(Venise) Cela commençait souvent par une promenade en bateau. Et, pour les plus chanceux, cela se terminait par un baiser à côté d’un trophée.

Le Festival du film de Venise est une étape précoce pour de nombreuses vedettes et cinéastes sur le chemin des Oscars. Habituellement, les George Clooney, Brad Pitt, Scarlett Johansson et d’autres acteurs hollywoodiens convergent vers le Lido sous les acclamations des fans.

Mais au moins deux vedettes seront présentes : Kate Blanchett présidera le jury. Parmi les autres jurés : Matt Dillon.

Mais 2020 n’est pas une année normale. Les photographes sont moins nombreux, les cinéphiles ne sont pas présents. De nombreux acteurs de premier plan ont préféré demeurer à l’écart. La Mostra se transforme en un rassemblement plus modeste et plus européen.

Mais réussir à présenter une programmation représente un succès.

Après tout, l’Italie figure parmi les pays les plus durement touchés par la pandémie de COVID-19. Elle a déploré plus de 35 400 décès, au deuxième rang du classement européen, derrière la Grande-Bretagne.

Le festival se déroulera du 2 au 12 septembre. Son lancement signale que le milieu du cinéma, en grande partie en pause depuis mars, ressort peu à peu des limbes.

Parmi les films en compétition, on compte Amants de la réalisatrice française Nicole Garcia, Laila in Haïfa de l’Israélien Amos Gitaï et Les amants sacrifiés du Japonais Kiyoshi Kurosawa.

Malgré les précautions habituelles contre le coronavirus, certaines traditions vénitiennes seront maintenues : les bateaux-taxis continueront de conduire les vedettes vers les lieux des conférences de presse. Le tapis rouge sera déroulé et le Lido accueillera à nouveau ses premiers flashes. À la fin de tout cela, certains acteurs et cinéastes gagneront des prix.

Reste à savoir s’il y aura un vainqueur qui osera embrasser la coupe ou le lion ailé.

Les 18 films en lice pour le Lion d’or

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LAPRESSE

L’actrice et réalisatrice française Nicole Garcia revient à Venise avec Amants, deux ans après y avoir été membre du jury présidé par Guillermo Del Toro.

Le sorelle Macaluso d’Emma Dante (Italie)

Tiré de la pièce de théâtre éponyme présentée au Festival d’Avignon en 2014, Le sorelle Macaluso suit cinq sœurs nées et élevées dans la périphérie de Palerme, en Sicile, qui se retrouvent aux funérailles de l’une d’elles et évoquent leurs rêves et leurs frustrations.

The world to come de Mona Fastwold (États-Unis)

Au milieu du XIXe siècle, dans la campagne de l’État de New York, Abigail (Katherine Waterston) vit dans une ferme avec son mari Dyer (Casey Affleck). Abigail tombe amoureuse de la nouvelle voisine Tallie (Vanessa Kirby), qui a loué une ferme dans le voisinage avec son mari Finney (Christopher Abbott).

Nuevo orden de Michel Franco (Mexique/France)

Une fête de famille est interrompue par l’arrivée d’importuns, prétexte au portrait d’une famille aisée qui veut échapper au chaos de la vie quotidienne à Mexico. Un film signé du Mexicain Michel Franco, prix du meilleur scénario à Cannes en 2015 pour Chronic.

Amants de Nicole Garcia (France)

L’actrice et réalisatrice française revient à Venise deux ans après y avoir été membre du jury présidé par Guillermo Del Toro avec l’histoire d’un couple formé par Lisa (Stacy Martin) et Simon (Pierre Niney) qui se séparent avant que leurs destins ne se croisent à nouveau des années plus tard.

Laïla in Haifa d’Amos Gitaï (Israël/France)

Le réalisateur israélien Amos Gitaï, prix Robert Bresson à la Mostra en 2013, entraîne les spectateurs lors d’une nuit fatidique dans une discothèque du port de Haïfa. Une occasion de voir un instantané dans l’un des derniers endroits où Israéliens et Palestiniens interagissent encore.

Dear comrades d’Andreï Kontchalovsky (Russie)

Tiré d’une histoire vraie, Chers camarades, revient sur la fusillade survenue lors d’une manifestation pacifique d’ouvriers à l’usine de locomotives de Novotcherkassk en Russie en juin 1962, qui fit de nombreux morts et blessés. Le réalisateur russe a reçu le Lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise en 2016 pour Paradis.

Les amants sacrifiés de Kiyoshi Kurosawa (Japon)

À l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, Yusaku Fukuhara, petit notable du port de Kobe, décide de se rendre en Mandchourie. À son retour de Chine, il n’est plus le même et agit étrangement. Par l’un des grands noms du cinéma japonais, lauréat en 2015 à Cannes du prix Un certain regard pour Vers l’autre rive.

Sun children de Majid Majidi (Iran)

Ce film qui suit des enfants contraints de voler pour survivre marque le retour du réalisateur iranien Majid Majidi, auteur notamment d’Enfants du ciel (1997), mis en nomination pour l’Oscar du meilleur film étranger.

Pieces of a woman de Kornel Mundruczo (Canada/Hongrie)

Martha et Sean Carson (Vanessa Kirby et Shia LaBeouf), un couple de Boston, voient leur vie radicalement bouleversée lors d’un accouchement à domicile qui tourne mal. Le réalisateur hongrois a remporté le prix Un certain regard à Cannes en 2014 avec White God.

Miss Marx de Susanna Nicchiarelli (Italie/Belgique)

L’histoire d’Eleanor (Romola Garai), la fille cadette de Karl Marx, belle, cultivée et passionnée, qui fut parmi les premières à défendre les droits des femmes et les idées socialistes en participant aux luttes ouvrières.

Padrenostro de Claudio Noce (Italie)

En 1976 à Rome, la vie de Valerio, 10 ans, est bouleversée quand il assiste avec sa mère à un attentat terroriste contre son père. Padrenostro est le troisième long métrage du réalisateur italien Claudio Noce, qui a remporté un European Film Award en 2005 pour son court métrage Aria.

Notturno de Gianfranco Rosi (Italie/France/Allemagne)

Filmé sur une période de trois ans en Syrie, en Irak, au Kurdistan et au Liban, Notturno suit plusieurs personnages vivant à proximité de différentes zones de guerre au Moyen-Orient, qui essayent de retrouver une vie normale. Gianfranco Rosi a remporté l’Ours d’or à Berlin en 2016 pour son documentaire Fuocoammare et le Lion d’or en 2013 pour Sacro GRA.

Never gonna snow again de Malgorzata Szumowska et Michal Englert (Pologne/Allemagne)

En Pologne, Zhenia, un masseur ukrainien, devient une sorte de gourou dans la résidence où ses riches clients mènent une vie triste et sans relief. La réalisatrice polonaise Malgorzata Szumowska a décroché l’Ours d’argent de la meilleure réalisation à Berlin en 2015 pour son film Body.

The disciple de Chaitanya Tamhane (Inde)

Un chanteur observe scrupuleusement les traditions transmises par son maître et son père, jusqu’à ce que les fracas de la vie dans la mégalopole de Mumbai se mettent en travers de sa vocation musicale. Le jeune réalisateur indien s’était vu décerner en 2014 à Venise le Lion du Futur du meilleur premier film pour Court (En instance).

And tomorrow the entire world de Julia von Heinz (Allemagne/France)

Une vague de violence raciste déferle sur l’Allemagne. Luisa est membre d’un mouvement antifasciste violemment opposé aux néonazis. À travers son engagement, elle essaye aussi d’impressionner Alfa, le garçon qu’elle aime.

Quo vadis, Aïda ? de Jasmila Zbanic (Bosnie-Herzégovine)

Bosnie, 1995, durant les guerres qui ont conduit à la fin de la Yougoslavie, un film de la réalisatrice bosnienne Jasmila Zbanic lauréate de l’Ours d’or à Berlin en 2006 pour Sarajevo, mon amour.

Nomadland de Chloé Zhao (États-Unis)

Adapté du livre de Jessica Bruder, Nomadland suit la trajectoire de Fern (Frances McDormand), qui s’aventure hors de sa petite ville rurale du Nevada pour vivre en marge des normes traditionnelles. La réalisatrice américaine d’origine chinoise Chloé Zhao a été récompensée en 2017 par le Grand prix au Festival du cinéma américain de Deauville pour The Rider.

In between dying de Hilal Baydarov (Azerbaïdjan)

L’histoire d’amour de Davud, un jeune homme des campagnes d’Azerbaïdjan qui essaye de trouver sa « vraie » famille.