Pendant la pandémie, notre critique vous propose chaque semaine trois longs métrages de répertoire à (re) découvrir. Au programme cette semaine : des visions prémonitoires.

Hollywood : Contagion (2011)

Steven Soderbergh

Ce film de Steven Soderbergh, passé plutôt inaperçu lors de sa sortie en 2011, fait beaucoup parler depuis le début de la pandémie. Avec raison.

Voir Contagion aujourd’hui revêt un caractère extrêmement troublant, surtout dans sa première partie.

Le scénario original, écrit par Scott Z. Burns (The Report) il y a 10 ans, est en effet construit autour d’une pandémie mondiale qui ressemble en tous points à celle que nous vivons maintenant.

Le vocabulaire utilisé dans ce long métrage est pareil à celui qu’on entend aujourd’hui tous les jours : virus inconnu et imprévisible né en Chine, interdiction de rassemblements, distanciation sociale, confinement, recherche d’un vaccin qui n’arrive pas, courbe épidémiologique, indicateur R0, bref, on croirait presque entendre un bulletin de nouvelles de 2020.

Mettant en vedette une distribution de prestige, de laquelle font notamment partie Marion Cotillard, Matt Damon, Gwyneth Paltrow et Laurence Fishburne, le thriller évoque dans sa seconde partie le chaos social provoqué par les pénuries, et l’anarchie qui en découle.

Ne reste plus qu’à souhaiter que cette partie du récit reste dans le domaine de la fiction...

À voir sur Illico, Netflix, iTunes, YouTube, Google Play. Aussi en Blu-ray/DVD.

Cinéma d’ici : L’âge des ténèbres (2007)

Denys Arcand

Denys Arcand a toujours été un observateur très fin — et cynique — de la société québécoise. Revoir L’âge des ténèbres 13 ans après tout le brouhaha ayant suivi sa présentation au Festival de Cannes, qu’il avait clôturé, confirme à quel point le regard du cinéaste québécois a toujours été très aiguisé sur le plan social.

Dès le début du film, on apprend par la radio qu’une épidémie très grave a atteint l’ouest du Canada. Quelques plans plus tard, les enfants de Jean-Marc Leblanc (Marc Labrèche) portent un masque en entrant à l’école, comme tous les autres étudiants.

Si cet aspect des choses est progressivement abandonné au fil du récit, il reste que l’image que donne le réalisateur du Déclin de l’empire américain de l’appareil gouvernemental, dont les bureaux sont installés sur le terrain du stade olympique, autrement vide, est à la fois juste et implacable.

Les réserves que nous avions exprimées à l’époque demeurent (oui, la partie médiévale est trop longue), mais l’environnement dans lequel évolue ce fonctionnaire qui rêve de célébrité — et de tout ce qu’il s’imagine venir avec celle-ci — ne pourrait être plus réaliste...

3 mai, 22 h, et 6 mai, 2 h 30, à Télé-Québec. Plateformes : Illico et iTunes. Aussi disponible en Blu-ray/DVD.

Cinéma d’ailleurs : Mauvais sang (1986)

Leos Carax

Deux ans après avoir obtenu le prix de la jeunesse au Festival de Cannes grâce à Boy Meets Girl, son premier long métrage, Leos Carax a réalisé ce film emblématique des années 80, lequel a véritablement établi sa réputation.

Mauvais sang est aussi l’une des premières œuvres à évoquer le sida et à faire de ce virus — nouveau à l’époque — une métaphore du sentiment amoureux.

Avec beaucoup de style, Carax raconte l’histoire de deux vieux gangsters (Michel Piccoli et Hans Meyer) qui, pour rembourser une dette, planifient le vol dans un laboratoire d’un vaccin mis au point pour contrer une nouvelle maladie affectant les couples qui font l’amour sans s’aimer.

Denis Lavant, l’acteur fétiche du réalisateur de Holy Motors, met sa présence singulière au service d’un personnage attiré par une jeune femme (Juliette Binoche), amante de l’un des gangsters.

Truffé de références littéraires, magnifié par des éclairages très contrastés et une mise en scène inspirée, Mauvais sang est aussi passé à l’histoire grâce à cette célèbre scène où Alex (Lavant) court et danse au son du Modern Love de David Bowie...

À voir sur Criterion Channel.