La toute première fois que je suis allé au cinéma, c’était au Colombien, une salle tenue par les Chevaliers de Colomb, dans mon Gaspé natal. J’avais 4 ou 5 ans. Je me souviens encore de cette première expérience : la découverte du grand écran, en communion avec les autres spectateurs, le tirage qui avait eu lieu à l’entracte… en plein milieu de la projection !

Un enfant comme les autres, le documentaire de Denis Héroux, mettait en vedette René Simard, la jeune idole de l’époque. Quatre décennies plus tard, je me rappelle l’exaltation que j’ai ressentie, cette fébrilité toute nouvelle de me retrouver dans une salle sombre devant la lumière d’un film. Ce plaisir que je n’ai jamais perdu.

Le Colombien a disparu quelques années plus tard. Lundi dernier, à Gaspé, on pouvait voir ou bien le dernier Star Wars au cinéma Le Cube ou Jouliks de Mariloup Wolfe au Cinélune, salle de l’Association des cinémas parallèles du Québec qui présente un film par quinzaine.

PHOTO WILLIAM DE MERCHANT, FOURNIE PAR LE FESTIVAL LES PERCÉIDES

En 2017, pour son dixième anniversaire, le Festival Les Percéides a aménagé une salle de cinéma temporaire dans un bâtiment patrimonial, qui a longtemps abrité le Centre d’art de Percé.

On peine à maintenir vivante la flamme de la cinéphilie dans les grands centres urbains. En région éloignée, forcément, le défi est encore plus imposant. Les salles de répertoire et les ciné-clubs y sont autant de villages gaulois qui résistent à l’envahisseur.

François Cormier, cinéphile originaire de Newport, en Gaspésie, a fondé il y a 12 ans à Percé le Festival Les Percéides, avec pour objectif de faciliter l’accès au cinéma d’auteur en région.

Il avait « eu l’appel » de sa région natale, dit-il, après avoir vécu des années en Europe et à Montréal, où il a développé une expertise, en dirigeant Champ libre, organisme spécialisé dans les arts électroniques, l’architecture et l’urbanisme.

En 2017, pour son dixième anniversaire, le Festival Les Percéides a aménagé une salle de cinéma temporaire dans un bâtiment patrimonial, qui a longtemps abrité le Centre d’art de Percé. François Cormier souhaite redonner à cette belle vieille grange de pêche datant de 1760 sa vocation artistique et multidisciplinaire, afin d’en faire le nouveau « lieu d’ancrage » de son festival.

PHOTO WILLIAM DE MERCHANT, FOURNIE PAR LE FESTIVAL LES PERCÉIDES

François Cormier, cinéphile originaire de Newport, en Gaspésie, a fondé il y a 12 ans à Percé le Festival Les Percéides.

Il aimerait pouvoir y animer des activités à longueur d’année (projections, expositions, école de cinéma d’été, etc.). C’est la raison pour laquelle le Festival a lancé en décembre une campagne de souscription qui permettra l’implantation d’une salle de cinéma d’auteur permanente, munie d’un équipement à la fine pointe de la technologie. Grâce à la vente symbolique de sièges de cinéma à des particuliers et aux dons de mécènes, François Cormier espère atteindre dès cet hiver l’objectif de 100 000 $ qu’il s’est fixé pour concrétiser le projet.

« C’est une manière de mobiliser les gens autour du projet et de susciter leur adhésion », explique le directeur général et artistique des Percéides, un organisme à but non lucratif. Il s’inspire notamment, pour ce projet de cinéma de proximité, du Cinéma Moderne du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, et souhaite profiter des alliances créées entre son festival et différents diffuseurs et distributeurs, ici et à l’étranger, pour attirer en Gaspésie des films qui ne s’y rendent pas habituellement.

Fondé en 1956 par les regrettés artistes gaspésiens Suzanne Guité et Alberto Tommi, le Centre d’art de Percé est un lieu phare qui a connu un rayonnement culturel important dans la région avant sa fermeture dans les années 80. « Déjà, dans les années 60, on y projetait des films d’auteur », rappelle François Cormier, urbaniste de formation, qui souhaite par ce projet patrimonial d’envergure faire revivre un haut lieu de la diffusion artistique en Gaspésie. Et maintenir la flamme vivante.

La notoriété d’abord

Guy Nantel, sous réserve d’un arrangement qui lui permettrait de ne pas modifier l’horaire de sa tournée de spectacles, aimerait se porter candidat à la direction du Parti québécois. J’en entends pousser les hauts cris : « Un clown à la tête du PQ ! Le PQ n’est pas un cirque ! » Je me dis, au contraire : pourquoi pas ? Des comédiens ont été élus députés, des animateurs de télé sont devenus ministres, l’ancien imprésario d’Éric Lapointe est chef du Bloc québécois. Un humoriste comme chef du PQ me semble être la prochaine destination logique de l’autobus du show-business…

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Guy Nantel, au théâtre Maisonneuve, en novembre 2017, lors de son spectacle Nos droits et libertés

La notoriété, encore plus aujourd’hui qu’hier, est une valeur cardinale de notre société.

L’époque est aux influenceurs, « connus pour être connus ». La politique n’y fait pas exception. Donald Trump, une vedette de téléréalité, contrôle l’arsenal nucléaire le plus destructeur de la planète. Kim Kardashian, la reine des influenceuses, veut réformer le système pénitentiaire américain.

La notoriété a notamment permis que Justin Trudeau, fils de premier ministre, puisse le devenir à son tour. Aurait-il eu autant de succès en politique s’il s’était appelé Justin Lenoir, fils de personne ?

La possible candidature de Guy Nantel, dans les circonstances, n’est pas étonnante. Il a écrit et édité lui-même un pamphlet sur le nationalisme québécois (Je me souviens… de rien). Son plus récent spectacle est en lui-même un réquisitoire contre la société québécoise moderne, susceptible de plaire aux péquistes conservateurs, en particulier aux antireligieux, islamo-obsessifs et autres traumatisés d’une enfance à l’eau bénite, qui ne peuvent souffrir d’apercevoir un turban ou un voile.

À moins, bien sûr, que tout cela ne soit qu’une blague. Il s’agirait, sans contredit, de la meilleure de son répertoire.