Afin de s’opposer à la projection du film Unplanned, considéré comme « antichoix » par différents regroupements, une manifestation est prévue vendredi devant le cinéma Guzzo du Marché Central. De plus, l’organisme Action Canada invite les mécontents à soutenir financièrement l’accès à l’avortement au pays. La distribution du film au Québec a toutefois aussi ses défenseurs.

Dès vendredi, le film américain Unplanned sera présenté dans une trentaine de cinémas au pays, dont au moins cinq au Québec, tous de la chaîne Guzzo.

Le collectif La riposte féministe, qui décrit le film comme une « pièce de propagande “antichoix” dangereuse », prévoit tenir une manifestation vendredi à 15 h au Méga-Plex Marché Central, où le long métrage doit être présenté.

« Pour nous, le film est une pièce d’une campagne de propagande et une attaque frontale contre les droits des personnes qui ont des utérus et contre l’accessibilité à l’avortement », dit Sonia Palato, cofondatrice du collectif La riposte féministe. Ce groupe a été créé en 2015 notamment pour manifester contre La marche nationale pour la vie, organisée chaque année à Ottawa par des groupes « antichoix ». Cet évènement rassemble des milliers de personnes.

D’après elle, même au Québec, de plus en plus de militants « antichoix » se mobilisent, entre autres près des cliniques qui pratiquent des avortements.

Ce n’est absolument pas anodin que ce film-là soit diffusé et que les gens se battent pour qu’il soit présenté. Il y a vraiment une tentative de miner la justice reproductive au Canada.

Sonia Palato, cofondatrice du collectif La riposte féministe

Collecte de fonds

L’organisme Action Canada pour la santé et les droits sexuels s’appuie sur cette controverse pour lancer une campagne de financement intitulée « Faites un don équivalant au prix d’un billet de ciné, pour protester contre Unplanned ».

« Les gens qui veulent [manifester] leur soutien à l’accès à l’avortement, aux droits reproductifs, à la liberté de choix et à l’autonomie corporelle peuvent faire don du prix d’un billet de cinéma pour soutenir les gens au Canada qui ont financièrement de la difficulté à accéder à un avortement », explique Frédérique Chabot, directrice de la santé chez Action Canada pour la santé et les droits sexuels.

L’argent recueilli ira entre autres au Fonds d’urgence Norma Scarborough, qui aide à couvrir les frais de transport et d’hébergement de femmes qui n’ont pas accès aux soins d’avortement dans leur région.

« Souvent, on pense que l’accès à l’avortement est une question réglée au Canada. Mais ce n’est pas réglé du tout ! Par exemple, en Gaspésie, à Red Deer, en Alberta, ou hors des deux villes principales du Manitoba et de la Saskatchewan, il y a encore beaucoup de gens qui doivent se déplacer hors de leur communauté [pour se faire avorter], et ce, sans soutien », dit-elle.

Pétition pour la projection 

Du côté du groupe Campagne Québec-vie, qui « défend la personne humaine, de la conception à la mort naturelle », une pétition a été lancée le 4 juillet demandant à Vincent Guzzo de projeter Unplanned dans ses salles de cinéma.

« En dehors d’un groupe médiatiquement très vocal, bien des Québécoises et des Québécois jugent qu’il est temps d’avoir un débat sur les questions soulevées dans ce film qui, n’en déplaise à certains militants, aborde un sujet difficile avec doigté et compassion », est-il écrit dans la pétition.

Mercredi soir, plus de 1100 personnes avaient signé la pétition du groupe Campagne Québec-vie.

Soulignons que la Régie du cinéma du Québec a annoncé mercredi qu’elle classait ce film « 13 ans et plus ». « Les enfants de moins de 13 ans peuvent y avoir accès s’ils sont accompagnés d’un adulte », peut-on lire dans le communiqué.

Unplanned prend l’affiche demain.