(Alger) Le film Papicha représentera bien l’Algérie aux Oscars, bien qu’il n’ait pas pu sortir dans son pays, s’est réjoui mercredi le coproducteur algérien du film Belkacem Hadjadj.

Remarqué en mai au Festival de Cannes, dans la section Un certain regard, puis récompensé par trois prix au Festival du film francophone d’Angoulême, Papicha raconte l’histoire de Nedjma (incarnée par Lyna Khoudri), étudiante à Alger dans les années 1990, durant la sanglante guerre civile en Algérie.

Papicha avait été choisi par le comité de sélection algérien pour représenter l’Algérie dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Mais l’avant-première du film en Algérie prévue le 21 septembre, puis sa sortie sur les écrans du pays — condition requise pour concourir — avaient été annulées au dernier moment et sans explications par les autorités.

« Le film est maintenu pour la course aux Oscars » et figure dans la liste des films représentant chaque pays publiée par l’Académie des Oscars, a expliqué à l’AFP M. Hadjadj, qui avait déclaré récemment à l’AFP avoir dû « surseoir » à l’avant-première et à la sortie du film après un appel téléphonique en ce sens du ministère de la Culture.

« Malgré l’interdiction ici en Algérie, l’Académie des Oscars a fait une entorse à son règlement pour admettre Papicha à concourir », l’équipe du film ayant fait une demande de dérogation, a indiqué le coproducteur du long métrage, également coproduit par le ministère algérien de la Culture et qui disposait, selon M. Hadjadj, d’un visa d’exploitation.

La route vers les Oscars est encore longue. L’Académie des Oscars doit publier en décembre une courte liste (short-list) des films en course, puis, en janvier, la liste définitive des cinq films nommés.

Dans une lettre ouverte publiée mercredi par le quotidien algérien Liberté, M. Hadjadj a qualifié l’interdiction de sortie du film dans son pays de « mesure arbitraire » qui porte « préjudice à l’image internationale de l’Algérie ».

Cette interdiction fait qu’« on parle de mon pays comme d’un pays liberticide, où il y a de la censure. Personne n’est content que l’on parle de la sorte de son pays », a-t-il expliqué à l’AFP, alors qu’un « film fait en Algérie par des Algériens » soit en course pour les Oscars, « c’est toujours positif ».