(Paris) Elle était un visage familier du cinéma dont on ne connaissait pas forcément le nom : l’actrice française Édith Scob, actrice fétiche du Franco-Chilien Raoul Ruiz comme des Français Georges Franju ou Olivier Assayas, est morte mercredi, a annoncé son agent à l’AFP.

« Édith Scob est décédée ce matin à Paris » à l’âge de 81 ans, a indiqué Cédric Pourchet de l’agence CinéArt.

Au cours de sa riche carrière débutée il y a soixante ans, la comédienne a été aussi prolifique au cinéma qu’au théâtre avec une soixantaine de rôles dans chaque activité.

C’est sous la direction de Georges Franju, pionnier français du cinéma fantastique avec lequel elle tournera six fois, qu’Édith Vladimirovna Scobeltzine, d’ascendance slave, a débuté en 1959 dans le 7e art avec La tête contre les murs, adapté du roman d’Hervé Bazin. À 22 ans, elle y incarnait « la folle qui chante » dans cet asile où se trouvaient aussi Jean-Pierre Mocky, Anouk Aimée, Charles Aznavour et Pierre Brasseur dans le rôle d’un psychiatre.

L’année suivante, elle enchaîne avec Franju pour Les yeux sans visage, film d’épouvante qui la révèle véritablement au grand public. Un rôle qu’elle interprète en portant un masque blanc qui inspirera à John Carpenter celui de Michael Myers dans Halloween (1978) et influencera Pedro Almodovar pour La piel que habito (2011).

Ce fameux masque, Édith Scob le reportera plus de cinquante ans plus tard dans Holy Motors de Léos Carax, pour un de ses derniers grands rôles.

Avant cela, l’actrice au regard bleu saphir passa les années 60 devant les caméras de Julien Duvivier (La chambre ardente), Georges Franju encore (Judex) et Luis Buñuel pour La voie lactée où elle interprète la Vierge Marie.

En 1977, elle joue pour la première fois sous la direction de Raoul Ruiz dans La vocation suspendue. Une collaboration avec le cinéaste franco-chilien qui se répètera cinq fois : Le temps retrouvé (1998), Comédie de l’innocence et Les âmes fortes (toutes deux en 2000), Ce jour-là (2003), Le domaine perdu (2005).

Discrètement, mais sûrement, son visage émacié et sa frêle silhouette traversent le cinéma français. On la croise dans L’été meurtrier de Jean Becker (1983), Vénus beauté (institut) de Tonie Marshall (1999), La fidélité d’Andrzej Zulawski (2000), Le pacte des loups de Christophe Gans (2001), L’homme du train de Patrice Leconte (2002), Bon voyage de Jean-Paul Rappeneau (2003).

L’heure d’été, drame familial réalisé par Olivier Assayas, lui permet d’être nommée pour la première fois au César de la meilleure actrice dans un second rôle. Sans récompense au bout, comme ce sera le cas pour Holy Motors.