(Venise) Le film The Painted Bird, adaptation du livre violent et controversé L’oiseau bariolé, sur le parcours terrible d’un enfant pendant la Seconde Guerre mondiale, a secoué mardi la Mostra, son réalisateur estimant que cette histoire trouvait un écho dans la crise des migrants.

Film de près de trois heures en noir et blanc, tourné en 35 mm, à l’image soignée et comportant peu de dialogues, The Painted Bird, du Tchèque Vaclav Marhoul, raconte le parcours d’un jeune garçon, dont on ignore le nom, à travers l’Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale, témoin et victime d’atrocités successives.

Ce film, en compétition à Venise, est adapté du célèbre livre éponyme de 1965 l’écrivain américain d’origine juive polonaise Jerzy Kosinski.

Jerzy Kosinski, qui a été caché à la campagne en Pologne pendant la guerre, avait en effet affirmé que son récit, où les paysans sont présentés comme brutaux et cruels, était basé sur sa propre expérience, suscitant beaucoup d’émotion en Pologne.

Divisé en neuf chapitres portant des noms de personnages que le jeune garçon rencontre, le film reprend la trame du récit éprouvant et brut de Jerzy Kosinski, le spectateur navigant d’une expérience traumatisante à l’autre à travers les yeux de l’enfant, rejeté en raison de ses cheveux noirs.

« Quand j’ai lu L’oiseau bariolé, j’ai été très touché (..) J’ai pensé que c’était une histoire universelle sur le genre humain, sur le mal et la cruauté en chacun de nous, et la lutte permanente en chacun de nous », a expliqué lors d’une conférence de presse Vaclav Marhoul, qui a commencé à travailler sur ce film il y a onze ans.

« J’ai décidé qu’il fallait que je la raconte », a-t-il ajouté, soulignant que c’était avant tout selon lui « une histoire sur l’amour, le bien et l’humanité », c’est-à-dire « ce qui manque » au personnage.

« La violence et la brutalité sont juste un cadre », a-t-il dit.

Pour lui, cette histoire sur « la peur de la différence » fait aussi « incontestablement » écho à notre époque.

Son actualité a été « accentuée » avec « ce qui s’est passé en Europe » avec la crise des migrants, avec « tous ces gens venus pour essayer de survivre » et « tous ces jeunes enfants » de « Syrie, Libye ou Afghanistan » qui « essaient de faire comme mon personnage », a-t-il dit.

Il a jugé que cette histoire était aussi « toujours urgente » à raconter à l’heure où « les populistes […] amènent la haine » que ce soit « en Hongrie, en Pologne, en République tchèque, en Russie ou aux États-Unis ». « Une mauvaise période est peut-être en train d’arriver en Europe », a-t-il regretté.