Si l’on en juge par les nombreux courriels reçus à la suite de la publication de notre reportage sur les suggestions de films à voir au cours des prochaines semaines, la distinction entre la vidéo sur demande et les plateformes accessibles par abonnements suscite parfois un peu de confusion. La Presse vous propose d’y voir plus clair.

À cause de la pandémie, et la fermeture des salles qu’elle entraîne, les distributeurs choisissent parfois de lancer directement en vidéo sur demande (VSD) certains des titres dont ils détiennent les droits d’exploitation. En général, il s’agit de nouveautés qui prennent simultanément l’affiche dans les rares salles de cinéma encore ouvertes en Amérique du Nord. Quand un film est proposé en vidéo sur demande (par exemple sur l’application Google Play de votre télévision), cela veut dire que ledit long métrage est offert à la location — souvent pour une durée de 48 heures seulement — à un prix plus élevé qu’une location standard.

Par exemple, on peut regarder Wonder Woman 1984 ( Patty Jenkins) chez soi, moyennant une location à 29,99 $. Même chose pour Promising Young Woman (Une jeune femme pleine de promesses — Emerald Fennell), offert à la location pour 24,99 $. La raison pour laquelle les tarifs sont plus chers au début est que l’on considère un peu ces offres comme une première fenêtre d’exploitation, une espèce d’équivalent à une sortie exclusive dans les salles de cinéma.

PHOTO FOURNIE PAR UNIVERSAL PICTURES CANADA

Carey Mulligan et Bo Burnham dans Promising Young Woman, un film d’Emerald Fennell

Plus tard, ces mêmes films seront offerts à la carte et sur les plateformes à un prix plus raisonnable. Quand Never Rarely Sometimes Always, un excellent film d’Eliza Hittman, a été offert en vidéo sur demande le 3 avril dernier, on exigeait un tarif de plus de 20 $ pour une location. Aujourd’hui, on peut le louer pour quelques dollars à peine, et même l’acheter. La superproduction Tenet (Christopher Nolan), qui a pu prendre l’affiche dans les salles entre les deux vagues pandémiques, est aussi maintenant offerte à la location et à la vente à prix très raisonnable.

PHOTO FOURNIE PAR UNIVERSAL PICTURES CANADA

Talia Ryder et Théodore Pellerin dans Never Rarely Sometimes Always, un film d’Eliza Hittman

Il ne faudrait pas oublier non plus les plateformes de cinémas indépendants, lesquels proposent à la carte des primeurs internationales, de même que du contenu puisé à même une collection de films de répertoire. C’est notamment le cas du trio Cinéma Beaubien, Cinéma du Musée et Cinéma du Parc, ainsi que du Cinéma Moderne, à Montréal. Le Clap (Québec) et Le Tapis rouge (Trois-Rivières) font aussi partie des cinémas offrant du contenu en ligne.

> Consultez le site commun des cinémas en ligne Beaubien, du Musée et du Parc

> Consultez le site du Cinéma Moderne

Les plateformes accessibles par abonnements

La vidéo sur demande est un concept différent de celui que préconisent des plateformes auxquelles il faut s’abonner mensuellement afin d’avoir accès à l’intégralité de leur contenu. La plus célèbre d’entre elles est bien sûr Netflix, qui, en plus de séries et d’émissions de variétés, produit une kyrielle de longs métrages originaux, que le diffuseur en ligne propose exclusivement à ses abonnés. The Irishman ( Martin Scorsese), Roma (Alfonso Cuarón), Marriage Story ( Noah Baumbach), Jusqu’au déclin (Patrice Laliberté), pour ne citer que ceux-là, ne peuvent être vus ailleurs, à quelques rares exceptions près (Roma peut aussi être vu sur The Criterion Channel).

PHOTO FOURNIE PAR AMAZON STUDIOS.

Amarah-Jae St. Aubyn et Micheal Ward dans Lovers Rock, l’un des cinq longs métrages de Steve McQueen faisant partie de la série Small Axe.

Cela dit, Netflix a de plus en plus de compétiteurs. Au point où bien des cinéphiles s’abonnent aussi à Amazon Prime Video, notamment pour voir Small Axe, l’extraordinaire série de longs métrages de Steve McQueen ; à Apple TV+, qui produit aussi de plus en plus de longs métrages originaux intéressants ; de même qu’à Disney +, dont le catalogue est évidemment aussi très riche. Le grand studio hollywoodien a d’ailleurs fait l’expérience de faire payer à ses abonnés un supplément assez substantiel pour voir Mulan en primeur l’automne dernier, mais il faudra voir si cet essai peut vraiment devenir un modèle d’affaires.

Pour connaître de façon précise l’endroit où l’on peut visionner un film, il est pratique de consulter le site québécois Ouvoir.ca, géré par la société Médiafilm. Le site JustWatch.com, en version canadienne, propose aussi un excellent moteur de recherche.

> Consultez le site Ouvoir.ca

> Consultez le site JustWatch

Et le cinéma de répertoire ?

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Scène d’Un zoo la nuit, de Jean-Claude Lauzon

Pour combler son besoin de cinéma en ces temps de pandémie, le cinéphile a aussi d’autres solutions de rechange. En rappel, voici un petit tour d’horizon des offres intéressantes et plus méconnues, accessibles au Québec, que nous avions déjà suggérées au début du premier confinement.

Office national du film du Canada

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Scène du documentaire Les voitures d’eau (1968), dernier film de la trilogie réalisée par Pierre Perrault sur les habitants de l’Isle-aux-Coudres

Sur sa plateforme, la vénérable institution offre environ 4000 titres tirés de son impressionnant catalogue. On peut y visionner gratuitement quantité de courts et longs métrages, que ce soit en animation, en documentaire ou en fiction, récents et plus anciens. Que voilà une belle occasion d’aller visiter l’histoire de notre cinématographie nationale, notamment grâce aux films de Pierre Perrault, Michel Brault, Gilles Groulx et tant d’autres. C’est aussi là qu’on peut voir les documentaires qu’a tournés Denys Arcand, notamment On est au coton et Le confort et l’indifférence. Bref, on a l’embarras du choix.

> Consultez le site de l’ONF

Éléphant — mémoire du cinéma

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Au clair de la lune, d’André Forcier

Depuis plusieurs années, Éléphant, mémoire du cinéma s’affaire à offrir sur sa plateforme de nombreux classiques du cinéma québécois, mais aussi plusieurs productions qu’on croyait à jamais perdues. Rayon classiques, des films comme Les ordres (Michel Brault), Les bons débarras (Francis Mankiewicz), les films de fiction de Denys Arcand (Réjeanne Padovani, Gina, etc.), d’André Forcier (Bar salon, Une histoire inventée), de Claude Jutra (À tout prendre, Mon oncle Antoine, Kamouraska), Gilles Carle (La vie heureuse de Léopold Z, La vraie nature de Bernadette, La tête de Normande St-Onge), Jean-Claude Lauzon (Un zoo la nuit, Léolo), Jean Beaudin (J. A. Martin photographe, Being at Home with Claude), et bien d’autres. Rayon comédies des années 70, des titres comme J’ai mon voyage, Y a toujours moyen de moyenner, Tiens-toi bien après les oreilles à papa, et au rayon des films illustrant la libération sexuelle des années 70, Deux femmes en or, Valérie et autres La pomme, la queue et les pépins… Offert sur Vidéotron et sur iTunes.

> Consultez le site d’Éléphant

Tënk

PHOTO TIRÉE DE F3M.CA

Ce cœur qui bat, de Philippe Lesage

Lancée le 28 février, cette nouvelle plateforme québécoise sur abonnement est consacrée aux films documentaires d’auteur d’ici et d’ailleurs. On y propose une quarantaine de productions accessibles en tout temps, auxquelles s’ajoutent cinq nouveautés chaque semaine. De consultation facile, divisée en catégories (Coup de cœur, Fragments d’une œuvre, Vues d’ici, Festivals, etc.), la programmation comprend des films comme Miron : un homme revenu d’en dehors du monde (Simon Beaulieu), Leonard Cohen : Bird on a Wire (Tony Palmer), Ce cœur qui bat (Philippe Lesage), Sans soleil (Chris Marker). Entre autres.

> Consultez le site de Tënk

Mubi

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Une affaire de famille, d’Hirokazu Kore-eda

Cette plateforme a la particularité de maintenir une offre restreinte de 30 longs métrages, continuellement renouvelés. C’est dire qu’un nouveau titre est ajouté quotidiennement et en remplace un autre. Des programmes spéciaux sont aussi conçus, dont l’un, actuellement, est un coup de projecteur sur Alejandro Jodowowski. Une belle occasion de revoir quelques classiques comme La montagne sacrée ou El Topo.

> Consultez le site de Mubi

Studiocanal

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE STUDIOCANAL

César et Rosalie, de Claude Sautet

Seule exception dans cette liste, Studiocanal est une chaîne offerte chez les câblodistributeurs (Bell, Cogeco et Vidéotron notamment) plutôt qu’une plateforme numérique. Elle vient combler à sa façon la carence des plateformes offertes au Québec au chapitre des films de répertoire français et internationaux en diffusant 260 longs métrages par an, dont certains sont très rares. La programmation est construite autour de films puisés dans le répertoire français et européen des années 30 jusqu’aux années 2000. Il convient en outre de signaler la présence dans la présente rotation d’Une semaine de vacances (Bertrand Tavernier, 1980) et d’Une étrange affaire (Pierre Granier-Deferre, 1981), deux longs métrages pratiquement introuvables au Québec.

> Consultez le site de Studiocanal

The Criterion Channel

PHOTO TIRÉE DU SITE DE CRITERION

Chungking Express, de Wong Kar-wai

Pour les cinéphiles, la chaîne Criterion constitue un peu le nirvana, dans la mesure où son catalogue de films, extrêmement riche, est aussi agrémenté parfois de suppléments, un peu comme on en retrouve sur les Blu-ray et DVD. C’est là qu’on peut en outre voir plusieurs films d’Agnès Varda. Parmi les titres récemment mis en ligne, signalons une collection de longs métrages de Wong Kar-wai, une collection de 15 films dont la tête d’affiche est Jane Fonda, ainsi que plusieurs des films qu’a réalisés Bertrand Tavernier. Cela dit, il est important de signaler que cette plateforme étant américaine, il est impossible d’avoir accès à des sous-titres en français. Bien sûr, plusieurs productions françaises y sont proposées, mais les sous-titres anglais ne peuvent être supprimés. Au-delà de cet irritant, cette plateforme trône au-dessus de toutes les autres sur le plan du contenu.

> Consultez le site de Criterion