Pendant la pandémie, notre critique vous propose chaque semaine trois longs métrages de répertoire à (re) découvrir. Au programme cette semaine, des films sur le sens de la vie.

Cinéma d’ici : La neuvaine (2005)

Bernard Émond

La puissance du long métrage de Bernard Émond, qui a remporté un vrai succès populaire lors de sa sortie en 2005, réside dans cette façon d’évoquer la foi en élevant le propos bien au-dessus des institutions religieuses.

Ce faisant, ce film extraordinaire trouve un écho certain auprès de ceux qui se questionnent sur le sens de la vie. Et aussi auprès de ceux qui, tout comme le cinéaste, sont « plutôt non croyants, mais toujours sur le bord de croire ».

Il y a en effet quelque chose de bouleversant dans cette rencontre entre Jeanne (Élise Guilbault), médecin minée par la culpabilité, et François (Patrick Drolet fut révélé grâce à ce rôle).

Dans les décors naturels de Sainte-Anne-de-Beaupré et de Petite-Rivière-Saint-François, magnifiquement mis en valeur grâce à la direction photo du regretté Jean-Claude Labrecque, une communion d’esprit s’installe entre cette femme, qui songe au suicide, et un jeune homme qui sait immédiatement déceler chez elle le profond désespoir.

On trouve dans ce propos une éloquence rare, laquelle, paradoxalement, repose essentiellement sur des silences révélateurs.

Primé au festival de Locarno, notamment, La neuvaine est une œuvre d’art au sens le plus noble du terme. En ces temps de confinement, ce premier volet d’une trilogie consacrée aux valeurs théologales (avec Contre toute espérance et La donation) a tout ce qu’il faut pour nourrir l’âme.

À voir sur Illico et iTunes (Répertoire Éléphant – Mémoire du cinéma québécois).

Cinéma d’ailleurs : Une semaine de vacances (1980)

Bertrand Tavernier

Une semaine de vacances est rarement cité parmi les meilleurs films de Bertrand Tavernier. Il le mériterait pourtant. Il est vrai que ce drame intimiste, tout en finesse, est moins spectaculaire que les grandes œuvres du réalisateur de Coup de torchon et La vie et rien d’autre.

Après La mort en direct, qu’il était allé tourner en Écosse, le cinéaste a souhaité se lancer dans un long métrage dont l’intrigue se situerait au plus près de ses racines, à Lyon, sa ville natale.

Mettant en vedette de jeunes Nathalie Baye et Gérard Lanvin, Une semaine de vacances relate le parcours d’une institutrice qui, un matin, est incapable de se rendre en classe, comme prise d’une attaque d’anxiété. La semaine de repos que lui accorde son médecin lui donnera l’occasion de faire le point sur son métier (le thème de l’éducation reviendra plus tard chez Tavernier dans Ça commence aujourd’hui), sa vie, ses amours, ses envies, bref, le questionnement existentiel qui la submerge provoque une belle réflexion.

Une semaine de vacances est aussi marqué par la présence de Michel Galabru, ainsi que celle de Philippe Noiret, qui, le temps d’une participation, reprend ici le personnage qu’il campait dans L’horloger de Saint-Paul. Pratiquement introuvable au Québec, Une semaine de vacances fera partie de la programmation de la chaîne Studiocanal à compter du 7 mai.

À voir sur la chaîne Studiocanal le 7 mai à 20 h (rediffusions le 9 et 12 mai).

Hollywood : Demolition (2015)

Jean-Marc Vallée

Demolition est l’une des rares œuvres signées Jean-Marc Vallée n’ayant pas eu la même résonance que les autres. Même si la tonalité est très différente, on retrouve pourtant dans ce long métrage des thèmes que le cinéaste québécois a souvent explorés dans son cinéma, particulièrement dans Wild, son film précédent.

Cette fois, le protagoniste, un jeune financier (Jake Gyllenhaal) dont la carrière est tracée d’avance dans la firme que dirige son beau-père (Chris Cooper), adopte la manière dure pour se convaincre d’emprunter une nouvelle approche de la vie.

Davis détruit d’abord tout ce qui pouvait le raccrocher à son ancienne existence pour ensuite mieux se reconstruire sur des bases plus authentiques.

Lors de la première mondiale du film au festival de Toronto, où son film a été présenté à la soirée d’ouverture, Jean-Marc Vallée a déclaré que Demolition était le plus « rock and roll » de ses films.

Il est vrai que cette histoire, qui aurait pu emprunter des accents très lourds, est traversée d’une surprenante énergie, d’autant que le comportement de Davis ne correspond pas du tout à ce qui est « acceptable » sur le plan social.

Visiblement ravi de pouvoir s’en donner à cœur joie, Jake Gyllenhaal module toutes les facettes d’un personnage fascinant, malgré son apparente opacité. Le réalisateur de C. R. A. Z. Y. offre ici un film tonique, souvent drôle, sans toutefois pour cela évacuer la profondeur du récit.

À voir sur Boutique Cineplex, iTunes, YouTube, Google Play. Aussi sur l’Extra de Tou.tv (version doublée en français seulement). Également disponible en Blu-ray/DVD.