(Toronto) Cineplex espère que les cinéphiles sont prêts à retourner dans ses salles alors que la société fait face à un avenir incertain depuis l’échec du projet qui prévoyait sa vente à la britannique Cineworld.

« À ce stade, nous cherchons à stabiliser l’entreprise et à nous assurer que tout est en ordre », a affirmé mardi le chef de la direction, Ellis Jacob, à La Presse canadienne.

Les actions de Cineplex ont reculé mardi de 19 % à 8,04 $ à la Bourse de Toronto, après que la société a mis en garde contre sa capacité à « continuer à fonctionner » lors de la publication de résultats trimestriels différés.

Cineplex a conclu un accord avec ses prêteurs, qui lui fourniront une certaine aide financière en raison de la pandémie de COVID-19 qui a forcé la société à fermer ses cinémas en mars.

L’accord peut être étendu aux deuxième et troisième trimestres de 2020, mais pour ce faire, l’entreprise doit obtenir un minimum de 250 millions en nouveau financement.

Dans des documents financiers publiés lundi soir, Cineplex a averti que les incertitudes auxquelles elle a été confrontée « prêtent un doute important sur la capacité de l’entreprise à continuer à fonctionner ».

« Bien que Cineplex dispose actuellement de liquidités suffisantes pour s’acquitter de ses obligations financières immédiates, rien ne garantit que les mesures prises par la direction fourniront des liquidités suffisantes à court terme pour s’acquitter de ses obligations continues, et on ne peut pas garantir qu’elle sera en mesure d’obtenir un financement supplémentaire à des conditions favorables, voire pas du tout », a indiqué la société.

L’avertissement survient alors que l’entreprise torontoise se prépare à ouvrir vendredi certaines salles en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.

La société a recommencé à accueillir des clients dans ses complexes de jeux et de restauration Rec Room à Winnipeg, Calgary et Edmonton au cours de la semaine du 15 juin, et a rouvert six cinémas en Alberta le 26 juin.

« Nous sommes optimistes, mais ce sont de petits pas parce que nous devons être prudents », a expliqué M. Jacob.

Les cinéphiles qui retournent au cinéma vivront une expérience différente de celle qu’ils ont quittée en mars. Pour garder les invités à distance, des sièges réservés seront déployés dans chaque auditorium, ce qui bénéficiera de nettoyages supplémentaires.

Certains cinéphiles seront vêtus de masques. Cineplex ne les rendra pas obligatoires, mais les distribuera et encouragera leur utilisation.

Les comptoirs de nourriture, jadis une importante source de revenus pour Cineplex, n’offriront que du maïs soufflé et quelques autres articles — ceux qui nécessitent une cuisson plus compliquée ne seront pas disponibles pour l’instant.

Cineplex doit aussi s’ajuster à l’échec de sa prise de contrôle aux mains de Cineworld pour 2,8 milliards. Cineworld prétend avoir renoncé à l’accord parce que Cineplex a rompu le contrat, tandis que Cineplex s’est engagée à poursuivre en justice Cineworld.

M. Jacob n’a pas exclu un autre accord pour vendre Cineplex. « Il faut regarder toutes les options qui se présentent », a-t-il dit.

Lourde perte au 1er trimestre

Cineplex a indiqué lundi que la pandémie avait un « effet négatif important » sur ses activités et avait entraîné une perte de 178 millions pour son premier trimestre.

La société a perdu 2,82 $ par action pour le trimestre clos le 31 mars, comparativement à une perte de 7,36 millions, ou 12 cents par action, pour la même période un an plus tôt.

Les revenus de Cineplex ont retraité à 282,8 millions, comparativement à ceux de 364,6 millions du premier trimestre de l’an dernier, tandis que le nombre de visiteurs est passé de près de 15 millions l’an dernier à 10,7 millions pour les trois premiers mois de 2020.

Cineplex a également abandonné son dividende et a prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre pas à ce que celui-ci revienne dans un avenir proche.

M. Jacob dit avoir entendu que les cinéphiles étaient fatigués de regarder des films à la maison et voulaient voir des nouveautés, mais il ne peut offrir de projeter que ce que les distributeurs et les studios lui permettront. Il se concentre donc principalement sur des efforts pour gagner la confiance des consommateurs et les convaincre qu’il est sécuritaire de retourner au cinéma.

« Nous devons mettre les invités à l’aise et nous devons les ramener dans notre environnement, puis nous examinerons les occasions à mesure que nous progresserons. Nous devons mettre cette peur de la COVID derrière nous », a estimé M. Jacob.