(Cannes) Avant la pluie de vedettes programmée pour la fin de journée avec le nouveau film de Wes Anderson, les marches du Festival de Cannes ont fait passer un message politique de soutien au cinéaste Kirill Serebrennikov, en lice pour la Palme d’or, mais interdit de quitter la Russie.

« Je voudrais remercier tous ceux qui sont là. C’est la première fois que je montre mon film. Je suis ravi évidemment et je célèbre ce XXIe siècle qui, grâce aux nouvelles technologies, nous permet d’être ensemble », a réagi à l’issue de la projection le cinéaste, auquel la parole a été donnée dans la salle via un très court vidéo en direct.

Avant que le film ne soit montré, les acteurs de La fièvre de Petrov ont monté les célèbres marches la poitrine ornée d’un badge rouge aux initiales « KS », porté également par le président du festival Pierre Lescure et le délégué général Thierry Frémaux qui les ont accueillis à leur sommet.

Le fauteuil frappé du nom du réalisateur, considéré comme l’un des plus audacieux de sa génération, mais puni pour son effronterie, est resté vide, comme en 2017 lors de la présentation de Leto.

Alors assigné à résidence sous surveillance policière, Serebrennikov avait dû coordonner de son appartement le montage de Leto. Pour La fièvre de Petrov, le cinéaste devait passer ses journées dans un tribunal moscovite pour son procès qu’il qualifie de « kafkaïen », et tournait la nuit.

PHOTO JOHANNA GERON, REUTERS

Avant que le film ne soit montré, les acteurs de La fièvre de Petrov ont monté les célèbres marches la poitrine ornée d’un badge rouge aux initiales « KS ».

« Je veux dire à Kirill “je t’aime” », a déclaré l’acteur Youri Borissov à son arrivée sur le tapis rouge, « merci pour la vie, merci d’être avec nous ». « Je t’aime, je suis fière d’être dans ton film », a déclaré de son côté l’actrice Tchoulpan Khamatova, soulignant que le film balançait « entre le passé soviétique, l’avenir, et ce qui se passe maintenant ».

Le film se déroule dans une ville en proie à une épidémie de grippe et retrace une « longue déambulation alcoolisée, à la lisière entre le rêve et la réalité ». « C’est un film très russe et très personnel sur nos peurs », a précisé le réalisateur dans une entrevue dimanche au magazine professionnel Variety.

« J’espère que quand le monde entier sera à nouveau en capacité de voyager (après la pandémie, NDLR), je pourrai rejoindre le reste du monde », a-t-il ajouté, ironisant : « J’ai eu ma propre histoire de confinement. Maintenant c’est une mode mondiale… Je suis une sorte de pionnier. »

Changement d’ambiance avec The French Dispatch

Le changement d’ambiance devrait être radical à 19 h avec la montée des marches de The French Dispatch, le très attendu nouveau film de Wes Anderson. La distribution est pléthorique et de nombreuses vedettes devraient faire le déplacement à Cannes, de Tilda Swinton à Bill Murray en passant par Timothée Chalamet.

La présence de Léa Seydoux par contre a de fortes chances d’être compromise : la vedette de 36 ans a été testée positive il y a plusieurs jours au coronavirus et n’est plus certaine de pouvoir venir à Cannes pour ce film, ni aucun des trois autres dans lesquels elle joue cette année.

Quoi qu’il en soit, le film devrait régaler les admirateurs du travail de Wes Anderson, cinéaste à l’univers sans pareil, réputé pour son obsession pour le détail et la symétrie et dont les œuvres comme À bord du Darjeeling Limited, La vie aquatique ou L’île aux chiens propagent une douce et tendre mélancolie.

The French Dispatch met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain, publié dans une ville française fictive du XXe siècle, selon son synopsis.

Le soir, le spectacle sera aussi sur la plage pour les amateurs de cascades et de poursuites, où de grosses cylindrées ont été installées autour d’un écran géant pour la projection, deux jours avant la sortie française de Fast and Furious 9, le nouvel opus de la saga motorisée avec Vin Diesel, l’un des évènements populaires du cinéma cette année.

Et parce que la vie à Cannes ce n’est pas que du cinéma, la police a annoncé qu’elle enquêtait sur un vol de bijoux dans une chambre d’hôtel à l’actrice britannique Jodie Turner-Smith. On ignore encore la valeur du butin.