(Berlin) François Létourneau et Jean-François Rivard ont présenté mardi les deux premiers épisodes de leur nouvelle série, C’est comme ça que je t’aime, devant un public réceptif. En s’amenant à Berlin pour accompagner la présentation d’une série documentaire qui lui est consacrée, Hillary Rodham Clinton a par ailleurs créé l’événement du jour.

Programmée dans la section Berlinale Series, où l’on ne compte pas plus de huit productions télévisuelles internationales, C’est comme ça que je t’aime a vécu mardi une belle mise au monde. Présentés au mythique Zoo Palast, les deux premiers épisodes de la nouvelle série du tandem que forment François Létourneau, à l’écriture, et Jean-François Rivard, à la réalisation, donnent assurément envie d’en connaître la suite. Et vite.

Construit autour de deux couples vivant à Sainte-Foy en 1974 (Karine Gonthier-Hyndman, Patrice Robitaille, Marilyn Castonguay et François Létourneau), le récit explore avec un humour décalé les relations de couple, tout en ajoutant aussi des sous-intrigues à teneur criminelle. Dès le départ, on nous montre quatre corps flottants dans une piscine hors terre où l’eau est ensanglantée. On pourrait croire qu’il s’agit des quatre protagonistes, mais l’auteur a semé le doute dans l’échange ayant eu lieu avec le public allemand après la séance. François Létourneau préfère en effet rester discret sur la direction qu’empruntera l’intrigue dans les huit autres épisodes que compte la série. Et les saisons suivantes, s’il y a lieu. Parce que, oui, le tandem à qui l’on doit Les Invincibles et Série noire espère entraîner ces nouveaux personnages dans leurs aventures pendant plusieurs saisons.

« L’idée de cette série m’est venue quand j’ai conduit mon fils au camp de vacances, a révélé l’auteur sur la scène du Zoo Palast. Je me suis alors rappelé des souvenirs d’enfance, à l’époque où je fréquentais moi-même un camp de vacances et qu’on m’a appris à mon retour que mes parents allaient divorcer. Mais la comparaison avec ce qui se passe dans la série s’arrête là. Je tiens à dire que mes parents sont des gens très bien ! »

Des références cinématographiques

Avec une justesse sidérante, non seulement dans la reconstitution d’époque, mais aussi dans l’évocation d’un état d’esprit, dans la posture des comédiens également, C’est comme ça que je t’aime (aussi le titre d’une vieille chanson de Mike Brant) parvient, à la lumière de ce que nous avons pu voir dans les deux premiers épisodes, à mêler l’action et l’humour de belle façon. Certains personnages périphériques ont parfois l’air de sortir tout droit d’un film des frères Coen. À ce chapitre, les références cinématographiques sont parfaitement assumées.

« Quand j’ai commencé à écrire la série, j’ai pensé à The Ice Storm, d’Ang Lee, a raconté François Létourneau. J’ai aussi pensé aux Scènes de la vie conjugale [Ingmar Bergman] et à Goodfellas [Martin Scorsese], mon film favori. J’ai tout mis ça dans un mélangeur, et Jean-François [Rivard] l’a bu ! »

À travers les personnages qu’incarnent Marilyn Castonguay et Karine Gonthier-Hyndman, l’auteur a aussi tenu à rendre hommage aux femmes des années 70.

« Je sentais bien que ma mère se sentait un peu coincée dans sa vie », a-t-il expliqué. 

J’ai voulu faire écho à la colère intérieure que ressentaient plusieurs femmes de cette génération, des femmes fortes et brillantes qui voulaient davantage de la vie. Les hommes étaient beaucoup plus conservateurs ».

François Létourneau, auteur de C’est comme ça que je t’aime

Pas d’attentes particulières

Au cours d’un entretien accordé à La Presse après la projection, François Létourneau s’est dit heureux de la tournure des événements.

« En télé, on a rarement l’occasion de vivre des premières de ce genre. On a présenté la série devant un public pour la toute première fois, et les réactions qu’ont les spectateurs nous enseignent toujours plein de choses sur l’histoire qu’on raconte. J’ai eu l’impression de redécouvrir certaines scènes grâce aux réactions que les gens ont eues. J’avais un petit souci par rapport à l’humour décalé et aux sous-titres parce que ce show mêle le drame avec des choses plus inquiétantes et, parfois, de la grasse comédie. Mais ça s’est bien passé. Je suis content. »

L’auteur souhaiterait évidemment que sa série soit achetée par des diffuseurs internationaux, mais il affirme ne pas avoir d’attentes particulières à cet égard.

« Je souhaite surtout que la série soit bien accueillie au Québec. Si, ensuite, elle voyage, tant mieux, mais je ne m’accroche pas à ce genre d’ambition. »

C’est comme ça que je t’aime sera téléversée sur l’Extra Tou.tv le 6 mars.

Hillary en territoire ami

Chaque bon mot qu’elle prononce dans la série documentaire qui lui est consacrée a été accueilli par des applaudissements, même si, à l’extérieur du Berliner Festspiele, où a eu lieu la projection, quelques protestataires ont fait entendre leur voix. Hillary Rodham Clinton s’est amenée à la Berlinale pour accompagner Hillary, une série documentaire en quatre épisodes, réalisée par Nanette Burstein. Elle était ici en territoire ami.

Lors d’une conférence de presse tenue mardi, celle qui reste à ce jour la seule femme à avoir été candidate à la présidence des États-Unis a répondu avec aplomb à toutes les questions qui lui ont été posées. À propos de la condamnation de Harvey Weinstein, l’ancienne secrétaire d’État a déclaré que la décision du jury « parlait d’elle-même ». « Le temps de l’imputabilité était venu, et le jury l’a clairement vu. » Quand une journaliste lui a fait remarquer que le nabab reconnu coupable de viol avait contribué à sa campagne à la présidence, l’ancienne candidate a rétorqué qu’il avait soutenu toutes les campagnes démocrates, « y compris celles de John Kerry et Barack Obama ».

PHOTO DAVID GANNON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Hillary Rodham Clinton est de passage à Berlin pour la présentation d’une série documentaire qui lui est consacrée. 

Quant à son ancien rival de 2016 au Parti démocrate, Bernie Sanders, présentement en position de tête dans la course à l’investiture démocrate, Hillary Clinton indique que, malgré leurs différends, elle lui offrira son soutien dans l’éventualité où il décrocherait la candidature pour l’élection présidentielle. « Je vais quand même attendre et voir qui nous nommerons, mais je soutiendrai le candidat. » 

Je crois qu’il est impératif que le président actuel soit retiré.

Hillary Clinton, au sujet de Donald Trump 

Quand on lui demande ce qu’elle compte laisser comme héritage politique, Hillary Rodham Clinton estime qu’il est encore trop tôt pour le définir.

« Je ne suis pas encore rendue à cette étape de la vie où l’on regarde en arrière. Je regarde encore en avant. Il y a tant de choses à dire et à faire, chaque jour. Je ne pense pas à l’héritage. Je pense plutôt à la façon avec laquelle nous pourrions offrir des soins de santé à tous les Américains, à la façon dont nous pouvons traiter les changements climatiques, à la façon dont nous pourrons retirer Donald Trump. Voilà ce à quoi je pense. »