(Kuala Lumpur) Le film d’animation Abominable a déclenché une vague de protestations en Asie à cause d’une scène montrant une carte controversée reflétant les prétentions chinoises sur la mer de Chine méridionale.

La Malaisie a annoncé vendredi avoir censuré la scène, alors que le Vietnam a décidé de retirer le film quelques jours plus tôt et que les critiques fusent aux Philippines.

Abominable raconte l’histoire d’un jeune Chinois qui aide son yéti magique Everest à rentrer à la maison. Mais dans l’une des scènes, on y voit une carte comportant la « ligne en neuf traits », soit une démarcation délimitant une portion de la mer de Chine méridionale sur laquelle Pékin affirme avoir une souveraineté territoriale.

Avec ce tracé, aussi appelé « ligne en U », le film coproduit par l’américain Dreamworks et le studio chinois Pearl Studio met le doigt sur un sujet de friction très sensible entre la Chine et plusieurs pays voisins d’Asie du Sud-Est.

Le chef de la censure de Malaisie Mohamad Zamberi Abdul Aziz, a autorisé la sortie du film début novembre « à la condition que la carte, devenue controversée, soit retirée ».

Au Vietnam, la chaîne de cinémas coréenne CGV a annoncé qu’elle ne diffuserait plus le film, sorti en septembre, après avoir été informée de ce « sérieux problème ». Les censeurs du pays communiste se sont excusés pour ne pas avoir détecté cette scène problématique plus tôt.

Aux Philippines, le ministre des Affaires étrangères Teodoro Locsin a affirmé sur Twitter que la scène devait être « supprimée » et remplacée par « une leçon menaçante ».

La mer de Chine méridionale est au cœur de l’un des contentieux territoriaux les plus explosifs du monde en raison des considérables échanges commerciaux dans la zone et des riches réserves pétrolières qui pourraient se trouver sous ses eaux.

Les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan contestent les revendications chinoises et s’inquiètent d’un renforcement de la présence de Pékin dans cette zone.

La Chine a renforcé sa présence militaire sur de petites îles et des atolls de la région où la tension monte alors que les États-Unis font croiser des navires pour affirmer la « liberté de navigation » dans cette zone.