à présenter chaleureusement les acteurs qui l’ont accompagnée sur le tapis rouge : Danielle Fichaud, Pascale Desrochers, Sylvain Marcel et Roc Lafortune. Elle a aussi salué Antoine Vézina, qui n’a pas fait le voyage.

PHOTO CHRISTOPHE SIMON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Valérie Lemercier était heureuse de retrouver Danielle Fichaud et Sylvain Marcel, qui lui donnent la réplique dans Aline.

« Ce film devait sortir il y a six mois, mais nous ne serions pas ici si cette sortie n’avait pas dû être reportée, a déclaré Valérie Lemercier. Ça nous rend super heureux. Pour nous, pour le film, pour le Québec. La plus grande histoire de Céline est l’histoire d’amour unique, incroyable et constante qu’elle a vécue avec René [Angélil]. Elle n’en a pas embrassé d’autres ! »

Sylvain Marcel, qui incarne Guy-Claude, un personnage directement inspiré du célèbre impresario, abonde dans le même sens.

C’est l’histoire d’amour entre eux qui prime. Ils ont conquis le monde et ils se sont conquis eux-mêmes.

Sylvain Marcel

Montant les marches du grand escalier en tenant la main de Danielle Fichaud d’un côté et celle de Sylvain Marcel de l’autre, la vedette d’Aline a aussi précisé qu’il aurait été impossible de faire cette coproduction ambitieuse, dotée d’un budget de 23 millions d’euros (environ 34 millions de dollars) autrement qu’avec des acteurs québécois.

« C’est une question d’état d’esprit, a-t-elle ajouté. Aline est un film sur le Québec, la famille québécoise, pas que sur Céline. Et ça, on ne peut pas l’inventer. C’est dans les gènes et le sang. Moi, je me sens tout à fait en famille avec eux ! »

Comme un film biographique classique

Le résultat est un film biographique (biopic) classique, nullement satirique, où toutes les étapes de la vie de notre Céline nationale sont évoquées.

Le premier plan nous montre Aline Dieu étendue sur son lit blanc en compagnie de ses jumeaux, portant écouteurs et verres fumés, alors que se fait entendre la version originale d’Ordinaire, par Robert Charlebois. Deux heures plus tard, le film se conclut avec l’interprétation d’Ordinaire qu’en fait Aline sur scène.

Entre ces deux pôles, tout y passe : de la rencontre entre Sylvette (sa mère) et Anglomard (son père — Roc Lafortune) en 1932, jusqu’au retour sur scène de la diva après la mort de son bien-aimé Guy-Claude (Sylvain Marcel), en passant par la 14e grossesse non prévue de Sylvette, le lit dans le tiroir de la commode, la première audition dans le bureau de l’agent, la transformation à l’adolescence, les premières grandes tournées, le mariage, la résidence à Las Vegas, les naissances, les trois mois de silence absolu pour réparer ses cordes vocales, la première écoute de la musique de My Heart Will Go On, qu’elle n’aime pas, la performance aux Oscars, bref, rien ne manque ou à peu près.

Aline étant un film de fiction, Valérie Lemercier peut aussi se permettre de tordre un peu la vérité pour mieux encadrer son récit. Aline doit ainsi son prénom à la chanson de Christophe…

Des performances remarquables

Résolument à vocation populaire, Aline se distingue grâce aux performances des acteurs québécois (Danielle Fichaud et Sylvain Marcel sont remarquables ; Roc Lafortune est touchant d’admiration silencieuse), qui entourent magnifiquement Valérie Lemercier. Cette dernière livre d’ailleurs une performance étonnante, portée aussi par des effets spéciaux très réussis.

Le public québécois devra cependant se faire l’oreille, car malgré les efforts que l’actrice y a mis, l’accent n’est pas au point.

Il convient par ailleurs de souligner la participation de la chanteuse Victoria Sio, qui double Valérie Lemercier dans toutes les chansons en imitant la voix de Céline Dion à la perfection.

Pendant que le film était accueilli poliment à la projection de presse destinée aux journalistes (aucune huée ne s’est fait entendre — c’est déjà ça !), l’équipe recevait une belle ovation au Grand Théâtre Lumière. Tout sourire, Danielle Fichaud a dû retirer ses lunettes pour essuyer quelques larmes quand la caméra s’est posée sur elle, les applaudissements et les acclamations étant alors un peu plus nourris. Valérie Lemercier, son mouchoir rouge à la main, a essuyé quelques larmes également, Sylvain Marcel à ses côtés.

En s’adressant au public, la réalisatrice a déclaré : « Merci beaucoup. J’ai une grande chance d’être entourée de gens aussi talentueux et généreux. Je suis très heureuse d’être là. Merci à toute l’équipe, aux producteurs. Je crois qu’on a bien travaillé. Merci ! »

Au Québec, Aline prendra l’affiche le 26 novembre. En principe, le succès devrait être au rendez-vous.

Avec Marissa Groguhé, La Presse