Depuis sa sortie sur Netflix le 27 mars, Jusqu’au déclin, premier long métrage québécois produit par le géant américain de la diffusion en ligne, a été vu par 21 millions d’abonnés en quelques semaines à peine.

Chose étonnante, les abonnés canadiens — et québécois — ne comptent que pour 5 % d’un auditoire composé à 95 % de spectateurs étrangers.

Selon les données fournies à La Presse par Netflix, le public le plus friand du thriller nordique de Patrice Laliberté, dont les vedettes sont Réal Bossé, Guillaume Laurin et Marie-Evelyne Lessard, est hispanophone.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

La version espagnole de Jusqu’au déclin est la plus populaire au monde.

En effet, la version la plus populaire de Jusqu’au déclin, vu dans une autre langue que le français dans une proportion de 95 %, est celle en langue espagnole. Vient ensuite la version anglaise (pour laquelle les acteurs du film se sont tous doublés eux-mêmes), la version portugaise (ce qui laisse entendre aussi une grande popularité au Brésil), puis la version allemande.

Un succès historique ?

Une production québécoise a-t-elle déjà pu rejoindre un aussi large public international en si peu de temps ? Il est permis d’en douter. Pour Patrice Laliberté, ces données revêtent un caractère vertigineux.

« Ça nous a pris deux jours à saisir l’ampleur de ces chiffres, confie-t-il lors d’un entretien accordé à La Presse. Humainement, on peut difficilement comprendre ce que représente une foule de 21 millions de personnes. C’est un soulagement pour nous parce qu’on ne savait pas si la crise que nous traversons allait jouer en faveur du film ou plutôt lui nuire. Mais là, ce résultat est presque historique. Il est aussi porteur d’une leçon, dans la mesure où j’ai l’impression qu’on a parfois peur d’exporter nos œuvres, pensant que personne ne pourra les comprendre. Or, ce film-ci fonctionne dans des marchés où l’on ne pourrait pas soupçonner un tel succès. »

On peut intéresser plein de spectateurs à l’étranger avec nos histoires.

Patrice Laliberté, réalisateur

Pour la jeune société de production Couronne Nord, qu’a cofondée Guillaume Laurin (aussi l’un des interprètes du film), le succès de Jusqu’au déclin lui permettra sans doute de mettre sur pied d’autres projets.

« C’est difficile à dire pour l’instant, car la situation que nous vivons est très étrange, fait-il remarquer. Nous n’avons pas encore eu la chance de nous réunir avec des gens de l’industrie et d’en mesurer l’impact de façon plus concrète. Les retours que nous avons viennent surtout du Québec pour le moment. »

« Mais ça nous permet de rêver, ajoute Patrice Laliberté. Nous avons de gros projets dans nos tiroirs qu’on croyait ne jamais pouvoir concrétiser, mais là, il y a de nouvelles possibilités. »