(Toronto) Critiquée pour son manque de diversité à l’écran et dans ses rangs, Téléfilm Canada a dévoilé lundi un nouveau plan d’action sur l’équité et la représentation, « première étape » pour abolir « le racisme systémique ».

Le plan d’action comporte sept stratégies, dont la création d’un nouveau volet dans le Programme de développement de Téléfilm, afin de financer des projets de « personnes provenant de communautés racisées et de minorités visibles ».

« Nous reconnaissons qu’il est plus difficile pour les créateurs canadiens d’identités sous-représentées d’obtenir du financement, et nous nous engageons fermement à mettre en œuvre des mesures concrètes pour améliorer leur accès à une aide financière », promet Téléfilm dans un communiqué publié lundi.

Téléfilm accordera aussi la priorité à la collecte de données afin de « créer des initiatives sur mesure, conçues spécialement pour aider des clients qui n’ont peut-être jamais reçu de financement de Téléfilm Canada, ou qui n’ont peut-être pas obtenu un soutien adéquat jusqu’à présent ».

Diversité à l’embauche

Du côté des effectifs, la société d’État promet de créer « quatre nouveaux postes pour des employés noirs, autochtones et de couleur » : deux dans l’équipe de Financement des projets, un dans l’équipe des Relations d’affaires, et un à la haute direction.

Téléfilm s’engage également à ce que d’ici 2023, au moins 50 % de ses nouvelles embauches proviennent d’identités sous-représentées — « Noirs, Autochtones, autres personnes racisées/minorités visibles, personnes ayant une incapacité et LGBTQ2+ ». La société d’État promet également de garantir que pour la même période, 30 % des nouvelles embauches de cadres proviendront de ces « identités sous-représentées ».

Au-delà des nouveaux employés, Téléfilm tentera aussi de diversifier davantage sa main-d’œuvre grâce au remplacement de congés de maternité ou de départs à la retraite, à des postes de consultants ou à des fournisseurs de services.

« C’est un processus continu », a déclaré en entrevue Kathleen Beaugé, conseillère juridique à Téléfilm, qui coprésidera un nouveau groupe de travail à l’interne sur l’équité et la représentation.

« Nous savons que parfois, on pourrait faire une pause, évaluer, apprendre, écouter un peu plus et réévaluer en cours de route — et nous sommes déterminés à le faire », a ajouté E. J. Alon, directeur du Fonds des talents à Téléfilm et l’autre coprésident du groupe de travail.

Des critiques du milieu

Ce plan d’action fait suite à des critiques, dans les médias sociaux, de certains artisans du cinéma canadien, qui soutiennent que Téléfilm n’a pas suffisamment progressé depuis qu’elle s’est engagée, en 2016, à refléter davantage la diversité à l’écran et à améliorer ses initiatives d’ici 2020.

Le scénariste et réalisateur canadien Pavan Moondi a suscité une grande partie de cette discussion, au début de juillet, en remettant en doute les décisions du directeur du long métrage à Téléfilm pour la région de l’Ontario et du Nunavut, Dan Lyon.

La scénariste Melissa D’Agostino a ensuite allégué que M. Lyon lui avait fait un commentaire sexuellement inapproprié lors d’une fête, tout en lui offrant une réunion à Téléfilm pour parler de l’un de ses projets.

Téléfilm a annoncé le 9 juillet qu’elle avait ouvert une enquête sur des allégations d’inconduite visant l’un de ses employés, sans l’identifier.