Les grands studios n’ayant pas eu l’occasion de sortir leurs productions de prestige – Tenet est un cas d’exception –, la prochaine course aux Oscars s’annonce à nulle autre pareille, d’autant plus que les diffuseurs en ligne auront cette fois beau jeu. La période d’admissibilité étant exceptionnellement prolongée jusqu’au 28 février, en vue d’une cérémonie qui aura lieu le 25 avril, voici six longs métrages autour desquels circulent des rumeurs favorables.

Nomadland

Lauréat du Lion d’or à la Mostra de Venise, tout autant que du prix du public au festival de Toronto, Nomadland fait partie des grands favoris de la prochaine saison des récompenses. Réalisée par Chloé Zhao (The Rider), cette adaptation du livre de Jessica Bruder donne l’occasion à Frances McDormand d’offrir une autre performance grandiose, qui pourrait bien lui valoir une troisième statuette dorée. L’actrice se glisse cette fois dans la peau d’une sexagénaire qui choisit de se débrouiller à l’extérieur d’un système qui semble ne plus pouvoir quoi que ce soit pour elle de toute façon. Fern (c’est son prénom) se plaît d’ailleurs à dire qu’elle n’est pas sans abri, mais plutôt sans maison, laissant entendre par là qu’elle se plaît bien dans sa situation de nomade. Nomadland célèbre un certain mode de vie, né de la nécessité de survie dans le monde hyper performant et hyper compétitif de l’Amérique du XXIe siècle. Distribué par Searchlight Pictures, ce long métrage prendra l’affiche à Montréal au mois de janvier.

Ma Rainey’s Black Bottom

Dans cette adaptation d’une pièce d’August Wilson, Viola Davis endosse la forte personnalité de Ma Rainey, qu’on surnomme la « mère du blues ». L’actrice, lauréate d’un Oscar grâce à Fences, une adaptation d’une autre pièce du même auteur, offre une fois de plus une excellente performance, mais ce film, réalisé par George C. Wolfe, est aussi l’affaire de Chadwick Boseman, pour qui une citation aux Oscars à titre posthume est fort probable. La toute dernière performance de celui qui a prêté ses traits à T’Challa – Black Panther s’adonne à être l’une de ses plus marquantes. L’acteur incarne ici un jeune trompettiste ambitieux qui compte faire sa place dans le monde de la musique. Confiné dans une salle de répétition à Chicago en 1927, en attendant l’arrivée d’une chanteuse bien déterminée à ne rien se laisser imposer par son imprésario et son producteur blancs, le musicien est celui qui force ses camarades à faire face à leur situation. Et à en parler. Certains observateurs avancent par ailleurs que Chadwick Boseman pourrait aussi être cité grâce à sa performance dans Da 5 Bloods, de Spike Lee. Ma Rainey’s Black Bottom sera offert sur Netflix le 18 décembre.

Mank

N’ayant rien tourné pour le cinéma depuis Gone Girl, David Fincher (Zodiac, The Social Network) est de retour cette année avec Mank, un film dont les têtes d’affiche sont Gary Oldman, Amanda Seyfried et Lily Collins. Portant à l’écran un scénario que son père Jack, mort en 2003, a écrit, le cinéaste propose un film en noir et blanc qui nous plonge dans le milieu du cinéma hollywoodien des années 1930. Le récit de Mank raconte l’histoire de Herman J. Mankiewicz, un scénariste alcoolique engagé dans une course contre la montre pour terminer le scénario de Citizen Kane, que doit bientôt tourner Orson Welles. Un film évoquant l’un des classiques les plus célèbres de l’histoire du cinéma, réalisé par l’un des cinéastes les plus respectés de la profession ? Rien ne pourrait plaire davantage aux membres de l’Académie ! Mank sera offert sur Netflix le 4 décembre.

Promising Young Woman

Emerald Fennell s’est jusqu’à maintenant distinguée à titre de scénariste (Killing Eve, une série pour laquelle elle a aussi agi à titre de productrice déléguée) et d’actrice (The Crown – elle incarne Camilla Parker Bowles). Promising Young Woman, dont elle signe le scénario, marque son entrée dans le monde de la réalisation de longs métrages. Lancé au festival de Sundance, ce thriller met en vedette Carey Mulligan. Dans un récit mû par un esprit de vengeance, l’actrice incarne une jeune femme hantée par un traumatisme qui a décidé de s’en prendre aux hommes qu’elle croise sur sa route, même si l’un d’entre eux (interprété par Bo Burnham) pourrait peut-être entrer dans ses bonnes grâces. Il n’est pas dit que les membres de l’Académie seront sensibles au genre, mais ils prendront sans doute en compte la performance de Carey Mulligan. Focus Features, dont les films sont relayés par la maison mère Universal au Canada, entend toujours mettre le film à l’affiche le 25 décembre, dans les salles encore ouvertes.

Pieces of a Woman

Révélé en 2014 grâce à White Dog, un film puissant qui lui avait valu le prix du meilleur film de la section Un certain regard au Festival de Cannes, le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó se tourne cette fois vers un sujet beaucoup plus intime. Il porte à l’écran un scénario écrit par sa complice et compagne, Kata Wéber, inspiré d’un deuil qu’ils ont dû faire eux-mêmes. Forte de son prix d’interprétation à la Mostra de Venise, Vanessa Kirby devrait sans problème être retenue dans la catégorie de la meilleure actrice. Shia LaBeouf et Ellen Burstyn offrent aussi de solides performances dans ce film où l’on décrit l’impact qu’a sur un couple, et sur toute une famille, un drame inexplicable, survenu à la naissance d’un premier enfant. Entièrement tourné à Montréal, Pieces of a Woman sera offert sur Netflix le 7 janvier.

One Night in Miami

One Night in Miami est une fiction inspirée d’un fait réel. Le 25 février 1964, Cassius Clay, qui se nommera plus tard Muhammad Ali, est devenu, à l’âge de 22 ans, le champion du monde de boxe poids lourd en détrônant le défenseur du titre, Sonny Liston. Après son combat, le jeune homme a célébré sa victoire dans une chambre d’hôtel avec son ami Malcolm X, et les deux hommes ont été rejoints par le joueur de football Jim Brown, ainsi que par le chanteur Sam Cooke. Là s’arrête la réalité. Car personne ne sait vraiment ce qui s’est passé – ou dit – ce soir-là. Le dramaturge Kemp Powers, qui signe le scénario de ce film, a eu toute la latitude voulue pour imaginer une conversation entre ces quatre individus très en vue qui, chacun à leur façon, ont incarné de façon emblématique l’émancipation afro-américaine. Regina King, lauréate de l’Oscar de la meilleure actrice de soutien grâce à sa performance dans If Beale Street Could Talk (Barry Jenkins), propose ainsi une adaptation cinématographique de la pièce de Powers, créée en 2013. Les vedettes de son premier long métrage à titre de réalisatrice sont Eli Goree, Kingsley Ben-Adir, Aldis Hodge et Leslie Odom Jr. One Night in Miami sera offert sur Amazon Prime Video le 15 janvier.

L’annonce des finalistes aura lieu le 15 mars 2021. La 93e Soirée des Oscars se tiendra le 25 avril.