(Paris) Son mantra : soutirer un maximum d’argent à ceux qu’elle dupe. Dans La Daronne, comédie policière qui sort en salles mercredi, Isabelle Huppert incarne avec brio une veuve inconsolable convertie en baronne de la drogue.

Inspiré du roman éponyme à succès d’Hannelore Cayre (2017), le film de Jean-Paul Salomé raconte sur un ton tragicomique l’histoire de Patience Portefeux, interprète judiciaire franco-arabe spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la Brigade des Stups.

Mais un jour, alors qu’elle a du mal à joindre les deux bouts avec une vieille maman à charge, elle découvre que l’un des trafiquants n’est autre que le fils de l’infirmière dévouée qui s’occupe de sa mère. Elle décide donc de le couvrir et se retrouve à la tête d’un trafic depuis son appartement du quartier parisien de Belleville.

Intrigués par cette nouvelle venue, dont ils pensent tout ignorer, les policiers la surnomment « La Daronne » — terme argotique qui désigne la mère, la patronne — quand les dealers avec qui elle travaille se demandent si elle ne vient pas tout droit du FBI !

Ce monde clos et masculin qu’elle parvient à intégrer, elle le doit notamment à sa maîtrise de l’arabe, qui lui permet aussi de ne pas être démasquée par ses collègues policiers.

L’apprentissage de cette langue a été « un défi amusant, mais très déstabilisant », reconnait Isabelle Huppert, citée dans le communiqué de presse de promotion du film.

L’actrice de 67 ans, qui a été à l’affiche de cinq films en 2019 dont Frankie, sélectionné au Festival de Cannes, incarne avec perfection cette femme manipulatrice, engluée dans des problèmes d’argent et familiaux.

L’« amoralité » du personnage ainsi que son « côté anar » ont immédiatement plu à l’actrice, peu habituée à évoluer dans des registres aussi comiques.

Car si les sujets abordés n’ont rien de léger, la mise en scène, les répliques, ainsi que le choix des costumes sont volontairement loufoques, sans être jamais ridicules.

Abayas, foulards en soie ou encore lunettes de soleil hollywoodiennes... Isabelle Huppert a des airs de princesse du Golfe.

À noter aussi la bonne prestation d’Hippolyte Girardot, 64 ans, qui incarne l’amant de l’héroïne et chef de la brigade où elle travaille.

Bien rythmé et inventif le film est avant tout le portrait d’une femme ambivalente et attachante.