Les salles de cinéma fermant leurs portes dans les zones rouges à compter de jeudi, les distributeurs québécois ont eu des décisions difficiles à prendre, très rapidement. Que faire avec les films déjà à l’affiche ? Ceux dont les sorties sont prévues au cours des prochains jours ? Et qu’en est-il du Festival du nouveau cinéma ? Le point.

Le sort en est jeté. Certains films, dont les sorties étaient prévues ce vendredi ou le vendredi suivant, sortiront quand même dans les cinémas situés à l’extérieur des zones rouges. D’autres poursuivront à l’extérieur des grands centres une carrière en salle déjà entamée, mais des titres seront aussi retirés de la programmation partout au Québec. Enfin, plusieurs nouveaux longs métrages devront patienter avant de rencontrer leur public.

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Rashida Jones et Bill Murray dans On the Rocks, de Sofia Coppola

Parmi les primeurs qui prendront l’affiche à l’extérieur des zones rouges vendredi, signalons Belle fille, comédie française dont les vedettes sont Alexandra Lamy et Miou-Miou, le documentaire Aznavour, le regard de Charles, de même qu’un morceau de choix : On the Rocks, de Sofia Coppola. Les cinéphiles de Gatineau et de Sherbrooke auront en effet l’occasion de voir sur grand écran la nouvelle offrande de la cinéaste américaine, laquelle met en vedette Bill Murray et Rashida Jones, avant son lancement sur Apple TV le 23 octobre. Nadia, Butterfly, de Pascal Plante, sera par ailleurs maintenu à l’affiche des cinémas encore ouverts.

En attente

En revanche, plusieurs titres seront retirés de l’affiche et reprogrammés plus tard. C’est notamment le cas de La déesse des mouches à feu, d’Anaïs Barbeau-Lavalette (au sommet du palmarès québécois depuis vendredi), qui sera relancé au moment où les salles des zones rouges pourront rouvrir. Il en est de même pour De Gaulle, le drame biographique mettant en vedette Lambert Wilson.

La sortie des films Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, d’Emmanuel Mouret, et Possessor, de Brandon Cronenberg, programmée vendredi, est maintenant reportée à une date ultérieure.

PHOTO PASCAL CHANTIER, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Niels Schneider et Camélia Jordana dans le film Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait

« La décision du gouvernement du Québec de fermer les cinémas, respectueux des règles de distanciation, est désastreuse pour notre économie, pour le réseau des salles, et les distributeurs québécois qui les alimentaient entièrement, faute de produits américains. Une situation historique permettait en outre de programmer des films québécois, des films documentaires, des films internationaux sous-titrés dans des marchés où la population y avait rarement accès. Une nouvelle habitude allait-elle s’installer ? On ne le saura jamais, l’expérience vient d’être tuée dans l’œuf », a déclaré, par voie de communiqué, Louis Dussault, directeur de la société K-Films Amérique, distributeur du long métrage Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait.

Le FNC perd ses films d’ouverture et de clôture

Souterrain, deuxième long métrage de Sophie Dupuis (Chien de garde), n’ouvrira plus le Festival du nouveau cinéma (FNC), à Montréal, le 7 octobre. Ainsi en a décidé le distributeur, Axia Films, qui préfère reporter la sortie du film, prévue le 9 octobre, à un contexte plus favorable.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Joakim Robillard dans Souterrain, un film de Sophie Dupuis

Jointe par La Presse, la cinéaste disait être d’autant plus déçue qu’elle devait assister ce mardi à une projection spéciale de son film à Val-d’Or, en présence des siens et des mineurs ayant participé au film.

PHOTO ARCHIVES DAVID BOILY, LA PRESSE

Sophie Dupuis, réalisatrice de Souterrain

Ça me fait bizarre, et je trouve ça dommage. Le public qui verra le film mardi est celui dont j’avais le plus hâte d’entendre les commentaires. Cela dit, on parle quand même d’une pandémie mondiale. C’est plus facile de relativiser et de comprendre les raisons pour lesquelles ces décisions ont été prises.

Sophie Dupuis, réalisatrice de Souterrain

Armand Lafond, directeur de la société Axia Films, précise de son côté que l’entente avec le Festival du nouveau cinéma comprenait deux projections physiques du film dans la soirée du 7 octobre, l’une au Cinéma Impérial, l’autre à la place des Festivals. « Le FNC ayant maintenant lieu uniquement en virtuel, nous devons à regret nous retirer parce qu’il n’est pas question pour nous de lancer le film de cette façon », a-t-il déclaré.

Même son de cloche du côté de Damien Detcheberry, directeur de Métropole Films, qui distribue en outre My Salinger Year. Le film de Philippe Falardeau devait clore le FNC au Cinéma Impérial avant de prendre l’affiche en salle quelques jours plus tard. Une présentation en mode virtuel ne peut être possible dans les circonstances.

« Le Québec étant le seul territoire où My Salinger Year prendra l’affiche en 2020, nous ne pouvons pas présenter le film sur le web, d’autant que le film a été acheté aux États-Unis, où il sortira en 2021 », a expliqué le distributeur.

Le FNC, qui aura lieu en ligne du 7 au 31 octobre, annoncera jeudi l’ensemble de sa programmation.