(Paris) Le Festival de Cannes, qui devait débuter mardi, espère garder le réalisateur américain Spike Lee, président de l’édition annulée cette année pour cause de coronavirus, comme président du jury en 2021, ont indiqué dimanche ses deux principaux responsables.

« Spike Lee est extra. Il nous a fait savoir […] qu’il était partant pour être président du jury en 2021 » a indiqué Pierre Lescure, président du Festival, au Figaro.

« Spike Lee nous a dit qu’il nous serait fidèle quoiqu’il arrive. J’espère que nous y arriverons l’an prochain, » déclare de son côté le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, au site britannique Screendaily.com.

Le cinéaste américain aurait d’ailleurs dû présenter, hors compétition, « un superbe film qu’il a fait avec Netflix », Da 5 Bloods, qui doit sortir sur la plateforme en ligne le 12 juin, précise M. Frémaux. « Cette surprise […] aurait dû marquer le retour de Netflix sur le tapis rouge, hors compétition bien sûr ».

Le plus grand Festival de cinéma au monde et la plateforme américaine entretiennent des rapports compliqués, et depuis 2017 aucun film estampillé Netflix n’a figuré dans la sélection officielle. En 2017 deux films Netflix y figuraient, dont Okja du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, Palme d’Or 2019 et oscarisé pour Parasite. Mais leur non sortie en salle avait suscité la polémique.

Selon MM. Lescure et Frémaux, la réflexion sur les formes alternatives que pourrait prendre le festival cette année se poursuit, autour notamment d’une sélection estampillée Cannes 2020, sans jury ni palmarès, et une possible collaboration avec la Mostra de Venise.

« Nous sommes d’accord sur le principe de faire quelque chose ensemble, mais nous nous interrogeons sur la forme que cela doit prendre », indique ainsi M. Lescure à propos de Venise, M. Frémaux indiquant souhaiter « présenter des films ensemble ».

« Avec le label Cannes 2020 et le marché du film en ligne, un » Cannes hors les murs « sera le troisième axe de notre redéploiement cet automne », poursuit le délégué général, évoquant une présence aux festivals de Toronto, Deauville, Angoulême, San Sebastian, New York, Busan en Corée du Sud ou encore le festival Lumière à Lyon.

Concernant le coût de l’annulation du festival physique, M. Lescure estime que le manque à gagner « pourrait se situer entre 5 et 10 millions » d’euros. Mais il souligne que « la façon dont le festival a structuré ses finances et sa trésorerie en instaurant un fonds de dotation le met à l’abri ». Ce fonds « est doté d’environ 20 millions d’euros », poursuit-il en estimant que « le festival ne sera jamais une machine commerciale ».