(Paris) Une importante organisation de cinéastes en France a fait part vendredi de sa « consternation » et dénoncé une « censure » après la déprogrammation dans un cinéma de Poitiers du dernier film de Roman Polanski, visé depuis quelques semaines par de nouvelles accusations de viol.

Ce cinéma, le TAP (Théâtre auditorium de Poitiers) a annoncé mardi qu’il déprogrammait de ses écrans le film, en raison du « trouble provoqué » par cette nouvelle affaire.

Les cinéastes de l’ARP, association qui compte plus de 200 cinéastes, dont Roman Polanski, « ont appris avec consternation la déprogrammation du film J’accuse, notamment au Théâtre Auditorium de Poitiers », ont-ils indiqué dans un communiqué.

« L’ARP condamnera toujours, et avec la plus grande fermeté, tout acte politique qui s’apparenterait à une forme de censure, qui contreviendrait à la liberté d’expression, et qui interdirait aux spectateurs l’accès à un film », ont-ils ajouté.

J’accuse avec Jean Dujardin, consacré à l’affaire Dreyfus, est sorti en pleine polémique après une accusation de viol contre le cinéaste de la part de la photographe française Valentine Monnier, qui dit avoir été « rouée de coups » et violée à 18 ans par le réalisateur en 1975 en Suisse.

Le film a connu une sortie mouvementée, avec des séances annulées en raison de blocages et de perturbations par des militantes féministes. Mais en dépit des appels au boycottage, il a attiré 886 000 spectateurs en deux semaines.

La semaine dernière, une collectivité de neuf communes de la région parisienne avait annoncé vouloir demander la déprogrammation du film de ses six cinémas publics, avant de revenir sur cette décision.

L’ARP avait annoncé la semaine dernière, à la suite d’une réunion de son conseil d’administration, qu’elle allait proposer à son assemblée générale de nouvelles règles pour les membres condamnés ou poursuivis pour des violences sexuelles.

Celles-ci entraîneraient la suspension de Roman Polanski, qui est toujours sous le coup de poursuites aux États-Unis pour relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977.