(Paris) « C’est un grand jour de joie ! » : les cinéphiles ont retrouvé lundi le chemin des salles obscures en France, au premier jour de la réouverture des cinémas après cent jours de fermeture, avec de nouvelles règles sanitaires.

« J’attends ça depuis des semaines. Pour moi, c’est vraiment un jour de fête », lance Édouard Feinstein, 52 ans. « Je vais voir n’importe quel film dans n’importe quel ordre. C’est tellement bon d’être là », ajoute ce cinéphile déjà posté vers 9 h devant le cinéma MK2 Bibliothèque à Paris, avant même l’ouverture.

« Je vais à peu près quatre fois par semaine au cinéma. Vous imaginez comme ça m’a manqué », renchérit Isabelle Papillon, « excitée » à l’idée d’aller voir deux films d’affilée dès ce lundi dans ce complexe, où une vingtaine de films sont à l’affiche cette semaine dans 16 salles.

La très grande majorité des 2000 cinémas de France rouvrent cette semaine, dès lundi pour certains, mercredi pour d’autres, avec de nouvelles règles sanitaires prévues par la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) dans un guide.

Gel hydroalcoolique, portes ouvertes, personnel d’accueil portant des masques et formé aux gestes barrière, fauteuils laissés vacants de chaque côté des spectateurs ou groupes de spectateurs, séances espacées pour éviter de se croiser, vente de billets sur l’internet privilégiée ou désinfection régulière des locaux : tout est mis en œuvre pour accueillir et rassurer les spectateurs.

Séances de minuit

Autre mesure : la limitation à 50 % du taux de remplissage des salles, dont le ministre de la Culture a cependant annoncé la levée. « Il n’y a plus de limitation de 50 % de jauge » pour les salles de cinéma et de spectacles, a indiqué Franck Riester dimanche, même si cette mesure restait largement appliquée lundi matin dans les salles.

« Pour le moment, on restera à une jauge de 50 % même si elle vient d’être débloquée. Nous voulons offrir les meilleures conditions aux spectateurs afin qu’ils soient rassurés en se sentant en totale sécurité », a expliqué le directeur du cinéma des 5 Caumartin à Paris, où 120 cinéphiles se sont offert une séance dès 0 h 01.

PHOTO ABDULMONAM EASSA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Gel hydroalcoolique, portes ouvertes, personnel d’accueil portant des masques et formé aux gestes barrière, fauteuils laissés vacants de chaque côté des spectateurs ou groupes de spectateurs, séances espacées pour éviter de se croiser, vente de billets sur l’internet privilégiée ou désinfection régulière des locaux : tout est mis en œuvre pour accueillir et rassurer les spectateurs.

Les cinémas Pathé Gaumont, premier circuit en France avec 903 écrans, ont aussi proposé dans la nuit de dimanche à lundi une séance de minuit dans deux cinémas parisiens, un cinéma lyonnais, un autre à Toulouse et un à Rennes, pour célébrer les retrouvailles avec leur public autour de deux films en avant-première, le thriller sud-coréen Lucky Strike et la comédie française de Jan Kounen Mon cousin.

Le réseau CGR, qui compte 73 complexes dans toute la France, a lui proposé une offre tarifaire à 5 euros (7,60 $) la place pendant deux semaines.

« Aujourd’hui, on a déjà 20 000 réservations », se félicite auprès de l’AFP David Scantamburlo, directeur du marketing de CGR. « On est plutôt confiants sur la fréquentation, et ça nous conforte dans l’idée que le cinéma a manqué aux Français. »

« Rallumer la lumière »

« On sent les spectateurs prêts à revenir », estime aussi Nathanaël Karmitz, président du directoire de MK2, qui compte 12 cinémas et 68 écrans à Paris. « Le cinéma c’est la lumière dans la ville, donc rallumer la lumière nous fait extrêmement plaisir. »

Selon un sondage Médiamétrie publié mercredi, 18,7 millions de Français ont déclaré avoir l’intention d’aller au cinéma dans les quatre prochaines semaines.

Heureux à l’idée de rouvrir leurs salles, les exploitants de cinéma oscillent cependant entre « enthousiasme » et « angoisse », selon Richard Patry, le président de la FNCF, qui a lancé une campagne de communication avec le mot d’ordre « Tous au cinéma » pour cette réouverture.

« On sait clairement que le plus dur est devant nous », a-t-il indiqué à l’AFP. « C’est vraiment l’année de tous les dangers ».

Pour l’ensemble des exploitants de salles, la crise et l’arrêt de l’activité représentent selon une estimation de la FNCF près de 60 millions d’entrées perdues (de début mars à fin juin par rapport aux années précédentes), soit une perte de près de 400 millions d’euros.