(Rio de Janeiro) La nomination lundi du film Une démocratie en danger à l’Oscar du meilleur documentaire a suscité des réactions contrastées au Brésil, entre célébrations à gauche et vives critiques à droite pour ce long métrage très politique.

Le documentaire de Petra Costa, qui raconte d’un point de vue personnel la destitution de l’ex-présidente de gauche Dilma Rousseff (2011-2016) et l’avènement au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, est disponible sur Netflix depuis juin dernier.

« Bravo Petra Costa pour le sérieux avec lequel vous avez raconté cette période importante de notre histoire. Vive le cinéma national ! La vérité vaincra », a réagi sur Twitter l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, prédécesseur de Mme Rousseff.

L’ex-députée communiste Manuela d’Avila, candidate à la vice-présidence lors de la présidentielle d’octobre 2018, a souligné sur ce même réseau social que Petra Costa pourrait être « la première réalisatrice latino-américaine à remporter » l’Oscar du meilleur documentaire.

« À une époque où l’extrême droite se répand comme une épidémie, nous espérons que ce film puisse nous aider à comprendre à quel point il est crucial de protéger nos démocraties », a affirmé la réalisatrice sur Twitter, tout en se disant « émue » et « en extase » après cette nomination.

Du côté du gouvernement Bolsonaro, le secrétaire spécial à la Culture Roberto Alvim a déclaré au journal Folha de S. Paulo que « si cela avait été dans une catégorie de fiction, la nomination aurait été correcte ».

« Cela montre que la guerre culturelle est menée non seulement ici, mais aussi au niveau international », a-t-il ajouté.

Ciblé par de nombreuses critiques dans le documentaire, le parti de centre droit PSDB a également réagi avec ironie, sur Twitter : « Bravo à la réalisatrice Petra Costa pour sa nomination au prix de meilleure fiction et fantaisie pour Une démocratie en danger ».

La culture brésilienne traverse une période mouvementée depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro il y a un an, avec la suppression de nombreuses subventions et des actes de censure, notamment pour les projets sur les thématiques LGBT.

Cela n’empêche pas le cinéma brésilien d’avoir le vent en poupe : au Festival de Cannes, le film Bacurau a remporté le prix du Jury, tandis que La Vie invisible d’Euridice Gusmão a obtenu le prix Un certain regard.