(New York) La dernière accusatrice au procès pour viol de Harvey Weinstein a raconté mercredi que le producteur s’était déshabillé, puis avait baissé sa robe et touché ses seins, dans une salle de bain d’un hôtel en 2013, tout en prétendant qu’à Hollywood, « c’est ce que font toutes les actrices qui veulent réussir ».

La mannequin et actrice Lauren Marie Young était appelée à la barre dans une ultime tentative des procureurs pour démontrer que le magnat du cinéma est un prédateur sexuel en série. Mme Young a ajouté que Weinstein avait poursuivi son manège en se masturbant, bien qu’elle lui répétait : « Non, non, non ».

Lauren Marie Young, âgée de 30 ans, devrait être la dernière des six femmes à témoigner d’agressions sexuelles qui auraient été commises par le producteur déchu.

Harvey Weinstein, dont la chute a donné naissance au mouvement #metoo, est accusé à New York d’avoir violé une femme en 2013 et d’avoir agressé sexuellement Mimi Haleyi, une ancienne assistante de production, en 2006. Mais d’autres femmes, dont Mme Young, ont été autorisées par le tribunal à témoigner à ce procès, alors que les procureurs tentent de prouver que Weinstein suivait un scénario bien établi : l’influent producteur invitait des femmes dans sa chambre d’hôtel pour « discuter affaires », puis se déshabillait et exigeait d’elles des faveurs sexuelles.

L’homme de 67 ans plaide que les relations sexuelles étaient pleinement consenties ; il risque la prison à vie s’il est reconnu coupable.

L’Associated Press ne publie généralement pas le nom des présumées victimes d’agression sexuelle à moins qu’elles ne donnent leur consentement explicite, ce que Lauren Marie Young a fait par l’intermédiaire de son avocat.

Une amie de Weinstein

Mme Young a commencé son témoignage mercredi en décrivant comment elle avait enfilé sa robe préférée avant d’aller rencontrer Weinstein, « pour réseauter et présenter ses idées ». Après l’avoir invitée dans sa chambre d’hôtel à Beverly Hills, Weinstein l’a attirée dans la salle de bain tandis qu’une amie du producteur, qui était aussi dans la chambre, a fermé la porte derrière eux, a-t-elle raconté.

Une fois nu, Harvey Weinstein l’a empêchée de s’enfuir en la poussant contre le comptoir de la salle de bain et en lui bloquant l’accès à la porte. « Je me sentais tellement piégée et j’étais sous le choc », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle avait commencé à pleurer et à implorer Weinstein de ne pas lui faire du mal, avant qu’il ne sorte enfin de la salle de bain. Elle a alors remonté sa robe et est ressortie pour trouver l’amie de Weinstein « toujours là » dans la chambre, a-t-elle dit aux jurés. « J’ai lancé (à cette femme) un regard méchant et je suis partie aussi vite que j’ai pu. »

Les allégations de Mme Young concernant cette rencontre dans un hôtel de Californie sont en partie à la base des accusations criminelles déposées par le procureur du comté de Los Angeles le 6 janvier, au moment même où s’amorçait le procès à New York. Weinstein est également accusé à Los Angeles d’avoir violé une autre femme.

Plus tôt mercredi, les jurés avaient entendu un ancien directeur du service de réception qui a accueilli Weinstein dans un hôtel du centre-ville de Manhattan où il aurait violé une autre femme en mars 2013. Le témoignage visait à corroborer l’affirmation de cette femme selon laquelle le producteur l’avait rudoyée en entrant à l’hôtel.

« Habituellement, les couples qui s’enregistrent sont d’humeur joyeuse », a déclaré Rothschild Capulong au jury. Or, le préposé à la réception était tellement préoccupé par le comportement de Weinstein qu’il a noté dans son rapport de fin de quart que la sécurité pourrait peut-être vouloir vérifier à sa chambre si tout allait bien.