(Paris) La lutte des classes expliquée à un dirigeant chinois, par un ex-domestique indien : Netflix met en ligne vendredi The White Tiger (Le tigre blanc), signé Ramin Bahrani, réalisateur qui s’était fait remarquer après la crise financière de 2008 avec 99 Homes.

Cette saga d’un domestique issu d’une caste d’intouchables et né dans un village, qui devient entrepreneur à succès à Bangalore, est inspiré du roman du même titre, signé Aravind Adiga, un best-seller mondial qui a remporté le Man Booker Prize en 2008.

Le héros, Balram, narre en voix off, en 2 h 05 trépidantes, l’histoire de son ascension sociale, dans une société tiraillée entre l’ordre social traditionnel et l’ultralibéralisme.

Il est interprété par Adarsh Gourav, un acteur indien qui fait ici ses premiers pas dans une production américaine. À la distribution figure également la vedette du cinéma de Bollywood (l’industrie du cinéma indien) Priyanka Chopra.

Balram est « le tigre blanc », ainsi surnommé pour son intelligence exceptionnelle. Jeune homme très pauvre, malin et débrouillard, il se fait embaucher par un jeune patron, originaire de son village et rentré après des études aux États-Unis pour faire fortune dans sa patrie d’origine.

PHOTO TEJINDER SINGH KHAMKHA, FOURNIE PAR NETFLIX

Le réalisateur Ramin Bahrani (à gauche) en compagnie de l’acteur Adarsh Gourav lors du tournage du film The White Tiger.

Les maîtres dorment dans des demeures somptueuses, les domestiques dans des sous-sols crasseux. Balram est dévoué, mais va peu à peu comprendre que derrière les sourires et l’apparence cordialité, les barrières de classe restent infranchissables.

En théorie. Car l’histoire, qui aurait pu relever d’une histoire à succès convenue, déraille et prend de l’ampleur lorsque la voiture du maître renverse et tue un enfant, après une soirée arrosée.

Les personnages vont être confrontés à des choix moraux. Vengeance, rancune, mépris : le film prend alors une direction plus sombre et profonde.

Le tigre blanc porte un message politique, Ramin Bahrani mettant en scène une visite d’un président chinois en Inde pour pointer, avec cette histoire, les zones d’ombre du développement effréné des deux pays les plus peuplés au monde.

« En vous narrant l’histoire de ma vie, je vais vous raconter la vérité sur l’Inde. Et gratis », promet Balram en voix off dès l’ouverture du film, s’adressant au premier ministre chinois en visite dans son pays : « L’Amérique, c’est le passé. L’Inde et la Chine, c’est trop le futur ».

La réplique n’a rien d’innocent pour un réalisateur américain d’origine iranienne qui s’était fait remarquer avec 99 Homes, un thriller qui se déroulait après la grande crise financière de 2008 aux États-Unis, et ses vagues d’expulsions de logements. Ce film avait remporté le Grand prix du festival de Deauville en 2015.