(Paris) Il s’appelle Anthony Daniels, mais peu connaissent son nom et son visage. Depuis 42 ans, il interprète le célèbre robot doré C-3PO dans Star Wars. Une expérience parfois difficile, qu’il n’aurait jamais pensé continuer si longtemps, confie-t-il avant la sortie de The Rise of Skywalker.

« Tous ces films, c’est tellement énorme et mondial que mon esprit a du mal à en contempler l’étendue », lance le comédien britannique de 73 ans dans un entretien à l’AFP, avant la sortie du nouvel opus de la saga vendredi en Amérique du Nord.

Très attendu, Star Wars : Episode IX – The Rise of Skywalker mettra un terme à la saga originale. Il devrait aussi marquer les adieux d’Anthony Daniels avec ces films mythiques, dans lesquels il a joué l’androïde le plus connu du cinéma, devenant le seul acteur à avoir été présent dans les neuf longs métrages.

Un record de longévité pour ce comédien venu du théâtre, qui ne voulait pas au départ jouer dans Star Wars. En 1977, « quand mon agent m’a parlé de l’Américain George Lucas et de science-fiction, je n’étais pas intéressé. Mais elle m’a obligé à y aller », raconte l’acteur, qui a publié fin octobre son autobiographie, I am C-3PO :The Inside story.

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Le réalisateur George Lucas donne des instructions à Anthony Daniels lors du tournage de Star Wars II : Attack of the Clones.

Deux heures pour le costume

George Lucas, « je l’ai bien aimé, puis j’ai aimé dessiner le personnage et j’ai aimé le scénario », poursuit le comédien, qui détaille notamment les défis physiques et techniques auxquels il a dû faire face dans son costume : une armure métallique inconfortable limitant ses mouvements, qu’il mettait deux heures à mettre, avant que ce délai ne soit ramené « aujourd’hui à six minutes ».

Robot polyglotte et loquace, programmé pour respecter l’étiquette et le protocole, à la démarche mécanique et aux manières guindées, C3PO aura notamment contribué avec son inséparable compagnon roulant R2-D2 à amener une touche d’humour aux films.

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R2-D2 et C-3PO à la première mondiale de Star Wars : The Force Awakens

Aujourd’hui, « il y a d’autres histoires à raconter, d’autres films à faire. Mais C3PO n’apparaîtra probablement pas dans un grand film. Et je pense qu’il est d’accord avec ça et moi aussi », souligne Anthony Daniels.

« Bien sûr, j’ai été un peu triste le dernier jour [de tournage], car ça a été une tellement bonne expérience », ajoute cet homme svelte et élégant au sujet de ce nouveau film réalisé par J.J. Abrams, qui était déjà aux manettes de l’épisode VII.  

Le film, dont il n’est pas autorisé à révéler l’intrigue, « conclut l’ensemble d’une belle façon », se contente de dire l’acteur, au timbre de voix anglais facilement reconnaissable.

Mais, lâche-t-il, certaines « expériences n’ont pas toujours été aussi bonnes », et ont parfois été « difficiles ».

« Surprise désagréable »

Car Anthony Daniels, qui n’a jamais fait mystère de ses mauvaises relations avec l’acteur jouant R2-D2, Kenny Baker, ne se cache pas non plus d’avoir parfois mal vécu la saga.

Il a notamment mal accepté de rester comme ses acolytes jouant R2-D2 et Chewbacca dans un relatif anonymat, malgré les records des films au box-office.

À la sortie du premier film, « j’ai été plus surpris que n’importe qui sur cette Terre », se souvient-il, citant notamment son étonnement quand il a découvert la voix de R2-D2 lors de la projection, l’acteur « ne parlant pas du tout » sur le plateau, et sa voix ayant été entièrement enregistrée en studio.  

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Anthony Daniels et Mark Hamill, alias Luke Skywalker, dans une scène du premier Star Wars

« Surprise que ce soit un grand succès » au box-office, ajoute-t-il. Mais aussi « surprise désagréable que personne ne mentionne que j’étais dans le film », poursuit l’acteur, qui regrette d’être resté à l’écart de la promotion.

« Personne ne m’a jamais interviewé, pour dire “bien joué” ou quoi que ce soit », poursuit-il. « C’était désagréable ».  

Ne pas être connu alors que son personnage était une star mondiale « a été difficile au début », souligne-t-il.

Mais « maintenant, beaucoup de gens me connaissent », se réjouit-il, se consolant de ne pas être davantage sur le devant de la scène. « Être vraiment célèbre peut être un peu bizarre, un peu lourd à porter ».