Une page d’histoire se tourne à l’organisme Québec Cinéma, qui a annoncé mardi après-midi le départ de sa directrice générale, Ségolène Roederer.

Celle-ci, véritable pilier qui aura œuvré durant près de 21 ans au sein de l’organisme, quittera ses fonctions le 15 juin. Sylvie Quenneville, directrice générale adjointe de Québec Cinéma depuis février 2020, prendra la relève. L’annonce a été faite aux employés à 15 h.

En entrevue avec La Presse, Mme Roederer a évoqué des raisons familiales qui lui sont personnelles, mais aussi le désir de passer à autre chose et l’envie de réaliser des tâches moins administratives.

« J’ai adoré diriger Québec Cinéma et l’équipe, mais il vient un moment où c’est fatigant comme job, dit-elle. Il faut tout le temps se renouveler, retrouver de l’énergie, aller de plus en plus vers la gestion, s’assurer que les fonds entrent, etc. Alors que ce que j’aime est d’être avec les artistes. »

Il lui paraissait aussi important de ne pas s’incruster.

Je ne veux pas être celle qui reste trop longtemps et dépasse la date limite. Là, j’ai vu que tous les éléments se mettaient en place pour une transition.

Ségolène Roederer

Un des éléments-clés est sans doute son adjointe Sylvie Quenneville qui, foi de Ségolène Roederer, a une autre façon de gérer, mais avec qui elle partage les mêmes objectifs.

« Sylvie et moi sommes complémentaires, dit-elle. Sylvie est une femme qui réfléchit dans une perspective très globale. Elle doit trouver un sens global dans tout ce qu’elle fait, alors que je travaille davantage dans le détail. On a exactement la même vision de la culture et du rayonnement de nos artistes, mais en utilisant des outils différents pour le faire. »

Départ d'une travailleuse infatigable

Président du conseil d’administration et président de Films Séville, Patrick Roy salue le travail accompli par la directrice générale.

« Le départ de Ségolène signale la fin d’une époque marquée par son amour et sa passion indéfectible pour les créateurs et les artisans du cinéma québécois, dit-il dans le communiqué officiel. Au cours des 21 dernières années, Ségolène a mis toutes ses énergies, sa créativité et son cœur à promouvoir notre cinématographie. À travers les années, j’ai eu le privilège de côtoyer une collaboratrice dont l’engagement sincère ne s’est jamais démenti et je tiens à la remercier pour tout ce qu’elle a accompli. »

Québec Cinéma est un organisme qui chapeaute deux évènements importants : le festival des Rendez-vous Québec Cinéma (RVQC), dont la 39e édition s’amorcera le 28 avril, et le Gala Québec Cinéma, dont la 22e édition aura lieu le 6 juin sur les ondes de Radio-Canada.

Dans l’industrie du cinéma québécois, Ségolène Roederer, que tout le monde appelle Ségo, est connue et reconnue de tous en raison de sa fougue, de son éternel sourire et de son amour inconditionnel du septième art. Travailleuse infatigable, elle a été au fil des ans de tous les grands dossiers, de tous les combats pour encourager, faire connaître et diffuser le cinéma québécois.

Ainsi, sous son administration, les RVQC ont créé La Tournée et sont sortis de Montréal pour aller vers les gens dans les régions du Québec et partout au Canada.

En septembre 2000, elle a rejoint les rangs, à titre de directrice générale, de ce qu’on appelait à l’époque les Rendez-vous du cinéma québécois. Elle a été embauchée à la suite d’une recommandation du cinéaste et professeur Denis Chouinard à Louise Portal, alors présidente du conseil d’administration des Rendez-vous.

Le 1er novembre, les RVCQ ont fusionné avec la Soirée des Jutra (aujourd’hui le Gala Québec Cinéma) pour former Québec Cinéma. Mme Roederer a alors pris la barre de l’organisme parapluie qui proposait aussi une programmation scolaire avec le Lab Québec Cinéma.

De quoi Ségolène Roederer est-elle le plus fière ? « Je crois sincèrement avoir mis en valeur l’amour des artistes et l’envie de valoriser leur travail, répond-elle. Je voulais créer des rencontres, réunir le monde. Je crois avoir réussi à faire en sorte que les créateurs se sentent bien et chez eux aux Rendez-vous. »

(Re)lisez notre article sur Ségolène Roederer paru l’an dernier