Je me suis rendue pour cet exercice à la Cinémathèque québécoise, regarder le film Valérie, qui pourrait avoir comme titre alternatif « Danielle Ouimet a des seins ».

Ça ne fait pas une minute que le film est commencé qu’on lui voit déjà les lolos. Qu’elle a jolis, d’ailleurs. Est-ce que je me sentais bizarre de devoir aller voir un film de fesses dans une cabine avec des écouteurs à la Cinémathèque québécoise ? Oui. Je m’étais vantée à mon mari qu’on me payait pour voir un film érotique en me trompant d’ailleurs entre Michèle et Danielle Ouimet. Il m’avait quelques instants imaginée dans une salle visionnant ce classique en compagnie de la respectable journaliste. C’était weird, mais pas à ce point. J’avais des flashs de peep-show de la rue Peel – pas que j’y sois entrée, mais mon enfance montréalaise m’a fait passer devant les enseignes de la rue Sainte-Catherine maintes et maintes fois. C’est quoi, ça, un peep-show ?

J’étais donc assise sur ma petite chaise par un bel après-midi de printemps – lire : il pleuvait et il faisait froid. La Cinémathèque est un très bel endroit. Encouragez-la. Si ce n’était d’elle, je n’aurais jamais pu faire cet exercice, parce que pendant que tout le monde crie au drame à cause des femmes voilées, sachez qu’on se fait surtout envahir par Netflix et si tu veux voir une vieille comédie romantique en anglais, tu peux, mais si tu veux voir un film de Denis Héroux de 1969, aussi culturellement patrimonial soit-il, bonne chance.

Mais ils l’avaient, eux, la Cinémathèque.

Valérie a les seins à l’air. Elle met sa chemise. Y’a un crucifix sur son mur. On sent rapidement le : « Heille, les bonnes sœurs, savez-vous où je me le mets, votre crucifix ? » Ça va vite que la p’tite part à Montréal avec pas de casque en arrière de la bécane à Johnny. Ah, fiou, un homme.

Vite ! quittons le couvent les nénés au vent et jetons-nous sur les hommes.

Notre seul salut.

Fin.

C’était à peu près ça.

J’exagère. C’est un beau film, les images sont belles. Aussi on va vous donner ça, ancienne génération, vous étiez plus beaux que nous. Les corps étaient plus beaux. Parce que vous n’aviez pas du synthétique chirurgié partout ou injecté dans le front. Vos habits étaient plus beaux aussi. Vos tissus. Tout.

C’était beau aussi de voir un bout de la révolution sexuelle. De comprendre comment, dans une salle de cinéma, à l’époque, ce film a dû être tout un coup d’éclat. Presque un coup d’État.

Je comprends comment beaucoup de gens aujourd’hui dans la soixantaine, voire dans la soixante-dizaine, sont passés par cette libération du joug de la religion ne veulent plus en entendre parler, même si ce n’est pas la leur.

Mais les curés sont pratiquement morts et enterrés, la révolution a été faite, laissons aux autres le soin de faire la leur.

Ce que j’en retiens le plus, cela dit, mesdames, et celui qui m’a soulagée, c’est qu’il me semble qu’on est rendues ailleurs dans notre rapport aux hommes. Il me semble que les hommes et les femmes ont changé et ne cherchent plus à se sauver l’un l’autre. On est plus libres. On est rendus une meilleure équipe.

Et notre salut est plutôt là. On a beaucoup plus de place pour être que l’on en avait. Bravo.

La révolution a tenu. Merci, madame Ouimet, de l’avoir faite. Maintenant, ne l’oublions pas, et au pire, si l’empire américain la mange, il en restera un petit souvenir entre les murs de vieilles pierres de la Cinémathèque.