Après son lancement au Québec, le long métrage Fabuleuses a triomphé au festival de Busan, en Corée du Sud, où la réalisatrice Mélanie Charbonneau et la comédienne Juliette Gosselin ont été accueillies en rock stars. Ce passage a couronné une année à marquer d’une pierre blanche dans la vie de la cinéaste. Entretien.

« Ce fut la folie. » C’est ainsi que la cinéaste Mélanie Charbonneau résume son passage au Festival international du film de Busan, où son premier long métrage, Fabuleuses, a été présenté en première internationale.

Là-bas, le film a décroché un des six prix de la compétition, a créé la cohue et a obtenu un contrat de distribution.

Rien que ça ? Non, il y a plus. Ce passage réussi à Busan, en octobre, constitue le point d’orgue d’une année 2019 que Mélanie Charbonneau n’est pas près d’oublier.

« Ce fut l’année où tout a déboulé. Ma vie a été à 200 à l’heure », racontait, les yeux pétillants et la voix énergique, la réalisatrice de 36 ans, rencontrée à la mi-décembre.

Mettant en vedette Juliette Gosselin (présente au festival de Busan), Noémie O’Farrell et Mounia Zahzam, coécrit par la réalisatrice et Geneviève Pettersen, le film s’intéresse aux parcours de trois jeunes femmes dans le monde des réseaux sociaux, des « followers » et du succès instantané.

Bien accueilli par la critique au Québec, le film a attiré moins de spectateurs que prévu en salle, glisse la réalisatrice. Quelques semaines plus tard, à Busan, c’était l’explosion.

Il y a eu trois projections et nous avons assisté à deux d’entre elles. Après les projections, on a eu des files de gens qui nous attendaient pour obtenir des autographes, prendre des photos et nous filmer. J’ai plusieurs vidéos où les gens entourent Juliette. Même dans la rue, on se faisait reconnaître.

Mélanie Charbonneau, réalisatrice de Fabuleuses

La cinéaste croit que cet enthousiasme est lié en partie au fait qu’il est question de féminisme et des paradoxes féminins dans son film. « C’est un sujet très mainstream actuellement en Corée du Sud, dit-elle. Un des personnages, Élizabeth [Mounia Zahzam], est très féministe et cet enjeu a été très discuté dans les séances de questions-réponses. Alors que cela a été peu le cas dans les médias au Québec », dit-elle.

Prix du public

Le film était inscrit dans la catégorie Flash Forward, qui regroupe des premiers ou deuxièmes longs métrages de films internationaux. À la cérémonie de clôture, il a obtenu le Prix du public dans cette catégorie. Il s’agissait de l’avant-dernier des six prix remis pendant la soirée et donc, en toute logique, du deuxième en importance.

PHOTO FOURNIE PAR MÉLANIE CHARBONNEAU

Un journal coréen a consacré une page de textes aux films Fabuleuses et Antigone de Sophie Deraspe.

« Le film a été acheté en Corée du Sud par Sidus, une maison qui produit et distribue des films, dit Mme Charbonneau. Il sera projeté dans une cinquantaine de salles dans le deuxième trimestre de 2020. J’espère pouvoir y retourner afin de voir l’impact qu’il aura à sa sortie en salle. »

Des discussions sont en cours avec d’autres pays asiatiques, ajoute-t-elle. Après Busan, Fabuleuses a été présenté au festival de Mannheim, en Allemagne, et doit se retrouver dans trois autres festivals à l’extérieur du Canada en mars et avril 2020. 

Lunar Orbit en… orbite

En parallèle à Fabuleuses, la cinéaste a vu son court métrage Lunar Orbit – Rendez-vous remporter de nombreux prix tout au long de 2019.

Lancée au Festival de Locarno à l’été 2018, cette histoire d’amour sur fond de conquête lunaire a remporté 13 prix en 2019, dont 3 (Grand Prix, meilleur scénario et meilleure réalisation) à Sapporo, au Japon, en plus d’être finaliste au gala Québec Cinéma.

PHOTO FOURNIE PAR MÉLANIE CHARBONNEAU

Mélanie Charbonneau lors de son passage au Festival des courts métrages de Sapporo, au Japon

« Je suis allée à Sapporo entre deux passages en Corée, résume la cinéaste. Je me suis posé la question du pourquoi de ce succès en Asie. Je ne sais pas. Mais on m’a dit qu’en Corée, les gens aiment les films qui font du bien. C’est le cas de Fabuleuses et aussi de Lunar Orbit. Ils possèdent tous deux une bonne dose d’humour. »

Depuis la mise en ligne sur YouTube de son premier court métrage en 2006, Mélanie Charbonneau a touché à tout : cinéma, webséries, publicité. Elle a plusieurs projets en tête et a hâte de se remettre à l’écriture.

« En travaillant sur Fabuleuses, j’ai connecté à l’acte d’écrire un scénario, dit-elle. Présentement, je suis en train de cristalliser une idée pour mon prochain film, et je me lancerai dans l’écriture en janvier. »