(Saguenay) Créée en 2015 et vouée au court métrage, h264 a depuis ajouté des activités d’agrégation et de distribution numérique de longs métrages à son arc. Une entente avec Max Films lui permet ainsi de distribuer Un 32 août sur terre, de Denis Villeneuve. Ce qui suscite l’attention. Entrevue avec le fondateur Jean-Christophe J. Lamontagne.

Assis dans un café de la rue Racine à Saguenay, Jean-Christophe J. Lamontagne rayonne. La boîte de distribution qu’il a fondée, h264, a le vent en poupe. Et le fait d’avoir ajouté à son catalogue le film Un 32 août sur terre, de Denis Villeneuve, suscite beaucoup, alors beaucoup, d’intérêt.

« Avec la sortie prochaine de Dune, le monde entier a soudainement envie de découvrir les premiers films de Denis Villeneuve, dit-il. Or, un de nos plus beaux dossiers est d’accompagner Max Films [la compagnie de production de Roger Frappier] dans la distribution numérique sur le marché international. »

Le fait d’avoir Un 32 août sur terre dans notre catalogue fait en sorte que toutes les plateformes de diffusion retournent maintenant nos appels.

Jean-Christophe J. Lamontagne

En disant cela, le jeune distributeur sourit de satisfaction. Il se garde de donner les noms de ceux qui le rappellent, mais il est fier de son coup. Mieux, il glisse en milieu de conversation avoir reçu une offre d’achat de son entreprise. Sans doute un bon signe… L’offre a été refusée. M. Lamontagne a envie d’atteindre d’autres sommets.

La collaboration h264/Max Films a permis de mettre Un 32 août sur terre en écoute en continu sur Mubi depuis le 6 janvier. Le film atterrira aussi sur les plateformes de Sooner (Allemagne) le 29 juin et de HBO Europe le 1er janvier 2022.

L’entente permet aussi à h264 de faire la distribution numérique des films Cosmos (collectif incluant Denis Villeneuve), Un zoo la nuit, de Jean-Claude Lauzon, La grande séduction, de Jean-François Pouliot, et Jésus de Montréal, de Denys Arcand. Selon les ententes, tous sont ou seront offerts dans les prochains mois sur les plateformes d’écoute en continu comme Sooner, iTunes, Kanopy, Mubi et autres.

L’organisme Éléphant : mémoire du cinéma québécois, constitue aussi un maillon essentiel dans ce projet. « Éléphant a une passion contagieuse pour le cinéma québécois et a investi des sommes importantes dans la restauration de ces films, indique M. Lamontagne. Ils conservent les droits de diffusion de ceux-ci sur le marché canadien alors que nous nous occupons du marché international. »

En seulement six ans

L’entreprise h264 n’a que six ans d’existence.

Retournons à mars 2015. Cette année-là, au festival de courts métrages REGARD, M. Lamontagne débarque avec le film Saccage, de Marianne Farley. Il fait ses premiers pas dans le domaine. Quatre ans plus tard, en janvier 2019, deux de ses films, Fauve, de Jérémy Comte, et Marguerite, de Mme Farley, sont finalistes aux Oscars. Aucun des deux n’a remporté la statuette, mais les Québécois ont gagné en visibilité.

À ce moment-là, M. Lamontagne ne l’a pas dit, mais il avait une entente en poche avec la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour devenir le premier agrégateur québécois en distribution numérique. Il devenait, pour dire les choses simplement, un distributeur de distributeurs.

PHOTO TIRÉE D’IMDB

Pascale Bussières et Alexis Martin dans Un 32 août sur terre

Cela l’a amené à représenter d’autres distributeurs québécois (K-Films Amérique, Maison 4 : 3, Fragments) auprès de grandes plateformes comme Amazon, PlayStation, Criterion, etc. L’« input » de la SODEC s’est fait par l’entremise d’une subvention de 235 000 $.

Enfin, il y a quelques semaines à peine, h264 a acquis le distributeur Fragments, fondé par le cinéaste et producteur François Delisle (Ca$h Nexus, Le Météore, Chorus).

Une autre expertise

Le passage à l’agrégation a permis à h264 de faire ses premiers pas dans la distribution du long. L’acquisition de Fragments et de son catalogue d’une trentaine de films cimente cette volonté.

« Dans notre plan d’affaires déposé en 2015 à la SODEC, nous affirmions vouloir faire de la distribution de longs métrages, indique M. Lamontagne, rencontré au festival REGARD il y a quelques jours. Ceci afin de pouvoir accompagner nos cinéastes du court vers le long métrage. Mais c’est une tout autre expertise. Faire du long, c’est faire du terrain, être à proximité avec les exploitants de salles. Alors que le court est davantage un travail à l’international, avec les festivals. »

L’expertise vient avec un expert. Ou une experte. Eh bien, voilà ! Dans le cas de la transaction h264/Fragments, l’experte s’appelle Stéphanie Demers.

Stéphanie travaillait chez Fragments avec François Delisle depuis 2017. Auparavant, elle était chez Films Séville. Elle est très respectée. Pour réussir dans le milieu, très compétitif, du long métrage, il faut quelqu’un comme elle. C’est d’ailleurs elle qui a eu l’idée d’unir nos forces. Stéphanie et moi avons créé à 50-50 une nouvelle entité, h264 Studio, et avons acheté Fragments.

Jean-Christophe J. Lamontagne

Mettre la main sur un distributeur permet aussi de travailler dès le premier jour avec la matière première : les films. « Autrement, il faut investir au moins deux ans en développement avant de sortir un premier film », explique Jean-Christophe J. Lamontagne.

Comme on le voit, h264 a plusieurs chaudrons sur le feu. La pandémie et le confinement ont fait exploser la demande en distribution numérique.

Le prochain projet à lancer sera sans doute Très belle journée, deuxième film de Patrice Laliberté (Jusqu’au déclin), qui, espère M. Lamontagne, sortira au début de 2022.

Les frais d’hébergement inhérents à cet article ont été payés par le festival REGARD.