(Bruxelles) Des affiches hostiles à Roman Polanski ont été placardées dans la nuit de mardi à mercredi par des militantes féministes sur les façades de trois cinémas bruxellois qui programment son film J’accuse, a-t-on appris auprès de sources concordantes.

« Polanski violeur, cinéma coupable, public complice », dénonce l’une des affiches qui ont été collées sur les portes et façades des cinémas UGC De Brouckère, UGC Toison d’Or et le cinéma indépendant Palace.

Une photo du réalisateur franco-polonais, visé par une nouvelle accusation de viol, est accompagnée du slogan « laisse les filles tranquilles », nom d’un collectif féministe.

D’autres affiches portent les messages « Polanski pédocriminel impuni » ou encore « J’abuse et vous financez ».

« Nous exigeons que les projections de ce film soient annulées, ainsi que les campagnes médiatiques et d’affichage prévues », indique dans un communiqué le « collectif d’associations, de militant. e. s et de personnalités », comprenant notamment « Laisse les filles tranquilles » et « Paye ton tournage », qui a revendiqué ces actions et en a publié les photos.

« Programmer J’accuse, c’est légitimer Roman Polanski dans sa quête d’absolution. Programmer J’accuse, c’est soutenir l’impunité des violences sexuelles », dénonce encore ce collectif.

Les séances n’ont toutefois pas été perturbées, contrairement à ce qui a pu se passer en France, ont indiqué les cinémas à l’AFP.

Les affiches ont été retirées, a précisé l’UGC.

Le cinéma Palace a indiqué avoir reçu « un ou deux appels demandant d’arrêter la diffusion du film » mais « n’envisage pas la déprogrammation ».

La direction du cinéma, dont le conseil d’administration est présidé par le réalisateur Jean-Luc Dardenne, a indiqué qu’un débat autour du film serait prochainement proposé.

PHOTO NILS QUINTELIER, AFP

J’accuse, film sur l’affaire Dreyfus avec Jean Dujardin, a connu une sortie mouvementée en France, avec des séances annulées à Paris et à Rennes à la suite de blocages par des féministes.

Cela n’a cependant pas empêché le film d’arriver en tête du box-office français sur cinq jours, à l’issue du week-end.

Quelques jours avant sa sortie, la photographe Valentine Monnier a accusé Roman Polanski de l’avoir frappée et violée en 1975 alors qu’elle avait dix-huit ans, ravivant la colère des féministes à l’égard du réalisateur.

Cette accusation de viol, que le réalisateur franco-polonais de 86 ans conteste, s’ajoute à celles formulées par d’autres femmes ces dernières années, pour des faits prescrits.

Polanski est toujours sous le coup de poursuites aux États-Unis pour relations sexuelles illégales avec une mineure en 1977.

Face à la nouvelle polémique, une importante organisation française de cinéastes a proposé de nouvelles règles pour ses membres condamnés ou poursuivis pour des violences sexuelles, qui conduiront à suspendre le réalisateur.